Premier jour du calendrier.
Je me lève, doucement. Lorsque ma peau entre en contact avec l'air ambiant je frissonne. Ma chaleur corporelle s'en va et me laisse seule face au froid de décembre. J'ai un ressenti plutôt étrange, j'ai le sentiment que le temps s'est soudainement arrêté. Où suis-je ? Que dois-je faire ? Que dire ? Ah oui, les fêtes de fin d'années...
Un vague souvenir de ma famille et de moi enfant me revient en tête, ce qui me fait grimacer.
- Et c'est reparti pour un tour, dis-je en regardant ma peluche lapin qui ne semble pas vouloir me répondre.Je m'assois sur mon lit avec ma tasse et mon ordinateur. J'ouvre ma boite mail et je supprime tous les messages ayant un rapport avec Noël, cette fête catholique s'est transformée en business et en usine à sous dont tout le monde se précipite en courant, ma famille la première. Je ne comprendrai jamais cet engouement pour une simple journée. Je pense simplement qu'à l'âge de vingt-quatre ans, l'ambiance des fêtes de fin d'année s'est envolée et qu'il ne reste qu'une simple nostalgie de l'enfance et beaucoup de regrets. Que pourrais-je dire sur tout ce que je regrette ? Beaucoup, beaucoup trop de choses...
Des décors de Noël, partout. Depuis mon arrivée, je vois défiler des sapins, des boules de Noël dorées, argentées... Je partage, de plus, mon bureau avec une magnifique boule de Noël avec un père Noël emprisonné à l'intérieur. Je la retourne et de la neige tombe sur ce pauvre prisonnier des fêtes.
- Mignon, non ?
Je lève les yeux et affiche un sourire peu convaincu.
- Mignon dans le genre glauque je dirai.
Ma collègue se met à rire, d'un rire léger. Gwendolyn, une femme d'environ la trentaine je dirai, toujours très consciencieuse et très droite me parait très détendue et heureuse. Je suppose que c'est dû à la période dans laquelle nous nous trouvons.
- Ma fille adore les boules de Noël et il se trouve que cette année l'entreprise en offre à chaque salarié.
Je lui souris poliment tout en continuant de torturer le pauvre papa Noël en retournant la boule plusieurs fois.
- Ils sont très sympathique cette année dis donc, répondai -je avec une pointe d'ironie.
Gwendolyn retourne s'assoir en glissant la boule dans son sac, sûrement pour l'offrir à sa fille ce soir. C'est donc ça, l'esprit de Noël en famille...
Je repose la boule sur mon bureau et consulte mes tâches ;
« - Répondre à l'article sur la musique du XXIème siècle ; - Interviewer la violoniste Ella Michel ; - Écrire un article pour la rubrique des fêtes de fin d'année (trouver un thème et écrire dessus pour le journal de la deuxième semaine de Noël) »
Je fixe mon ordinateur, déjà exaspérée par les différentes tâches. J'avais légèrement oublié que le métier de journaliste devait s'adapter au temps, en l'occurrence le mois de décembre.
Je me lève de mon bureau et me dirige vers celui de mon collègue Damien. Son sourire chaleureux et sa faculté à me remonter le moral m'attire très souvent lorsque je me sens fatiguée.
En me voyant, Damien raccroche poliment au téléphone et me fait un signe de la main.
- Ma petite Jenn, comment ça va ?
Je tire une grimace et m'affale sur le côté libre de son bureau.
- Je sais pas quoi faire... Aide-moi s'il te plait.
Je lui tends ma liste de tâche et il se met à rigoler et me rendant le post-it.
- Eh bien, la musique c'est ton domaine et pour Noël, c'est pas très compliqué ! Tu peux parler de la famille, des chansons de Noël si tu veux rester dans la même optique de la musique, ou bien, l'amour (il me fait un clin d'œil) ou si tu n'as rien de ce côté... Parle du côté commercial !
Je le regarde crédule. Son sourire charmeur ne peut pas m'empêcher de me faire rire.
- La musique classique, pas actuelle déjà et pour la famille et l'amour c'est compliqué, je vais peut-être partir sur le côté commercial.
- Si tu veux on peut s'arranger si tu veux un peu d'amour, dit-il avec un regard enjôleur.
- Salut Laurine de ma part, dis-je en lui tapant la tête. Et merci pour ton aide précieuse (je marque un arrêt en voyant un pense-bête monopolisant son bureau) qu'est-ce que c'est ?
Damien brandit violemment sa main sur le papier afin de le cacher et me lance un regard noir.
- Ça ne te regarde pas petite !
Je lève les mains en signe de retrait et je retourne à mon bureau. Lui aussi alors ?Je finis ma journée, la tête en feu. Je consulte mon téléphone pour la première fois de la journée ; un message de ma sœur que je décide de lire plus tard et un message de lui.
« Je fais le premier pas car tu ne sembles pas vouloir le franchir, tu peux arrêter d'être aussi glacée pour une fois ? »
J'éteins mon téléphone, je réunis mes affaires et quitte mon bureau après avoir salué quelques collègues.
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Story by Jenn - 1
Short StoryLe mois de Décembre est le mois parfait pour se remettre en question ; entre les questions de famille, travail, amour... Jenn, vingt-six ans, évite volontairement les fêtes de fin d'année, ou plutôt sa famille et son petit ami. La jeune femme découv...