Lorsque je descendis le plus vite possible l'escalier du château, essoufflée, Anna et Kristoff se trouvaient au battement de la porte. Ils se retournèrent et m'adressèrent un regard éteint. D'un coup, je sus qu'il se passait quelque chose de grave. Prise par le chagrin, je bousculai ma sœur pour arriver dans la grande salle de réception complètement démolie, et colorée d'une pluie qui ne nous donne guère envie de sourire, là où je pouvais voir le corps de quelqu'un qui m'est très familier.
Gabriel.
Je m'arrêtais net. J'étais incapable de bouger, incapable de mettre un pied devant l'autre. A cet instant, je pouvais penser tout ce que je voulais, et j'avais le droit de croire en toute autre illusion, ce corps gisant au sol appartenait bel et bien à Gabriel. Quand je fus capable de bouger, je laissai mes genoux s'écrouler par terre, et mes larmes me vinrent aussitôt. Je le regardais avec cette intensité qui ne naît que lorsqu'on découvre la personne qui nous est cher entre la vie et la mort. Ou, peut-être était-il déjà mort, je me suis dit. Cette tristesse submergeante n'a pas perdu de temps pour m'envahir, la pluie ruisselait sur son visage en sang, et je voyais ma vie défiler comme jamais, accompagnée d'un sentiment d'impuissance.
-Non...
Quand je relevais enfin ma tête, Anna et Kristoff se trouvaient juste devant moi. Eux aussi avaient leurs vêtements trempés, et eux aussi avaient cette mine découragée, à bout de souffle. Kristoff se mit accroupi, s'apprêtant à porter le corps de Gabriel et l'emmener plus loin, mais, prise d'une rage incandescente, je cris :
-NON ! N'y touche pas ! Ne l'emmène pas, je t'en supplie !
De cette phrase, Anna et lui furent légèrement surpris.
-Elsa... C'est terminé, on ne peut rien y faire. Dit-elle, d'une voix triste et saccadée par l'émotion.
Elle descendit à ma hauteur et me pris dans ses bras. Je la serrais aussi fort que je le pouvais, et incontestablement, je laissais mes larmes couler. Chaque moment de ma vie fut une souffrance ; pendant longtemps, j'ai su ce qu'était avoir mal, j'ai dû encaisser durant des années entières. Lorsque nous étions enfants, moi et Anna étions heureuses de jouer ensemble, de faire des bonhommes de neige. A partir du moment où je lui ai gelé la tête par accident, je n'ai commencé qu'à voir du noir partout, sur chaque visage, sur chaque objet. Rien n'a été plus dur que la séparation de mon insignifiante existence, à celle du monde entier, pour seule cause mes pouvoirs. Quand Gabriel est arrivé dans ma vie, je n'ai su qu'il comptait pour moi que lorsqu'il a décidé de sauver ma vie au moment où j'avais le moins confiance en lui. Il m'a protégé, il m'a montré toutes les facettes de sa sincérité envers moi, même si, à plusieurs reprises, j'ai refusé de le croire. Toutes ces formes d'amour envers une personne ne sont visibles qu'au moment où elle s'apprête à mourir. Gabriel a sacrifié sa vie pour me sauver. J'ai vu, je l'ai vue cette flèche arriver droit dans sa direction. J'ai crié, j'ai prié, et j'ai espéré de tout mon cœur pour qu'il ne soit pas touché. Honnêtement, à cet instant, j'aurais aimé être touchée à sa place, pour me faire pardonner de ne pas l'avoir cru, pour que je puisse me racheter à ses yeux. Mais c'était trop tard.
Ma sœur avait raison. Je ne pouvais plus rien y changer. [...]
Je me levai d'un bond, laissant Anna surprise de mon geste, et courrai avec une difficulté vers Kristoff qui emmenait le corps de Gabriel à l'abri.
-S'il te plaît, pose le ici, Kristoff. Dis-je d'une petite voix rauque.
-Très bien. Il dit avec tristesse.
Immédiatement, je m'agenouillai à côté de Gabriel, et pris sa main dans la mienne, les larmes me désarmant une nouvelle fois.
-Si j'avais pu, j'aurais cessé cette guerre perpétuelle. Comme tu me le disais souvent, le plus important dans une vie, c'est d'aimer son prochain, et d'oublier tous nos mœurs. Même lorsque je ne te croyais pas, tu restais. Tu m'as tant donné, malgré les apparences. Maintenant, si je pouvais changer le futur, je t'emmènerais loin avec moi, et je t'aimerais à vie. Mon erreur fut le manque de confiance envers toi. Vraiment Gabriel, si j'avais pu, j'aurais intercepté cette flèche pour me la prendre à ta place. La vie est tellement injuste pour m'arracher ainsi de toi.
Soudain, ses mains se mirent à bouger. Il les dirigeait vers mon visage, et ramenait ma tête à la sienne, pour me donner un baiser.
-Je t'aime, Elsa. Dit-il dans un dernier souffle.
Ma stupéfaction était là, et je fus prise d'une colère quand Gabriel ne bougeait plus du tout. Sa respiration s'était complètement éteinte, et rien ne pouvait le ramener à la vie.
-Pardonne-moi, pardonne-moi...
Un bruit sourd se fit entendre quelques instants après, et je me réveillai en sueur dans mon lit, presque traumatisée de ce rêve si réaliste.
Pourquoi cet homme au nom de Gabriel faisait-il partie de mes rêves chaque nuit ?
Soudain, je me rappelais :
-Ah oui, Alzheimer !
***
~Nïnma
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Un amour perdu
FanfictionTexte qui daaaaaaaate! Je l'ai écrit il y a longtemps, fan de La Reine des Neiges, fan d'Elsa. Vous allez être surpris à la fin mais je ne vous en dit pas plus. Je ne me suis pas relue, juste quelques lignes pour voir si c'était potable à être publi...