If only [MinSung]

MinSung

Jisung regarda par la fenêtre de son appartement. Les rues désertes, la pluie qui s'écrasait sur sa vitre, le vent qui faisait danser les branches des arbres, pour la plupart démunis de leurs feuilles. Le goudron gorgé d'eau, les trottoirs glissants, les bouches d'égouts qui débordaient. En y pensant, cela aurait pu être un jour d'automne comme les autres. Si seulement ...

Si seulement un virus inconnu n'avait pas fait son apparition il y a de ça plusieurs mois, menaçant l'équilibre et les libertés du monde. Provoquant angoisse et dépression, baisse de moral et perte d'espoir. Si seulement les gens pouvaient penser au bien être commun, à la société, qu'à leur propre petite personne. Si seulement il n'était pas comme un con dans son studio de 25m2, à attendre que le temps passe, les cours annulés, des partiels maintenus ; le tout loin de sa famille. Après tout, ce n'est pas comme si ils auraient voulu le voir.

En se perdant dans ses pensées, un rictus amer prit place sur ses lèvres fines, déformant son beau visage. Il ne devait plus y penser. Il se détourna de sa contemplation pour aller se faire à manger. Mais il se retrouva face à un problème. Un gros problème.

Les placards étaient totalement vides, seule la poussière était là. Plus de paquets de riz ou de pâtes, aucun signe d'une boîte de ramen instantanés. Le néant.

Malheureusement, le compte en banque de Jisung n'était pas plus rempli. Il prit son téléphone, et alla sur l'application de sa banque. Il savait que le loyer de son appartement ainsi que les charges avaient déjà été prélevés, il n'avait donc pas à y penser. Son maigre espoir s'en alla bien vite quand il vit qu'il ne lui restait presque plus rien. Et certainement pas assez pour finir le mois. Il se laissa tomber mollement sur son lit, qui prenait la moitié de l'espace de son studio. Il fixa le vide, et s'y perdu.

Il restait deux bonnes semaines avant qu'il ne puisse toucher sa bourse et les quelques aides qu'il percevait. Il n'avait pas réussi à se faire embaucher, personne ne recrutait. Le restaurant dans lequel il avait travaillé cet été avait mis la clé sous la porte. Le blond ne jetait de pierre à aucune des personnes qui lui avaient renvoyé un refus. Il comprenait. Et il n'était certainement pas le seul dans cette situation. Les employeurs devaient penser en priorités aux employés qu'ils avaient déjà, avant de penser à en embaucher.

Son téléphone finit par le sortir de sa lente chute. Le nom qu'affichait l'écran le fit sourire. Ce dernier n'atteignit cependant pas ses yeux, lui qui rigolait si souvent avant tout cela. Si seulement...

Il décrocha finalement à son meilleur ami.

- Salut Lix' !

- Hey mate ! T'as une toute petite voix Jisung, tout va bien ? s'enquit l'australien    à l'autre bout du fil.

- Oui ça peut aller, t'en fais pas.

Jisung ne voulait pas inquiéter Félix. Ce dernier avait ses propres problèmes, il n'avait pas besoin de subir ceux d'un autre. La voix grave de l'aussie le ramena à la conversation.

- Franchement, t'aurais dû venir avec moi. Mes parents étaient d'accord pour t'accueillir. Je m'en veux de t'avoir laissé seul, dans ton appartement, comme ça...

- Félix, j'ai décidé de rester, t'en veux pas. J'allais pas m'imposer alors que les fêtes se rapprochent et-

- Mais je t'ai déjà dit mille fois que tu dérangeais pas ! Tu dérangeras jamais Ji'...

- De toute manière c'est comme ça, c'est fait. Je suis chez moi, j'y reste. De toute manière c'est pas comme si j'avais vraiment le choix, lui répondit Jisung le ton amer.