𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐈

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               Anastasia ouvrit doucement les yeux. Elle aurait dû se réveiller dans une chambre de l'armée. A la place, elle sentait qu'elle était allongée sur quelque chose de froid et d'inconfortable. En regardant autour d'elle, elle crut être dans une infirmerie. Mais cela n'avait rien à voir avec les infirmeries de l'armée. Elle avait beau se concentrer, rien ne lui venait à l'esprit. Comment, et pourquoi avait-elle atterrit ici ? Un flashback lui revint. Un court moment, alors qu'elle était en mission dans la forêt, et que quelque chose avait fait exploser le sol sous ses pieds, la faisant tomber... et percuter sa tête directement contre un rocher. Puis le noir. Son cœur rata un battement. Elle tenta de se redresser, mais sentit avec horreur qu'elle était attachée par des sangles, sur la table d'opération en métal froid.


-Tiens donc, tu es déjà réveillée ? On va pouvoir commencer les expérimentations...


Un bruit de pas retentit dans la pièce, en même temps qu'une porte qui se ferme.

Annie était pétrifiée sur place, littéralement. L'angoisse lui nouait le ventre douloureusement, et rendait difficile sa respiration. Elle n'était définitivement pas dans son élément, mais le fait qu'elle soit encore en tenue de mission la rassura. La jeune femme n'était donc pas tombée sur un violeur, ou un tordu cherchant juste à tirer son coup. C'était peut-être bien pire...

Anastasia tirait sur les sangles avec force, sachant inconsciemment que cela ne servirait à rien. Les pas se rapprochaient, accompagnés de cette voix qu'elle devinait masculine. Son regard vint se poser sur la silhouette au loin, voilé par l'incompréhension. Du haut de ses vingt ans, la militaire n'était pas vraiment prête à se défendre en cas de kidnapping, encore moins dans ses lieux inconnus, mais elle possédait un avantage : sa ceinture était équipée d'un bouton d'appel. Une simple pression avertissait le groupe d'un possible danger et donnait les informations nécessaires à un sauvetage. 

Un homme à l'apparence d'un docteur étrange apparu dans le champ de vision de la jeune femme. Il lui saisit la mâchoire, et lui fit montrer les dents pour observer sa santé comme si elle n'était qu'un vulgaire animal de compagnie. Puis il la relâcha et griffonna quelques notes sur un calepin. Il lui accorda un regard de son unique œil valide, et lui sourit, un sourire démentiel.


-Bonjour chère patiente. Je me présente, Docteur Douleur. Inutile de vous présenter, je sais déjà votre nom, mademoiselle Anastasia Sunton, c'était inscrit sur votre badge... de militaire.


Il sembla répugner le dernier mot, et afficha un rictus. Il referma d'un claquement son calepin, et le déposa dans un coin.


-Bien, nous allons pouvoir procéder aux expérimentations.


Il rapprocha un petit plateau plein d'instruments en tout genre, surtout chirurgicaux, médicaux, mais il y en avait pour la torture. Il saisit une seringue avec un liquide bleu à l'intérieur, optant pour cette première expérience.


-Avec moi, aucune anesthésie.


Anastasia dévisagea le liquide bleu avec une appréhension grandissante, sentant ses tympans bourdonner. Cela lui faisait toujours ça lors de ses crises de panique régulières, mais aujourd'hui, elle était particulièrement puissante. La brune avait l'impression que son cœur allait sortir de sa poitrine. Et ce médecin qui l'observait avec intérêt n'arrangeait rien à son état.


-Qu'est-ce que vous me voulez ?


Elle ne devrait pas avoir peur, mais quand elle vit la seringue s'approcher dangereusement de sa peau, une terreur pure la submergea. Ses grognements de mécontentements se changèrent en véritables hurlements entrecoupés de spasmes et de sanglots. Ce nom, elle le connaissait ! Il était du côté de ceux qui avait tué son père ! La panique se changea en rage. Annie poussa une série de jurons à l'encontre de l'homme sans se soucier des outils. Il la considérait comme un jouet, une bête docile qui pourrait bien lui servir. 

Le docteur se délectait de la peur et de la rage qu'il percevait dans la voix et le regard de la jeune femme. Sans prévenir, il enfonça la pointe de sa seringue dans le bras d'Annie, et lui injecta le liquide, alors qu'elle ne pouvait rien faire pour l'en empêcher. Il aimait la douleur, qu'elle soit sur lui, ou sur les autres. Il retira la seringue une fois son contenu complètement vidé, parcourant le sang de sa victime. Il balança la seringue vide sur sa table, et se tourna vers une perfusion, dont il saisit la pointe, et l'enfonça minutieusement dans le dos de la main d'Annie, lui arrachant un cri de douleur. Un peu de sang jaillit, mais le docteur mit un simple pansement pour faire tenir la perfusion. Il daigna finalement répondre.


-Je vais juste te faire très, très mal.


Il lui sourit, la pupille dilatée comme celle d'un fou. La jeune femme ressentit soudain une violente douleur au même moment, comme si son cœur avait été bouché l'espace d'un instant, et pompait de plus en plus de sang, de plus en plus rapidement. Le docteur ne sembla pas s'en alarmer, puisque la perfusion pompait en même temps le sang de la jeune femme plutôt que d'effectuer son véritable travail, à savoir distribuer de la morphine.

La souffrance que ressentait la jeune femme était incomparable, terriblement forte. Ses mains attachées ne lui permettaient que très peu de mouvements, mais la brune parvint sans vraiment savoir comment à effleurer le bouton discret. Le docteur ne semblait pas l'avoir remarqué, et tant mieux. Alors qu'elle s'apprêtait à appuyer, une vague de douleur la secoua. Son cœur se contractait à un rythme irrégulier, de plus en plus brusquement et rapidement. Anastasia se cambra sur la table d'opération en essayant de retrouver une respiration correcte. Le produit fusait dans ses veines aussi vite que les larmes remplissaient ses yeux.


-Arrête ça !


Ses doigts trouvèrent de nouveau l'interrupteur, et, cette fois, Annie n'attendit pas et l'enfonça rageusement. Le signal ne tarda pas à atteindre ses supérieurs. Avec un peu de chance, ils seraient là dans une heure à peine. Mais comment tenir plus d'une minute dans cette situation ? 

Le geste brusque de la jeune femme n'échappa pas au docteur, qui lui arracha le bouton de sa ceinture. Il l'inspecta, avant que ses lèvres ne s'étirent en un sourire moqueur, secouant négativement la tête.


-Tant de naïveté...


Il poussa un petit rire, en voyant Annie se tordre de douleur. Il balança négligemment le bouton à l'autre bout de la pièce, et s'assit à la table où était sanglée la jeune femme. Pendant que les pulsations se son cœur se faisaient de plus en plus infernales et douloureuses, et qu'elle pensait qu'elle allait faire un arrêt cardiaque, Le docteur essuya la fine pellicule de sueur qui perlait sur le front d'Annie, et passa sa main dans les cheveux courts de la brune.


-Ce n'est que le début de tes souffrances, petite militaire... Le signal est brouillé, il ne parviendra pas vers ton équipe. D'ailleurs, tous tes camarades ont été décimés. La seule raison pour laquelle tu es encore en vie est que j'avais besoin d'un cobaye. Tu ne peux pas t'enfuir d'ici.


Il reprit son calepin en notant ses observations sur le corps d'Annie. Il n'allait pas prendre la peine de lui dire qu'ils étaient au manoir, et se trouvaient dans une dimension parallèle...


R E D  E Y E ~ BeginningOù les histoires vivent. Découvrez maintenant