Je t'oubliereai

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"Mon cher ami, depuis que tu es parti tout n'a été que nouveauté. Ça me manque de voir Klopp réprimandant à ce petit brun ne voulant respecter ses indications, celui-ci même qui m'obligeait à porter les gants de Roman et qui me lançait plusieurs ballons dessus pour se moquer de mes infimes talents de gardien de but. Le petit qui profitait de chaque faux-pas d'un de ses camarades pour se jeter sur lui, ou celui qui a réussi à nous soutirer plus d'une peur en feignant une blessure grave avant de se lever en riant à gorge déployée de nos visages affolés.

Maintenant que tu n'es plus là, pas un jour n'est passé sans que Jürgen ne me fixe avec un regard de pitié ; il doit savoir à quel point tu me manques, à quel point j'ai besoin de toi. Quand je passe près de lui et qu'il me tapote le dos je sais qu'il a de la peine pour moi, il m'a même découvert brisé et en larmes à plusieurs occasions, il a même justifié bon nombres de mes absences aux entraînements puisque j'étais dans l'incapacité de sortir de mon lit après une nuit désastreuse à tourner sur le coussin sans pouvoir concilier le sommeil, parce que la seule chose que j'arrivais à faire en ce temps-là était de penser à toi.

Quand tu es partis, tu dois savoir que tu a laissé ton maillot qui était jeté sur le sol carrelé des vestiaires et que tu as oublié de fermer ton casier. Tu ne l'as jamais laissé ouvert même lorsqu'il était vide, vide tout comme tu l'as laissé. Tu l'as laissé exactement comme tu m'as laissé, sans lui jeter un dernier regard, sans le fermer, sans rien avoir laissé dedans, tu l'as laissé comme je suis maintenant, complètement vide et avec la porte grande ouverte dans le cas où, un jour, tu reviendrais.

Quand tu es parti, tu as coupé les ailes à celui que tu osais appeler "frère", tu m'avais beaucoup trop élevé, tu m'as emmené si haut que j'avais la sensation de voler, et tu m'as laissé tomber à une telle distance qu'encore aujourd'hui n'est pas arrivé le moment où l'impact contre le sol a été amorti, l'impact lors duquel je me suis brisé en morceaux, qu'avec une grande peine j'ai eu le courage de réunir.

J'ai essayé de trouver le réconfort auprès d'autres personnes, maintenant que tu n'es plus là, j'ai pris le temps d'apprécier les amitiés que j'avais toujours eues et qu'à cause du temps que je t'ai dédié je n'ai pas valorisées. Mais maintenant avec la leçon que tu m'as donné, j'ai appris à modérer l'importance que j'accorde à chacun d'eux, même si je doute que j'arrive à aimer quelqu'un autant que je t'ai aimé toi. Ironiquement, avec toi j'ai appris à m'offrir totalement à quelqu'un et en même temps tu m'as enseigné qu'il n'est pas recommandable de le faire si je ne veux pas terminé de nouveau comme tu m'as laissé : détruit. Mais tu n'as jamais compris la manière dont je me sentais et tu ne le feras jamais, tu ne sauras jamais ce que c'est de se réveiller avec les yeux gonflés pendant des mois après t'être endormi, des larmes les remplissant, tu ne sentiras jamais cette sensation d'être écraser, de tomber et de ne jamais pouvoir te relever, d'avoir l'impression que l'on arrache ton âme du matin au soir.

C'est comme ça, mon ami...

Maintenant que je peux t'observer de loin, je me rends compte que toi moins que personne ne sait ce qu'est le fait de perdre, tu as tout ce que tu désires. Tu n'as pas besoin de moi de la manière dont je le fais, tu as toujours était prêt pour recommencer ta vie, pour la reprendre à zéro, et je veux que tu me dises comment tu fais, j'ai besoin de tes leçons de vie pour pouvoir continuer à avancer comme si le passé n'existait pas, comme s'il n'existait pas d'hier, comme tu le fais toi, parce que même après tout ce temps ça me transperce toujours la poitrine, apprends-moi à ce que plus rien ne m'importe, parce que je le sais pas.

J'aimerais te crier à quel point je te hais, cependant je ne le peux, je me mentirais à moi même si je le faisais. Tu continues à être si influant pour moi et tu es tellement présent dans tout ce que je fais que je me suis battu avec moi-même ces derniers mois pour ne pas revenir vers toi, signer dans ton club et m'unir de nouveau à toi, courir dans tes bras et ne jamais en sortir comme nous le faisions auparavant. Et d'un autre côté, je songe à disparaître de cet endroit et à m'en aller dans un autre pays où je n'aurais plus jamais à te voir même en tant qu'adversaire, loin de toi et peut-être qu'avec un nouveau commencement je pourrais me détacher de ton fantôme une bonne fois pour toutes.

Je suis toujours tiraillé en pensant à toi, un sourire se dessine sur mes lèvres en repensant à tout ce que nous avons vécu et elle disparaît quand le jour où tu es arrivé et tu m'as dit que tu t'en allais me revient à l'esprit. J'ai voulu croire que tu plaisantais, j'ai voulu croire que jamais tu ne me laisserais et que j'étais aussi important pour toi que tu l'es pour moi, et maintenant je me sens comme le roi des idiots d'avoir pu penser ça et tu m'as, là, te dédiant une nouvelle fois des minutes de mon temps et toujours plus de larmes de mes yeux, parce que je me rends compte qu'il n'y a jamais eu de "nous", nous n'avons jamais été "toi et moi". Ça n'a toujours été que moi te donnant tout sans rien espérer de ta part, la disponibilité n'a toujours était que mienne jusqu'à oublier de m'aimer, moi, en voulant de rendre heureux, toi.

Peut-être que j'ai seulement été une pièce de plus dans ton cœur et que la faute était mienne en voulant être plus, peut-être que c'est moi qui me suis fait des illusions et qui imaginais des choses qui ne sont jamais arrivées et qui n'arriveront jamais. C'est moi qui t'aie laissé prendre beaucoup trop de place dans ma vie et qui t'a tatoué sur sa poitrine alors que pour toi j'étais juste un ami de plus.

A certains moments, j'ai eu la sensation que le bonheur serait éternel, je n'ai jamais pensé au lendemain parce que j'étais totalement heureux en ces instants, je n'ai jamais imaginé être loin de toi parce que dans ces moments j'avais oublié comme était ma vie avant que tu n'y entres.

La nuit où tu t'en est allé, même les lampadaires se sont éteints plus tôt, cette nuit-là, le vent a soufflé d'une manière particulière comme peu de fois il ne l'a fait, même le ciel s'est précipité en libérant cette pluie qui m'a frappé le visage pendant quelques minutes avant que je n'entre dans ma voiture et que je n'allume la radio pour écouter ta chanson favorite. J'ai conduit dans les avenues les plus bondées de la ville et je suis passé devant le restaurant où nous avions l'habitude de manger ensemble. Je n'ai pas voulu noyer ma douleur dans l'alcool, je me suis seulement dirigé vers ma maison, laquelle fut également la tienne pour un temps. J'ai pris la douche la plus longue que je n'avais jamais prise où mes larmes se sont mêlées aux gouttes d'eau tièdes qui parcouraient mon corps. Je me suis tiré les cheveux une paire de fois à cause de la douleur que je ressentais et je me suis enfoncé les ongles dans le cou en raison du désespoir. Je ne suis pas capable de me souvenir de ce que j'ai fait après, je sais seulement que je me suis réveillé avec les yeux rougis et gonflés, avec un vide énorme dans la poitrine et quelque chose qui t'opprime de telle manière qu'il t'empêche de vouloir bouger ne serait-ce qu'un seul de tes muscles.

Avec le temps, Klopp, Nuri et Kevin me firent sortir de ma chambre. Kevin me connaît depuis longtemps et m'a fait me souvenir de qui j'étais avant et m'a traîné une fois de plus au club pour que je fasse ce que je sais faire le mieux en dehors de penser à toi. J'ai dû apprendre à recommencer de zéro, j'ai dû trouver un autre camarade, j'ai dû te remplacer.

Quelque temps après j'ai connu Pierre, qui est arrivé au meilleur moment et à sauver quelque chose de moi, il a réuni quelques uns des morceaux qui jonchaient quelque part dans le monde et les a recollés. Lui, avec Kevin, Nuri, et Jürgen, ont, d'une certaine manière, réussi à me sauver, et je les en remercie.

Maintenant, je sais que j'ai les meilleurs amis, qui m'ont aidé à faire face à un nouveau jour, à chaque fois que j'ouvre les yeux, ils me sortent peu à peu du trou que j'ai fait quand tu m'as lâché de si haut. Avec eux j'ai retrouvé un peu du bonheur que j'ai perdu et je sais qu'ils seront là jusqu'à ce que je sois de retour complètement, parce que je sais que je reviendrais, je sais que je ne pleurerais pas pour toi toute ma vie, je sais que je ne vais pas attendre un retour de ta part qui peut-être ne se fera jamais, je ne vais pas t'attendre toute mon existence, ni ne souffrirais et t'aimerais jusqu'à ce que mon cœur cesse de battre. Tu sortiras de mon esprit, et je sais que tu le feras, et ils m'aident à accélérer un peu le processus qui uniquement par moi-même serait impossible à réaliser.

Alors, je vais sourire de nouveau et ces mots sur ce papier seront un souvenir que le temps emportera et que je revivrais dans mon esprit sans la douleur que je ressens maintenant.

Je sais que jamais tu ne me liras, puisque cet écrit sera balayé par le temps comme toutes les promesses que tu m'as faites. Mais il y a quelque chose que j'aimerais que tu saches ; c'est que de nous deux tu es celui qui perd le plus, parce que je sais que je trouverais quelqu'un à aimer comme je l'ai fait avec toi, mais toi, jamais tu ne trouveras quelqu'un qui t'aimeras comme je t'ai aimé, moi"

Je t'oublieraiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant