Chapitre 3

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C'est une caresse sur la joue qui réveilla Marie. Ses yeux s'ouvrirent mais ils se refermèrent aussitôt. La lumière était trop forte. Marie était tellement éblouie qu'elle prit le temps d'habituer son regard. Un temps qui lui sembla infini. Comme si ses yeux peinaient à trouver la bonne fréquence. Elle était allongée les bras le long du corps. Elle se sentait apaisée. Elle s'assit doucement tout en enroulant son corps en boule. Ses yeux clignaient sans cesse. Au bout de quelques temps, elle parvint à voir des esquisses de formes floues qui devenaient de plus en plus prononcées. Le brouillard lumineux qui l'aveuglait, s'estompait. Une sorte de crayon invisible dessinait un paysage. Il ne faisait pas froid. L'air était doux. Limite chaud. La température était de 25 degrés. Il y avait un peu de vent. Une brise légère et agréable soulevait délicatement ses cheveux. La première chose que Marie vit fut la couleur du sol. Ocre.

C'était du sable. Du sable très fin qui coulait comme un sablier entre ses doigts. Elle se mit debout pour contempler le paysage. Une immense plage s'étendait à perte de vue bordée par un océan d'un bleu profond tacheté par des étoiles lumineuses. Un bleu contrasté sur lequel ondulait en continu l'écume blanche des vagues.

L'image était belle comme extraite d'une carte postale.

- C'est étrange ! Il n'y a aucun bruit comme si on avait coupé le son. Pensa-t-elle en prenant une grande inspiration avant de commencer à marcher sur le sable.

- C'est exactement ce que je me suis dit il y a 5 minutes ! lui répondit une voix masculine dans sa tête.

Elle sursauta.

- Pardon ? Mais qui êtes-vous ? Demanda-t-elle dans sa tête.

À peine avait-elle formulé cette phrase qu'un homme vêtu d'un costume deux pièces bleu nuit apparut sur sa droite. Il lui tendit la main.

- Bonjour ! Je m'appelle Pierre. Et vous ?

Marie lui serra la main machinalement. Sans trop de pression. Puis la retira rapidement

- Marie.

Elle ne savait pas quoi penser de cette communication de tête à tête. Elle ne pouvait pas s'exprimer de vive voix. Malgré sa volonté de « parler », de bouger les lèvres, sa bouche était muette comme si elle était pétrifiée par une force extérieure. La pensée s'affranchissait de l'oral.

Pierre l'observait attentivement. Il était grand. Environ 1m90. Avec des cheveux bruns, la peau tannée par le soleil et des yeux vert clair. Il souriait en continu. Il devait avoir 35 ans guère plus. Il portait son costume avec une élégance raffinée. Il semblait très soigneux. On pouvait le voir à sa façon de marcher.

Il lui répondît

- La première fois que j'ai entendu votre voix dans ma tête. J'ai cru que j'étais devenu fou. Puis je vous ai vue au loin, allongée sur le sable. Je me suis rapproché sans bruit. C'est à ce moment précis que vous vous êtes relevées. Vous êtes arrivée ici de la même manière que moi. Sur le dos. Les yeux fermés et les bras le long du corps. Ce n'était pas dans ce décor mais dans un autre. C'est drôle parce qu'en entendant la pensée de l'autre, j'ai bien peur qu'on puisse perdre sa liberté de pensée. C'est intime une pensée. Personne n'est censé vous écouter.

Marie voulut répondre mais elle dût se résoudre à penser. C'était une habitude à prendre.

- Bouger mes lèvres est impossible. J'ai l'impression que le son n'existe pas. Il n'y a pas un bruit. C'est comme si nous étions tous les deux enfermés dans une chambre sourde. C'est un endroit qui pourrait nous rendre fou.

Une nuit à rêverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant