Mean Vampires - Tome 2

Chapitre 7 - K

Le reste de la journée se déroule comme dans un rêve. Je n'arrive pas à ôter le visage d'Alec de ma tête, ses paroles. Je repense à notre contact, et à cette main de vampire si peu froide. Est-ce cela sa réelle nature, est-ce une caractéristique des "quasis"? Il faut que je me renseigne, mais sans m'y attarder. Il ne doit pas être l'une de mes priorités, après tout. 

Je ne sais plus quoi penser après notre échange. Il sait probablement l'enfer que Cécilia me fait vivre, mais veut en parallèle que j'aie une bonne relation avec Améline. Et en plus, il connaît ma réputation.

Les ultras sont de véritables casse-têtes. 

Il ne faut pas que j'oublie mon objectif premier cependant, les études. Et il ne faut pas que j'oublie que Cécilia m'a défendu d'approcher Alec, alors que je lui ai garanti que je reviendrai en théâtre. Je suis terriblement irritée, et par mon propre comportement pour une fois. Je fais n'importe quoi.

Je regarde les platanes, à travers la fenêtre de ma petite chambre. Il fait déjà nuit, et on ne peut voir que quelques étoiles à cause de la pollution de l'air. L'automne et sa fraîcheur me remuent les méninges. J'aimerais réviser, me concentrer sur mes cours ou au moins me distraire, mais mes pensées sont envahies par les ultras. Je pense à Améline et Matthew. Dans le fond, ils sont un peu brutes tout les deux, mais ils ont vraiment l'air sympathiques. C'est dommage, ils auraient pu me faire remettre en question la possibilité d'une amitié humain-vampire... s'il n'y avait pas eu Cécilia et Alec bien sûr. 

Je frissonne en me représentant le visage de la belle brune. Il faut décidément que je me ressaisisse, et que je coupe définitivement les ponts avec eux. C'est ça, demain j'irais voir Améline, et je lui dirais qu'il faut qu'elle arrête de me faire des signes de main, de penser que l'on peut devenir copines. Avec un peu de chance, elle prendra sa décision toute seule, si Alec et Cécilia lui disent que je suis supposément un Ange. Je ne peux ignorer que mon coeur se serre un peu à l'idée de voir l'une des seules personnes m'appréciant un tant soit peu me détester comme les autres. Mais bon, c'est l'ordre des choses.

Je m'allonge dans mon lit et m'endort peu à peu. Comme tous les soirs, de macabres rêves m'envahissent, et bientôt, je ne peux que penser à des éclaboussures d'un sang qui n'est pas le mien, à des visages familiers terrorisés que je ne reconnais pas, et à un vampire blond et démoniaque qui ressemble à Alec.

***

Lorsque je me réveille, je n'ai qu'une seule chose en tête: ma triste résolution de la veille. J'enfile mon uniforme et me prépare sans grande conviction, encore secouée par cette nuit de cauchemars. Le lycée semble comprendre mon marasme, et même le ciel est d'un gris sale. Je ne sais pas vraiment où je peux trouver les ultras, alors je décide d'aller au foyer, là où Améline m'avait invité la première fois. Par chance, ils sont là. Facilement repérables, leurs uniformes noirs forment une petite masse sombre que je peux voir de là où je suis. 

Comme d'habitude, les autres étudiants restent à une distance plus que raisonnable d'eux, et cette fois-ci je me rapproche sans trop angoisser à l'idée d'être vue avec eux. Après tout, après le sort que m'a réservé Cécilia, je n'ai plus rien à craindre; tout le monde connaît ma réputation.

Alors que je suis proche d'eux, l'angoisse me gagne cependant. Cécilia est là, et elle me sourit déjà d'un air satisfait, comme si elle savait ce que je m'apprête à faire. Assise sur les genoux d'un Alec qui m'ignore, elle est plus resplendissante que jamais. Améline se précipite déjà à ma rencontre. Elle attrape mes mains.

- Kara! Nous avons entendu toutes ces horribles choses à ton sujet...

Le poids que j'ai sur la poitrine depuis mon réveil semble disparaître. Je n'aurais pas à faire la partie difficile du boulot, puisque Améline va me devancer. La voilà qui reprend:

- Et je sais que c'est faux. Ecoute, on ne se connaît pas depuis longtemps, mais lorsque je te regarde dans les yeux, je ne vois pas le regard d'une meurtrière... et mon instinct ne me trompe jamais! Alors si tu ne veux pas rester avec nous, c'est ton choix, et je ne veux rien t'imposer. Mais sache que si quelqu'un t'en fait baver, ou si tu te sens seule un jour, moi, je serais là!

Je suis bouche bée. Elle veut toujours... être mon amie? Matthew, à qui je n'avais pas prêté attention jusque là, se range à ses côtés, pour me montrer son soutien. Mon coeur semble se remplir d'un sentiment inconnu et agréable.

Je dois pourtant refuser, et cela me fait terriblement de mal. Je prends la parole, cherche mes mots.

- Améline, je... enfin...

Ses grands yeux verts me sondent, à la recherche d'une réponse. Alors que j'essaye de me contrôler, les mots sortent tout seuls de ma bouche. 

- Je veux moi aussi être ton amie. Tout ce que tu viens de me dire me touche tellement! Je suis juste un peu... timide.

Améline me fait un grand sourire, et je vois Cécilia écarquiller les yeux. Je suis moi-même choquée, je n'arrive pas à croire que je viens de dire ce que je pensais si honnêtement. Ca m'a fait du bien je crois. 

La jeune vampire se jette dans mes bras, et je tombe au sol. Un éclat de rire m'échappe, et je me rend compte que je suis heureuse. Rien ne m'empêche de suivre mes études en ayant une amie, n'est-ce-pas? Le regard de la petite copine d'Alec me dit le contraire, mais je ne veux pas me concentrer sur cela pour l'instant. C'est si bon de sentir que je peux être appréciée, et je crois que j'ai pris la bonne décision. Les doigts d'Améline glissent dans mes cheveux, et elle pouffe.

- Je ne sais pas ce qui t'a pris sur ce coup d'ailleurs, mais maintenant que je peux t'approcher on pourra arranger cette coupe si tu veux.

Je lui souris et acquiesce. Puis nous nous relevons, et époussetons nos jupes, et faisons face aux autres ultras. Matthew m'attrape à son tour par la taille, et murmure dans mon oreille:

- Je suis moi aussi très heureux que tu nous rejoignes, on va faire une belle bande!

Je ne doute pas de ses intentions amicales, mais cette proximité ne manque pas de me faire pâlir. Je hoche la tête, m'écarte un peu... et tombe nez à nez avec Cécilia. Cette dernière a camouflé sa colère sous un masque gai et faux. Elle pose sa main sur mon épaule, et ne peut s'empêcher de la presser un peu trop fort.

- Quelle joie Kara. Si tu deviens copine avec Amy, tu deviens copine avec moi aussi! Vient par là ma belle, je dois te parler de trucs de filles trois secondes...

Elle m'entraîne avec une force dissimulée vers un coin du foyer, là ou le brouhaha ambiant pourra cacher sa voix à l'ouïe surdéveloppée des autres vampires. Sa main se glisse alors sous mon menton, et elle m'attire à elle comme pour m'embrasser. Sauf qu'elle enfonce discrètement ses ongles dans ma peau, et vient à la place chuchoter dans mon oreille. 

- Ecoute moi, petite peste. Tu ne sais pas ce que "rester loin d'une personne" veut dire? Tu vas en payer les conséquences. Et si tu n'as pas peur de mes copines, je vais te mettre en contact avec des gens... plus hauts placés dans la hiérarchie. Fais gaffe à toi.

Ca promet...