chapitre 3

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Juste une autre cigarette, la dernière de la soirée.

Celle dont il faut absolument profiter.

Ukai inspire une profonde bouffée, la soupire avec délectation.

Il n'y a pas un chat ce soir, alors la boutique est plongée dans un silence apaisant.

Et lui peut lire tranquillement un magazine.

-Bonsoir.

Ou pas.

Il lève les yeux, croise le regard de Takeda.

Et fronce les sourcils.

-C'est moi ou tu t'es pris un ballon dans la tête ?

Les joues du professeur se mettent à rougir et ses mains s'agitent dans toutes les sens, comme s'il cherchait à se défendre contre un ennemi invisible.

-C'est... l'un des première année, Hinata, qui s'entraînait aux services.

Rien qu'imaginer la scène arrache un éclat de rire à Ukai, qui manque de s'étouffer avec sa cigarette.

Pauvre Takeda...

-Les années passent mais rien ne change, à ce que je vois.

Le nombre de ballons qui atterrissaient dans le visage du jeune homme à l'époque où ils jouaient ensemble était tout bonnement incalculable.

-Hé !

Comme d'habitude, il le regarde tenter de paraître en colère.

Et comme d'habitude, ça ne marche pas le moins du monde.

-Bref, lâche alors son compagnon, tu as repris ton club de volley, maintenant que tu es de retour ?

Ukai se passe une main dans les cheveux.

-Non, c'est fini pour moi, tout ça. Mon rôle, à présent, c'est d'aider au magasin.

S'il était du genre à analyser tout ce qui l'entoure, le jeune homme aurait été persuadé que les yeux du professeur trahissaient une légère tristesse. Ou de la déception.

Ou peut-être un mélange des deux.

Mais de toute façon, il n'est pas du genre à analyser tout ce qui l'entoure.

Et puis ce n'est pas comme si Takeda pouvait le faire changer d'avis en un regard.

-Oh, je vois. Ton grand-père a bien pris cette nouvelle ?

Il hausse les épaules.

-Tu sais, je ne suis pas non plus très bon au volley, alors il ne considère pas ça comme une grosse perte. Au contraire, il passe encore son temps à se foutre de la façon que j'avais de jouer.

-Dans mes souvenirs, tu n'étais pas si mauvais.

-C'est parce que tu étais encore pire !

-Quand est-ce que tu apprendras à respecter tes aînés ?

C'est vrai que son compagnon est plus vieux que lui. Avec ses expressions et sa façon d'être, il ne ressemble pas aux autres trentenaires.

En fait, il se comporte parfois comme un lycéen, comme si ses élèves déteignaient sur lui.

Cette pensée le fait rire, sacrifiant sa dernière bouffée de cigarette.

Mais quel poids peut avoir une dernière bouffée de cigarette face à un sourire timide qui a envoyé son cœur au tapis il y a cinq ans ?

Le poids de la dernière bouffée d'une cigaretteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant