Trois vies sans toi (Tome 1)

Prologue

AARON : 07 ans avant l'histoire.

La nuit était bien avancée déjà, et seul le bruit de mes pas martelant le sol brisait le lourd silence qui régnait jusque-là. Je courais sans m'arrêter, comme lancé dans une éternelle course à la montre.

Je trébuchai à plusieurs reprises, mais je n'en avais rien à faire. Tout ce qui m'importait actuellement, c'était de m'éloigner le plus loin possible.

Et pour ne rien arranger du tout, une pluie torrentielle s'abattait férocement sur ma pauvre personne, m'obligeant de temps à autre à essuyer mon visage afin d'ajuster ma vision rendue floue à cause des gouttes qui suintaient.

Mais... même si j'avais les vêtements trempés et les muscles qui claquaient littéralement à cause du froid, il était hors de question pour moi d'arrêter de courir.

« Ça jamais ! »

Soudain, mon pied heurta un morceau de bois que je n'avais pas eu le temps d'apercevoir, et en l'espace de quelques secondes je m'affalai misérablement sur le sol rocailleux.

« Merde ! Merde ! Merde ! »

Comment en était-on arrivés là ? Pourquoi avais t'il fallu que cette journée se termine comme ça ? Qu'est-ce qu'on avait fait pour mériter tout ça ? Tant de questions auxquelles je n'arrivais pas à donner de réponses claires et logiques pour l'instant.

À vrai dire, voilà déjà une bonne demie heure que je n'arrivais plus à penser logiquement ni même à mettre de l'ordre dans mes idées, tant tous était flou dans mon esprit.

Encore affalé au sol, j'entendis soudain le bruit de plusieurs voix venant dans ma direction, et ni une ni deux, je me remis debout et je relançai ma course effrénée.

Ce petit cirque durait depuis près d'une heure maintenant : je courais sans m'arrêter pour échapper à ces inconnus sortis de nulle part, je trébuchais, je me relevais et je me remettais à courir de plus belle.

Oui, ça paraissait complètement surréaliste !

D'ailleurs, j'aurais pu à plusieurs reprises me dire que tout ça n'était qu'un simple cauchemar et que j'allais me réveiller, mais la douleur insupportable dans mes jambes et mes os claquant à cause du froid et de la pluie m'aidaient à comprendre que même si ça y ressemblait beaucoup, tous ceci n'était en rien un simple cauchemar.

J'étais réellement en train de taper le marathon du siècle avec à mes trousses des individus qui assurément voulaient ma peau, au vu de ce qu'ils venaient de faire. Oui, c'était bien réel !

Les innombrables frissons qui me parcouraient l'échine aussi étaient bien réels, à tel point que mon corps entier ressentait les effets suscités par la peur. J'étais terrorisé par la simple idée de penser à ce qu'ils pourraient me faire s'ils m'attrapaient.

Je crois même que s'il était possible de disparaître en ce moment, je l'aurais déjà fait. Tout mon être à l'heure actuelle était animé par une seule idée : fuir.

« Oui c'est bien beau de fuir mais fuir pour aller où !? »

Je ne savais même pas où j'étais à vrai dire. J'avais quitté la maison en toute hâte et sans trop savoir comment, j'avais atterris dans ces bois. En réalité je n'avais aucun problème de localisation, mais la pluie combinée à la peur et à l'angoisse que je ressentais m'empêchaient de me repérer correctement. Je me contentais donc de courir de toutes mes forces, mettant ainsi le plus de distance possible entre mes poursuivants et moi.

« Ils viennent dans ce sens là, alors je n'ai qu'à aller dans le sens opposé ! »

C'était aussi simple que ça. Il n'y avait pas de plans, pas de stratégie ni de tactique. En même temps, quel plan aurais-je pu mettre en place actuellement ? Essayer de rester en vie était déjà suffisamment difficile comme ça pour que je me lance à la recherche d'un plan d'action.