Un homme mort

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Dans un monde médiéval revisité, l’histoire suit un moment de la vie d’un homme, Alexandre, qui un jour, décide de se lancer dans son aventure.

Alexandre est un garçon. Fraîchement devenu « homme », d’après ce que dit la société, en accord avec le fait qu’il ait dépassé la majorité, mais seulement depuis quelques années. Dans le coin, les gens ne le connaissent que de visu, sans trop pouvoir dire qui il est vraiment. Un physique des plus banals, vêtus de vêtements ne témoignant ni d’une grande richesse, ni d’une apparente pauvreté. Certains disent qu’il travaille dans les champs, d’autres qu'il est écrivain. Il a même été entendu dire que c’était sûrement un espion vu sa discrétion. Enfin, sa famille et ses quelques amis sont bien les seuls à pouvoir en parler en profondeur, dans la limite de ce qu’ils savent. On apprend alors qu’Alexandre, second et dernier enfant de la maison, ne brille pas toujours pour son intelligence. Il n’est qu’un travailleur parmi tant d’autres dans cette campagne : autant dans les champs qu’à la ferme. Néanmoins, il a le sens de l’écoute, du partage et souhaite par-dessus tout faire le bien, même si parfois il peut faire preuve de maladresse. Souvent plein de gaîté, il perd rapidement le sourire à certain moment, comme souvent sa motivation au quotidien. Il peut compter alors sur les autres pour repartir de plus belle. Finalement, dans son entourage, il soutient autant qu’il peut être soutenu dans sa vie.

Alexandre est un grand rêveur également. Les histoires héroïques, les chevaliers combattants les monstres et démons, les aventuriers partant dans un intrépide voyage… Son enfance a été bercée par ce genre de contes et récits. Si sa vie était jusqu’à présent loin de ce chemin, le voilà, se pensant prêt à tenter sa chance. Lui qui a majoritairement vécu dans le cocon familial, ou entouré de ses amis, décide de se tourner vers l’inconnu. Il avait déjà eu des expériences, parcouru quelques lieux en solitaire autour de chez lui, ou bien plusieurs hectares mais accompagnés. Cette soif d’aventure, mêlée à l’envie de voir plus loin que les frontières de chez lui, ne font que renforcer son ambition. Mais qu’en dit alors son entourage ? La famille le soutient, tout en donnant les nombreux conseils. Une liste un peu trop longue, mais qui résulte de l’amour qu’elle a pour lui. Loin d’être idiot et quand même observateur, la plupart sont déjà ancré dans son âme et son esprit. Après tout, c’est dans cette culture qu’il a vécu. Les amis sont également là pour conseiller, ajoutant leurs grains de sel, comme ils ont su le faire au fur et à mesure qu’Alexandre les côtoyait.

Alexandre est sur le départ. Un dernier regard en arrière, avec un geste de la main pour faire signe à ceux qui le regardent s’éloigner. Pour lui, ce n’est pas la dernière fois qu’il voit cet espace qu’il l’a bercé et élevé. Il n’a donc aucun regret et se dit qu’il pourra y remettre les pieds une fois son aventure terminée. Motivé, il marche avec un pas rapide, s’enfonçant dans des plaines, terminant dans un bois, annonçant déjà le périple qui attend l’homme.

Une légère brume plane autour des arbres, plus morts que les uns que les autres. La végétation y semble pauvre, ou alors c’est un nouveau type de végétation qui vit dans ce lieu, inconnu pour le nouvel aventurier. Plein de confiance et de vaillance, Alexandre s’enfonce alors, déterminé à ne pas rebrousser chemin. Si le premier obstacle le fait tomber, comment pourrait-il se regarder dans un miroir ensuite ? Il marche, toujours sur un rythme rapide. Ses yeux regardent de droite à gauche, ne reconnaissant en rien les endroits qu’il voit régulièrement. Cela l’amuse au départ, malheureusement, cet état disparaît à mesure qu’une sensation d’être épié le saisit. Cette fois il regarde derrière lui, pensant bien que le regard vient de là, tel un coup surprise dans le dos. Alexandre cherche alors à se rassurer, se remémore ce qu’on a pu lui dire pour le mettre en situation. La première phrase lui venant en tête est : « Reste positif ». Dans une forêt, il y a bien souvent des animaux, alors pourquoi paniquer ? Une grande inspiration et la route peut continuer, mais avec un pas plus lourd et accéléré, afin de garder une pointe de méfiance, au cas-où.

Le jour et la nuit sont indiscernables avec cette purée de pois. Cependant, une lueur se distingue très bien pour les yeux du jeune aventurier. De sa distance, il capture les quelques braises volantes de son regard, cherchant alors sans trop réfléchir, à se rendre à cet endroit. Il s’approche puis commence alors à se dessiner des silhouettes. Deux, puis trois, puis quatre… Un groupe semble s’être posé ici. La première réaction est de les rejoindre. Malgré ça, un instant d’hésitation apparaît dans cette décision. La méfiance se dresse, se souvenant qu’il ne faut pas trop s’approcher d’inconnus. Sa mère lui disait souvent. Ils pourraient le détrousser, ou encore en faire un esclave, ou encore le violer, puis encore le tuer, ou tout autres actes abominables dont l’homme peut être à l’origine. Puis une seconde voix resurgit de sa mémoire, une de ses amies. Il se rappelle qu’il faut aussi savoir tendre sa main et prendre celles des autres si on veut s’en sortir. Plus de doutes, il les rejoint alors autour du feu. Toutes les têtes se tournent vers lui, pendant qu’il peut maintenant apercevoir avec précisions les six personnes. Deux chevaliers, ou du moins une pâle copie, avec des armures crasseuses incomplètes et une lame pour chacun. Ensuite une femme, sûrement paysanne du fait de son accoutrement, collé à ce qui semble être son mari, qui place sa main de façon à saisir à tout moment les sacs au pied d’un arbre. Alexandre se présente, afin d’éviter l’affolement et les coups d’épée.

Le discours se fait poli, tendre, de manière à éviter l’effusion de sang. Les paroles pleines de candeurs semblent faire mouche. Les armes se baissent aussi rapidement qu’elles sont sorties, mais les regards restent braqués sur l’arrivant. Alexandre se retrouve un peu gêné, mais continue de rassurer de son caractère inoffensif et de son intention, la raison de son voyage. Si les deux chevaliers laissent partir leur tension, ainsi que la femme, celui qui ne quitte point du regard les sacs, lui, semble être méfiant. Alors que la discussion était à sens unique, un échange finit par se faire, dont une intervention de l’un des chevaliers.

« Alexandre hmm ? Nous comprenons votre arrivée ici, mais vous devriez faire plus attention, sans quoi nous vous aurions sauté dessus. Le coin n’est pas sûr, du tout même. Comment pouvez-vous l’ignorer ?

- Je ne suis qu’un simple paysan, décidant de prendre en main mon destin honorable chevalier. La route est sûrement parsemée d’embûches, mais si ce n’était pas le cas, ce ne serait pas une aventure digne, n’est-ce pas ?

- Il ne faut pas confondre aller à l’aventure et l’inconscience. Si ce n’est pas nous que vous auriez croisé, qui sait ce à quoi vous…

- Hahaha tu me plais mon garçon ! Tu veux vivre pleinement ta vie hein ? La campagne ne fait pas vibrer ton cœur ? Il y a peut-être moyen de satisfaire ton ambition…

Un blanc se manifeste. La majorité est choquée, bouleversée, dans l’incompréhension totale après l’intervention du deuxième chevalier. Celui-ci est un peu grassouillet, visible des jambes jusqu’au visage, avec les joues et le nez bien rouge, soit à cause du froid, soit de la boisson. Celui-ci vient, indirectement, de demander au jeune homme de les rejoindre, en tendant le pommeau d’une arme. Celui-ci vient de faire un heureux. Sans grande réflexion, la main saisie l’épée tendue pour la brandir fièrement. Dans l’esprit d’Alexandre, l’aventure commence ici-même. Peu de temps était passé, mais le voilà, se voyant déjà combattre milles et un monstres sur le chemin, gagnant mérites et or au passage. Alors que le premier chevalier se veut d’intervenir, celui qui avait créé la stupéfaction enchaîne.

« Tu devras nous aider mon garçon. Comme tu as entendu, le coin n’est pas sûr. Aide-nous et tu pourras continuer avec nous. Marché conclu ? »

Les deux paysans, toujours en retrait vers l’arbre, ne semblent pas tellement joviaux, surtout le mari. L’autre chevalier aborde encore un visage circonspect, mais finit par laisser la folie de son camarade se faire. Après tout, leur seule mission n’est que de faire traverser ce couple. Si une personne se joint, s’occupant de défendre le groupe, mais devant se défendre soi-même, cela ne l’encombre pas plus. La paie sera de meilleur goût si la tâche est plus facile.

Un petit repos réparateur, dont des rêves excitants, pleins de prouesses, pour Alexandre. Les chevaliers sont obligés de le secouer fortement, afin que celui-ci soit prêt à temps pour le départ. L’objectif est de rapidement sortir de cette forêt brumeuse. On ne sait ce qui peut vous sauter dessus, ou vous regarder de loin, attendant le bon moment pour agir. Malgré tout, ces possibilités n’effraient en rien le garçon plein d’entrain. Il avance avec vaillance, prêt à mettre en péril sa vie pour protéger le groupe. Ce même groupe dont une personne ne semble vraiment pas apprécier le nouveau membre. Tenant à ses sacs comment aux prunelles de sa vie, il jette de sombres regards, dont la bouche se retient de crier gare contre ce pauvre jeune homme. Cette même bouche finira par s’ouvrir, lâchant un râle assez fort, faisant trembler de peur Alexandre. Il tourne vivement sa tête pour comprendre, voyant alors une flèche planter à l’épaule. Une attaque. Tandis qu’il regarde encore le spectacle d’agonie, les deux hommes d’honneurs se lancent dans le combat, en direction du tir. Une autre flèche survient en même temps que la course, mais sans grand mal à être parer pour ce duo aguerris. Le plus imposant se débarrasse d’elle en un coup d’épée, tandis que le plus mince, après un pas-de-géant et un mouvement rapide, plante déjà la pointe de la lame dans la cervelle de l’ennemi. Un elfe sombre, gisant au sol. Une race très connue pour attaquer les petits groupes isolés et faire des carnages. Des pillards sans scrupule, pouvant autant tuer rapidement que prendre plaisir à torturer. L’humain n’est pas la seule entité à habiter le vaste monde. Alexandre l’ignore, pensant que les autres peuples ne sont que des légendes et histoire pour enfants. Ce jour sera celui où il se rendra compte de sa naïveté. L’arme brandit, maintenant seul avec le couple, il jette des regards rapides, tantôt sur la blessure et les gémissements, tantôt dans les environs pour ne pas se faire planter. Tandis qu’il continue de surveiller, les yeux criant de douleur et injecté de sang du mari sont braqués droit sur le dernier « garde du corps » restant. Il emboite le pas et saisit le col du malheureux, faisant tomber son arme par la même occasion.

« C’EST DE TA FAUTE !! C’EST TOI QUI AURAIT DU TE PRENDRE CETTE FLECHE ! C’ETAIT TON BOULOT A TOI DE ME PROTEGER ! JE M’EN DOUTAIS QUE TU NE FERAIS QUE NOUS PORTER MALHEUR !!!!! »

Des mots forts en sentiment, plein de rage et de rancœur. Aux yeux d’Alexandre, celui qui le sermonne n’a plus rien à voir avec un humain. Il ne voit qu’un monstre, un affreux individu consumé par les ténèbres, plus sombre que celui qui a tiré précédemment. Mais alors que la peur et l’étreinte lui bloquent ses mouvements, son regard se pose par-dessus l’épaule pour y voir des ombres se mouvoir. Elles se rapprochent, rapidement, laissant présager que le tireur n’était pas seul, mais qu’un groupe vient sur eux. Dans un élan de courage, Alexandre se débarrasse de l’odieuse poigne, puis ramasse son arme avant de se jeter sur le premier qui arrive. Le fer est croisé, ainsi que les regards. Le sourire narquois pour l’un, les dents serrées pour l’autre. Un est retenu, mais les suivants chargent droit vers le couple. Avant même que la femme eut crié, les chevaliers étaient de retour, fendant les bras cherchant le meurtre. Se sentant soutenu, l’aventurier dresse une forte opposition pour prendre le dessus et prendre à revers son adversaire. Déséquilibré, l’elfe noir ne peut éviter ou même contrer totalement le coup suivant. Chutant, la lame teintée d’un rouge pourpre en bout se tient prête à se planter dans la gorge. Alors que des ennemis continuent à sortir de derrière les arbres, contre qui les chevaliers se battent, le temps semble s’arrêter au niveau des deux opposants.

Alexandre souffle, tout comme celui entaillé. A nouveau, ils se regardent l’un et l’autre. L’avantagé va même plus loin, plongeant dans les sombres pupilles auxquelles il fait face. Il cherche, comme s’il cherchait quelque chose. Il fouille, en long, en large et en travers, de droite à gauche, de haut en bas. Aucune lueur ne brille, il ne constate que du désespoir. Une peine immense le prend, de la pitié qui naît autant de la condition de son vis-à-vis que la vie qu’il mène. Se reculant, toujours l’arme pointée, il fait preuve de clémence.

« Va et ne reviens point. Je ne serais pas aussi clément si tu persistes, mais pars pendant que tu le peux, avant que tu finisses froid. »

Le couple observe la scène, accablé par ce geste, mais trop apeuré pour dire quelque chose. Personne ne sait si l’elfe a réellement compris ce qui a été dit, mais il prend les jambes à son cou. Les chevaliers, recouvert de plus d’une goutte de sang reviennent en héros, tandis qu’il découvre l’action du jeune homme. Le plus mince est dépité, ne comprenant pas ce geste illogique au vu des barbares rencontrés. Le plus imposant par son embonpoint, celui qui avait intégré ce garçon en soit d’aventure, se sent trahi. Il n’adresse même pas un regard, soupirant et passant à la suite du voyage. La marche se fait dans une atmosphère pesante, entre les plaintes de douleur du mari, mais qui n’hausse plus la voix, les chevaliers plus qu’attentifs aux dangers, puis le dernier, le solitaire, l’indigne, l’incompris. En épargnant, il était fidèle à ses principes, mais ne faisant que contrarier les autres. Ces autres qu’il ne reconnaît pas. Chez lui, il n’a jamais eu à faire à ce genre de personne. Il repense à la réaction abusive du mari. Des frissons le parcours. Jamais il n’aurait cru faire face à un tel comportement. Certes ces elfes les avaient attaqués, mais cela veut-il dire qu’ils doivent mourir ? Alexandre ne peut dire que non, voyant que le bilan est finalement plus lourd du côté de ces gens que le leur. Si l’occasion se représentait, il n’hésiterait pas une seule seconde. La vie mérite d’être vécu, pour n’importe quel être que ce soit.

Cette seconde fois, heureusement, ou malheureusement, arriva. La sortie est toute proche, il reste encore une bonne dizaine de pas. Le soleil peut enfin caresser leurs joues. L’herbe devrait bientôt être visible, le groupe n’attend que cela, signe que la tranquillité est proche. Pourtant, les ténèbres sont tenaces. Un cercle se forme autour d’eux, pris en tenaille par huit individus. Les responsables, les mêmes que précédemment, ou du moins, la même ethnie. Des rires annonciateurs du pire résonnent dans les esprits. Les armes sont sorties chez les uns et les autres, mais personne n’ose. Sauf un. Aux yeux et aux oreilles de tous, par son cri de désespoir ou d’ardeur, il fonce droit devant, venant faire reculer les deux qui bloquent le chemin. Les chevaliers profitent alors de cette surprise pour prendre les paysans sous leur coude et fendre le vent pour passer. Bien entendu, l’étau cherche à se resserrer, mais les mouvements de lame longue empêchent tout mouvement imprudent. Quelques éraflures marquent alors la peau des elfes impatients. Rapidement, le groupe initial arrive à sortir de cet enfer, dont Alexandre se presse de rejoindre. Il sourit de plus bel, se voyant déjà entendre plein de louanges face à son acte héroïque, de la manière dont il a su parfaitement sortir de la situation ses compagnons. Tout est si beau après ce moment, mais seulement dans les rêves.

Il court, rejoint un peu plus les chevaliers et le couple. Puis il chute. Il ne comprend alors pas. Il se sent plein d’énergie mais ne peut courir. Si sa jambe gauche bouge, celle de droite est comme bloquée. L’adrénaline descend à mesure qu’il se débat pour se relever. Puis le buste chute. Le visage est face contre terre. Petit à petit, la joie qu’il revêtait se transforme en inquiétude. Qu’est-ce qui se passe ? La tête finit par se relever, dont il peut voir au loin le groupe s’éloigner un peu plus, mais dont les regards sont braqués sur lui. Sa main vient alors se tendre en leur direction. C’est alors que les visages se cachent, se retournant vers ce qui passe devant. Bientôt, les silhouettes au loin ne sont plus que des ombres, pour disparaître pour de bons. L’inquiétude devient de la peur, tandis que des pas approchent. L’herbe s’écrase dans son dos, il l’entend. Ce n’est pas une personne, mais bien un groupe qui vient à lui. Il sait très bien que ce n’est pas celui qu’il avait rejoints, l’ayant très bien vu partir. Il ne reste plus qu’une option. Un coup de pied sur le flanc est donné, forçant à se retourner. La douleur aux côtes fait surgir toutes les autres. La flèche au mollet droit et celle à l’épaule gauche. Les raisons de son arrêt et sa chute sont maintenant trouvées. La panique le prend. Cherchant encore à bouger, ce sont surtout des cris qui finissent par être poussés. Les têtes regardent tous les spectacles, se régalant par de petits rires mesquins. Mais ce n’est pas assez. Un couteau se plante dans l’un des bras, faisant hurler ce qui paraît être le nouveau jouet de ces gens. Un autre est placé dans la cuisse droite, faisant courber le torturé. Soudain, une voix interrompt le tout, d’une langue plus que familière, celle des Hommes. L’espoir renaît chez Alexandre, apaisant son esprit et son corps.

Si le dialecte est humain, le corps apparaissant ne l’est pourtant pas. Un autre elfe noir fait son apparition. Une déception, mais qui ne veut pas dire que tout est perdu, encore plus quand l’arrivant est accompagné par un elfe reconnu entre mille. Ce n’est autre que celui épargné lors de la première attaque. Alexandre se sent alors soulagé, heureux d’avoir suivi ses principes. Il sait bien que sa bonne action ne peut que jouer en sa faveur. Il se sent alors obligé de parler.

« Je… je te reconnais. Tu es celui que j’ai laissé partir. Je vois que tu vas bien, malgré la blessure que je t’ai faite. Je suis désolé de te l’avoir infligé, mais ma vie était en danger. J’espère que toi aussi, tu sauras me pardonner. »

Personne ne répond, même celui qui semble parler la même langue. Il sourit, exagérément même, comme s’il cachait quelque chose. Pas de place au doute, Alexandre est certain de survivre. Il s’était bien conduit, il n’avait rien faire de mal. Depuis le début il est ainsi, le sort ne peut qu’être avec lui. Sinon, ne serait-il pas déjà mort ?

« Bien, je te remercie d’avoir laissé cet enfant, jeune homme. Sa vie nous a été plus qu’utile. Comment aurions-nous fait sans lui, » annonce l’elfe.

Une lueur d’espoir se dessine. La vie est précieuse, Alexandre n’en doute pas.

« Ne me remerciez pas, je ne pouvais pas me résigner à tuer vos semblables. Vous avez un cœur vous aussi et il y a sûrement des raisons à ses attaques. Puis, les chevaliers ont tué nombreux de vos hommes… Je suis navré pour eux… »

Des réactions, mais pas avec un langage connu. Les autres elfes échangent entre eux des messes basses. Puis le seul à pouvoir parler la même langue qu’Alexandre reprend.

« Oui, des morts, beaucoup de morts. Mais bon, il faut passer à autre chose. Aujourd’hui, nous avons quelque chose de plus précieux. »

Alexandre ne comprend pas vraiment de quoi veut parler l’elfe. Il interprète alors les paroles.

« Oui, la vie est précieuse, n’est-ce pas ?

- Oh que oui jeune homme. Très précieuse. Surtout la tienne.

- Hein ? »

L’incompréhension se fait plus forte. En quoi sa vie est importante ? Il se rassure, se disant que c’est une façon de dire qu’il sortira vivant de cette affaire.

« Merci beaucoup de me laisser en vie. Je vous promets qu’elle vous sera utile un jour.

- Oh mais elle l’est, je te rassure.

- Vous m’envoyez ravi. Je suis impatient de rentrer chez moi pour annoncer mes aventures alors.

- Rentrer ? »

Les autres elfes s’agitent. Cela semble devenir trop long pour eux. Alexandre se sent perdu. Depuis le début il était plein d’espoir, mais il ne peut s’empêcher de s’interroger maintenant. C’est alors qu’il se lance, qu’il pose la question qui révélera son futur proche.

« Oui rentrer. Vous allez me laisser en vie pour que je rentre chez moi, non ? »

Un rire éclate, puis un discours dans une langue méconnue est dit, provoquant un éclat général des elfes. Après quelques dizaines de secondes, après que les sueurs froides commencent à glisser le long du dos et des joues, l’elfe pouvant communiquer avec Alexandre, se rapproche de l’oreille de celui-ci. Il prononce alors un murmure.

« Le seul endroit où tu rentreras sera en enfer, jeune homme. »

Un impatient se rapproche à son tour, pour retirer, de façon latérale, le couteau à la cuisse. Celle-ci est magnifiquement entaillés. Alors qu’un cri devrait être poussé, Alexandre est tel une coquille vide. Aucune réaction. Un regard absent, un corps sans vie, un esprit brisé. De sa campagne, cela l’avait changé. De son départ, il n’aura pas fait tant de chemin. De sa vie, il se la voit enlevée.

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⏰ Dernière mise à jour : Jan 06, 2021 ⏰

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