Chapitre 18.3 - Et à la fin trouver une cause à rallier

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Volte-face, arme à l'épaule.

— Whoooo ! Doucement Billy, c'est nous.

Soulagement. Ce sont trois des mecs d'Holzer.

— Tout va bien ?

Je regarde autour de moi pour lui faire comprendre d'en faire autant avant de poser ce genre de question idiote.

— Merde...

— Il est encore vivant, mais pas pour longtemps. Et Tanya est en état de choc.

Le sergent Holzer fait son entrée. Le regard sévère, il effectue un rapide scan de la pièce, puis ordonne à l'un de ses hommes de s'occuper de Chris et Tanya. Celui-ci va directement vers la Britannique et la prend délicatement par les épaules pour la faire s'asseoir contre le mur. Elle se laisse faire, le regard perdu, l'esprit ailleurs. Puis, il se penche au-dessus de mon compatriote pour lui prodiguer les premiers soins. Il semble savoir ce qu'il fait.

Une rafale de mitraillette résonne dans la cour derrière nous. Je croyais pourtant que c'était fini. Le sergent donne l'ordre à ses deux autres hommes d'aller s'en occuper. Ils s'exécutent sur-le-champ.

Je me lève pour attirer l'attention d'Holzer.

— Où sont les autres ? Où est le reste du groupe 1 ?

Ma voix couvre à peine les détonations à l'extérieur.

— Morts ou en fuite.

Tous ?

Le sergent se rapproche pour mieux se faire entendre.

— Ils étaient plus nombreux que prévu et ont attendu que nous soyons proches pour ouvrir le feu. Beaucoup de morts, les autres ont fui. Nous avons coupé à travers champ en direction du site 3 pour vous retrouver. Il n'y a plus que nous maintenant.

Il a exposé les faits avec un tel détachement, sans laisser transparaître la moindre émotion, que j'en ai des frissons dans le dos.

Les tirs se sont une nouvelle fois arrêtés. Place au silence.

Holzer regarde au loin derrière moi, par la fenêtre. L'un de ses hommes posté de l'autre côté de la cour lui fait un signe positif du pouce. Le sergent lui retourne le geste en guise de réponse, le visage inexpressif, comme si tout cela n'avait aucune autre importance que le devoir accompli. Holzer porte soudainement sa main gauche à son oreillette et se fige, comme pour maximiser son attention sur ce qu'on lui dit à l'autre bout du fil. Après quelques secondes, il décroche son talkie de sa ceinture pour donner quelques directives. Puis il fait signe aux autres de se regrouper vers lui. Les trois soldats en armes et uniformes semblent parfaitement rodés au combat, en tout cas bien plus que ceux qui composaient notre pitoyable groupe. Vifs et sûrs d'eux, ils se rapprochent et s'accroupissent autour du lieutenant.

— Zizt èr of poste 2 fèsst. Nous werden une attaque avec lui koordinieren.

Comme il accompagne ses instructions de gestes, je parviens à saisir le sens de certaines phrases. Nous allons coordonner une attaque avec quelqu'un. Je ne sais pas qui, ni où il se trouve, mais à moins que ce ne soit des renforts, ça veut dire que tout le monde n'est pas mort tout compte fait.

Une bonne minute d'instructions plus tard, tout en gestuelle et en allemand, la seule chose que j'ai vraiment comprise c'est qu'il m'inclut dans sa nouvelle force de frappe.

— C'est okay pour tout le monde ?

Ses hommes répondent à l'affirmative. Deux partent aussitôt se mettre en position à l'extérieur tandis que le troisième reste ici avec Tanya et Chris. Holzer me regarde avec ses petits yeux futés de fouine. Il sait parfaitement que je n'ai aucune idée de ce qu'il attend de moi.

Chroniques des Terres enclavées - Émergence partie 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant