Chapitre 4

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- Non, je n'irai pas la voir.

- Clarke s'il te plait, soit raisonnable, tente de me convaincre Raven. Tu tiens à peine debout. Tu vas finir par y laisser ta peau.

- J'ai juste besoin d'un peu de repos, c'est tout. Je vais prendre sur moi, me coucher tôt et demain ça ira mieux.

- Et tu crois sérieusement qu'ils vont t'en laisser si tu demandes gentiment ? Tu es une de leurs préférées, ils vont essayez de te garder en vie. Si tu vas voir...

- Il est hors de question que je laisse cette fille s'approcher de moi, je la coupe.

La brune soupire un coup.

- Clarke, elle ne pensait pas mal faire, au contraire. Ose me dire que tu aurais agi différemment si tu t'étais retrouvée dans cette situation à ton arrivée.

- Je n'aurais pas disparu avec un bébé inconnu dans les bras, non.

- Mais le laisser seul, quand on vient de l'extérieur, est inacceptable. Tu le sais aussi bien que moi. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle tu me confies Madi dès que possible.

Une semaine s'est écoulée depuis la presque disparition de mon enfant et je ne décolère pas. J'ai eu la peur de ma vie, je me voyais déjà continuer dans cet environnement, seule.

Entre-temps, j'ai appris que cette fille aux yeux verts est assignée à la section médecine. Je n'ai pas cherché à en savoir plus. Ici, moins tu connais les autres, moins tu risques de t'attacher et moins tu souffriras lorsqu'ils partiront. Les nouveaux sont les plus susceptibles de s'effondrer. Je ne suis pas défaitiste, c'est une simple constatation. Une constatation très simple à faire.

Comme si je voulais me lier de quelque manière que ce soit avec elle de toute façon.

Le problème est que je me suis réveillée de ma courte sieste avec une migraine horrible et certainement de la fièvre au vu du froid qui me gèle jusqu'aux os. Je n'en aurais parlé à personne si Raven n'avait pas remarqué que je n'étais pas dans mon assiette. Et me voilà à devoir lui tenir tête alors que celle-ci semble déjà sur le point d'exploser.

- Ecoute, je vais bien d'accord ? Juste un rhume passager. Je vais aller m'occuper de mes clients puis je te promets de dormir un maximum.

- Mais si tu...

- Non, je peux me débrouiller. Maintenant est-ce que tu peux prendre ma fille pour la nuit avant qu'un garde ne vienne me chercher pour retard ?

Mon ton est froid et sans appel.

Elle lâche un soupire supplémentaire avant de finalement récupérer la petite dans ses bras.

- J'espère que tu sais ce que tu fais. Evite de trop essayer de te dégager cette fois.

Il est vrai que parfois, tout cela m'est tellement insupportable que je ne peux m'empêcher de me rebeller. C'est comme si mon instinct se réveillait d'un coup, m'ordonnant de tenter de tout pour le tout afin d'en finir avec la situation. Certains aiment ça, d'autres non. Dans tous les cas, ça ne se finit pas bien pour mon corps et moi.

- Je vais essayer d'éviter les portes.

Je sais que parler ainsi, en langage codé, n'efface pas la vérité, mais ça l'atténue un peu. Au moins, je n'ai pas à dire de manière claire et nette ce qui m'arrive. Le simple fait d'y penser me donne la nausée alors le prononcer à haute voix rend les choses encore plus réelles. Et j'ai d'autres préoccupations.

Je me rends sur ce que l'on pourrait appeler mon lieu de travail d'un pas trainant et chancelant. Clairement, ce n'est pas aujourd'hui que je vais me risquer à faire quoi que ce soit, je n'en ai pas la force.

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