Fondcombe (2/2)

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        Le repas avait été pour le moins surprenant. Je découvrais pour la première fois les habitudes alimentaires des elfes et je devais dire qu'elles étaient entièrement opposées à celles des hommes ou des nains. Pas de viande, uniquement de la salade et des plantes, et la bière était remplacée par du vin. Durant toute l'après midi j'avais pu me promener dans la cité et observer la vie elfique. Tout semblait être grâce, calme, douceur et tranquillité. Ils vivaient dans une paix ambiante, troublée de temps en temps par un nain de la compagnie. En parlant d'eux, ils semblaient inoffensifs et même gentils, mais je restais méfiante. C'étaient des nains après tout, et je ne voulais pas revivre ce que je vivais chez moi. Je ne pensais pas m'attarder chez les elfes, ils ne m'avaient invitée que pour la nuit et puis j'étais poursuivie. Je devais me remettre rapidement en route, mais en attendant je profitais d'un bon bain. Une fois sortie je m'enroulai dans une serviette et me séchai. Les vêtements de mon père m'attendaient sur le lit, un elfe avait eu la gentillesse de les nettoyer pendant que je me lavais. Je repris ma bande de tissu et l'enroulai autour de ma poitrine en serrant bien. Je savais que c'était un peu barbare, mais si je voulais rester un homme aux yeux du monde, il fallait que je cache tout ce qui faisait de moi une femme. Que cela soit ma poitrine, mon visage ou encore ma voix. Je rabatais donc rapidement le capuchon sur ma tête afin de camoufler mes longs cheveux et le haut de mon visage. Si je partais demain aux premières lueurs, je pouvais encore profiter un peu de ma présence ici pour observer une dernière fois le monde elfique. Je me promenais donc dans les couloirs de la cité quand j'entendis des rires et des voix qui semblaient joyeuses. Ne pouvant résister, je m'approchai et cachée derrière un poteau de pierre où courrait du lierre jusqu'au plafond, j'observais la compagnie rire de Bombur qui avait fait plier une table sous son poids. Et il était vrai qu'il y avait de quoi rire, aussi un sourire d'amusement se dessina sur mes lèvres. Une voix m'arrêta alors que j'allais faire demi-tour et repartir.

-Je suis surpris que Fóvos soit ici lui aussi. Avoua Ori aux autres.

-Moi j'ai de la peine pour lui. Il marche sans savoir où aller. Continua le hobbit et son inquiétude me réchauffa le cœur.

-Le voyage est parfois plus important que la destination.

-Que veux-tu dire Balin ?

-Ce que je veux dire, c'est que là où tu te rends importe peu. Dans la vie il faut savoir s'émerveiller de ce qu'on a devant nous et non pas courir après ce qu'on veut voir si on veux être heureux, parce qu'au final tu n'es même pas sûr d'arriver un jour à destination.

        Un petit sourire au coin des lèvres, je m'éloignai de la compagnie. J'arrivai finalement sur un petit pont où coulait un ruisseau juste en dessous. Perdue dans la contemplation de l'eau qui glissait dans son lit, je n'entendis pas la personne qui vint à mes côtés.

-Il est difficile de ne pas laisser traîner ses oreilles partout quand on est sujet de conversation. Déclara la voix et je me tournas pour voir Kili.

-Il est difficile de ne pas parler de certaines choses quand on ne les comprend pas. Je répondis de la même manière.

-Vous avez raison. Il concéda en souriant. Vous m'intriguez, je dois bien l'avouer. Qu'est ce qui peut vous pousser à quitter votre maison sans savoir où aller ?

-Pourquoi avez-vous quitté la votre ? Je vis une lueur que je ne pu définir passer dans ses yeux avant qu'il ne me sourie de toutes ses dents.

-Pourquoi n'êtes-vous pas venu avec nous au lieu de rester derrière votre poteau ? Finit-il par demander en s'appuyant sur le garde corps du pont pour regarder l'eau. Vous auriez été le bienvenu. Il ajouta en voyant que je haussai simplement des épaules.

-Certains n'auraient pas apprécié.

-Certains sont des rustres, mais ils sont très gentils une fois qu'on les connaît. J'allais finir par me décrocher les épaules à force de les hausser. Vous êtes parti sans rien dire la dernière fois. Monsieur Soquet s'est inquiété.

-Il semble bon. Je lui dis sans relever la faute de nom.

-Je pense qu'il l'est. Mon oncle ne le voit pas encore, mais il finira par s'en rendre compte.

-Espérons qu'il ne prenne pas trop de temps.

Le voyage d'une naine libreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant