Chapitre unique

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Il faisait froid en cette nuit de réveillon. Le jeune garçon âgé d'à peine seize ans  avait fui l'appartement familial situé dans une banlieue sordide de Londres pour éviter un père devenu alcoolique et violent après la mort de sa mère et de sa sœur.

L'homme ne pouvant endosser la culpabilité le rongeant à chaque minute après l'accident de voiture qui fut fatal à son épouse et à sa fille et passait sa journée dans les bistrots à dépenser la maigre pension lui étant allouée par les services sociaux, avant de rentrer pour déverser sa colère sur son fils, usant de ses poings pour tenter de trouver un exutoire à sa peine sans jamais y parvenir.

Suite à une énième dispute démarrée pour rien, Harry avait décidé de fuir le domicile pour tenter d'échapper à la violence devenue son quotidien.

Après avoir erré dans les rues enneigées, sans but précis, il avait trouvé comme refuge le coin d'un abri bus et serrait sa vielle doudoune autour de son corps maigrelet pour tenter de se réchauffer.

Entendant une clochette tintinnabuler, il dirigea son regard fatigué vers un groupe de personnes s'installant non loin de lui pour entamer des cantiques de Noël. 


Malheureusement aucune d'entre elles  ne semblait faire attention à lui.

Alors qu'un frisson plus violent lui déclenchait comme une décharge électrique dans les côtes, Harry, pourtant somnolant, se souvint de la dernière soirée organisée par son père.


En effet, celui-ci avait l'habitude lorsque son compte en banque était légèrement renfloué, d'inviter ses amis de comptoir autour de parties de poker.

Hormis les effluves de whisky, de gin et de Rhum s'insinuant dans tous les tissus et recoins de leur domicile, Harry était surtout oppressé par l'odeur et le nuage de fumée dégagé par ce qui lui semblait être une nuée de cigares bon marchés.

C'est alors que l'un des hommes présents dans l'appartement s'était levé brusquement afin de le coincer contre un mur de la cuisine et le tripoter tout en murmurant des propos salaces dans le creux de son cou.

Ecœuré par l'odeur alcoolisée mêlée à celles de la crasse et de la sueur qu'il dégageait, le jeune garçon le repoussa aussi fort qu'il pût et réussit à se dégager de son emprise.

 Alors qu'une profonde angoisse commençait à naître en lui, il avait vu cette boite semblant briller de mille feux :  le dessin rouge et jaune imprimé dessus représentait une flamme et la teinte du réceptacle doré semblait porter la promesse d'une chaleur immense, de celle qui soigne les cœurs blessés.

Instinctivement, Il mit la main à sa poche et senti un objet dur et souple à la fois et dont il pouvait, selon son tâtonnement, deviner la forme rectangulaire.

Il le sorti de sa poche et contempla amoureusement le réceptacle contenant des allumettes pouvant le réchauffer pour un moment, juste un petit temps...

Ses doigts tremblants couvert de vieux gans qui, élimés par le temps, s'étaient transformés en mitaines, réussirent à se saisir d'un bâton de bois à l'extrémité  couverte de cire rouge.

Il tenta de gratter l'objet de sa convoitise contre une surface sombre et granuleuse incrustée sur l'un des côtés de la boite mais malheureusement l'humidité ambiante eu raison de la flamme naissante.

Après plusieurs tentatives et s'apercevant qu'il ne lui restait plus que trois allumettes, la détresse le gagnât lui faisant instinctivement lever ses orbes vertes vers le ciel comme pour adresser une prière silencieuse à l'immensité noire parsemée de points lumineux.

Le petit garçon aux allumettes - OS LSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant