Chapitre 8

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*Ce chapitre fait mention au viol. Même si l'acte lui-même n'est pas décrit, je ne vous recommande pas de lire ce chapitre si vous n'êtes pas à l'aise avec ce sujet.*

        Ce soir-là, tu m'avais demandé de te rendre visite. Maintenant, je réalise que c'était probablement la pire décision que j'ai prise de ma vie. Si je pouvais remonter dans le temps, je ferais n'importe quoi pour m'empêcher de te voir ce jour-là puisque c'était le jour où tu m'as enlevé ma dignité.

        En ouvrant la porte, j'avais remarqué une odeur d'alcool et de cigarette se dégageant de ta chemise noire. Tu avais encore bu avec tes amis. Il y avait quelques bouteilles de bière vides sur le sol près de ton canapé et sur ta table basse il y avait une douzaine de cigarettes dans un cendrier bleu. Il y avait aussi quelque chose comme une aiguille sur la table à proximité.

        Mon estomac s'était retourné. Tout autour de toi indiquait une chose : des drogues. À ce stade, je ne savais plus quoi faire. D'abord l'alcool et les cigarettes, et maintenant ceci. J'étais préoccupée pour toi et pour ta santé.

        Je savais que tu faisais probablement cela pour oublier tes problèmes et traumatismes du passé, alors j'avais décidé de garder mes inquiétudes pour moi. Tu avais beaucoup dans ton assiette en ce moment et je pensais qu'au fond tu étais une bonne personne.

        Alors que je m'étais assise sur une chaise près du comptoir de la cuisine, j'avais ressenti une vive douleur sur mes jambes à cause des ecchymoses que tu m'avais infligées il y a deux jours. Dire que cela ne me dérangeait pas que tu me frappais aurait été un mensonge, mais j'avais tout compris. Tu étais juste un peu jaloux. Tu m'avais vu parler avec Jules et cela ne t'avait pas plu.

        J'étais perdue dans mes pensées et je n'avais pas entendu ce que tu m'avais dit. Tu t'étais donc fâché. J'avais soudainement ressenti une sensation de chaleur sur mon visage, suivie de douleur, alors que ta main avait rencontré ma joue gauche.

« Écoute-moi quand je te parle stupide. »

        Ce n'était pas la première fois que tu me frappais, alors j'étais en quelque sorte habituée à tes problèmes de colère. Pour ne pas te mettre encore plus en colère, je m'étais rapidement excusé.

- Où étais-tu et qu'est-ce qui t'a pris si longtemps ? tu avais demandé. J'avais détourné le regard. À ce moment-là, c'était la dernière chose dont je voulais discuter. Mais je devais te répondre sinon tu serais encore plus en colère.

- Je travaillais sur un projet d'école. Je suis désolée, cela ne se reproduira plus.


- Je suis sûr que tu étais là-bas à essayer de séduire Jules., tu m'avais accusé avec un ton de colère.

        J'avais essayé d'expliquer que le professeur nous avait jumelés pour un projet scolaire et que je n'avais pas d'autre choix que de travailler avec lui.

        Dès que ces mots avaient quittés ma bouche, je les avais instantanément regrettés. Tu avais commencé à crier et à cracher des insultes, mais tout à coup les choses avaient changé.

        Tu t'étais calmé et tu t'étais excusé comme tu le faisais habituellement. Tu m'avais offert un verre d'eau et je l'avais accepté sans même y réfléchir deux fois. Mais j'avais senti qu'il y avait quelque chose d'étrange dans ton comportement. Tes yeux battaient nerveusement partout, incapables de croiser mon regard. Comme si tu me cachais quelque chose.

        Je n'y avais pas pris garde et j'avais continué de siroter mon eau, mais immédiatement, tout autour de moi s'était accéléré. 

        C'est incroyable ce qu'un peu de poudre peut faire. Tu me regardais, tes yeux froids et ton visage était vide. J'avais essayé de parler mais la seule chose qui était ressortie était un fouillis de bruits. Ma langue était trop lourde et trop épaisse pour même former des mots. Je me souviens que tout autour de moi se transformait en flou de feu ardent. L'odeur des cigarettes se répandant dans l'odeur de l'alcool. 

        Ta main était serrée autour de la mienne alors que tu me conduisais vers ce que je crois était ta chambre. Tu m'avais attiré vers toi et tu m'avais dit quelque chose que je ne pouvais pas comprendre. Tout était flou. Tu avais commencé à me déshabiller et j'avais soudain eu très froid. Mes yeux voulaient se fermer. C'était si facile de sombrer dans la brume qui menaçait de m'engloutir.

        Alors que les choses devenaient encore plus confuses, j'avais fermé les yeux et essayé de réfléchir mais mon cerveau ne pouvait pas suivre. La dernière chose dont je me souviens avant de m'évanouir, c'était tes mains sur tout mon corps, puis la douleur.

...

        Je ne sais pas combien de temps j'étais restée inconsciente. Lorsque je m'étais réveillée, tout était flou. Je pense que tu m'avais donné de l'eau à un moment donné. Mon corps était si raide et quand j'essayais de bouger, chaque centimètre de mon corps me faisait mal. Je ne pouvais pas vraiment bouger, alors je m'étais simplement allongée là, à écouter. Mes oreilles se fatiguaient pour entendre quelque chose, n'importe quoi. Mais tout était silencieux.

        J'avais ouvert les yeux mais je ne pouvais pas te voir. J'étais allongée dans ton lit. J'étais en sueur et humide et les draps collaient à mon corps nu.

        C'est alors que j'avais réalisé ce qui s'était passé. Je n'avais même pas essayé de soulever les draps, car j'avais trop peur de trouver du sang ou de la chair déchirée. J'avais senti l'oreiller à côté de moi et j'avais posé ma main dessus pendant que j'essayais de me lever. Une douleur avait soudainement traversée mon corps et j'avais eu envie de vomir mais je l'avais avalée.

« Est-ce que ça va ? »

        J'avais tourné la tête en essayant de te trouver. Mes yeux ne voyaient toujours pas clairement.

        J'avais essayé de me pousser au bord du lit. Je voulais être aussi loin que possible de toi, mais mes bras n'étaient pas assez forts pour supporter le poids de mon corps. Ils avaient tremblé et je m'étais effondrée à nouveau dans le lit. Ma tête me faisait très mal. J'avais essayé d'utiliser ma voix mais seuls des gémissements sortaient de ma bouche. Mes lèvres étaient contre la taie d'oreiller.

        Je t'avais entendu faire quelques pas vers moi. Je ne pouvais pas croire ce qui s'était passé. Je ne voulais pas que ce soit vrai. J'espérais que tout cela était un mauvais rêve, un fragment de mon imagination.

« Chris, as-tu... ». Je n'avais pas pu terminer ma phrase.

        Quelques minutes s'étaient écoulées, mais tu n'avais rien dit. Avant que je ne m'en rende compte, tu t'étais assis au bord du lit et tu m'avais regardé avec remords. Je m'étais forcée à te regarder, mais j'avais trop peur. J'avais essayé de me recroqueviller, mais tout était si lent.

« Tes vêtements sont à côté du lit. »

        Mon jean blanc et mon col roulé marron étaient soigneusement pliés sur une chaise en bois.

        Tu t'étais enfin levé et au moment de partir, tu t'étais retourné.

« Habilles toi. Je t'attendrai dans la cuisine avec de la soupe. Tu pourrais te sentir malade à cause des effets des drogues, tu devrais donc te reposer un peu avant de partir. » 

CHRISOù les histoires vivent. Découvrez maintenant