Seule, dans la rue, je marchais. L’Aube régnait à cet instant, communément appelé Présent, même si, aussitôt il fut, aussitôt il disparut, et fit désormais partie du Passé. On a à peine le temps de prendre conscience de l'instant qui se déroule qu'il disparaît à jamais dans ce qu'on appelle Mémoire, qui décide ou non de le garder comme Souvenir.
Il était 2 heures du matin il y a un instant, et je me dirigeais vers la gare Centrale, située à Bruxelles. La lune était le seul astre visible, si on décidait d'enlever toutes ces étoiles. Je me suis toujours sentie attirée par les astres. C'est d'une beauté à en couper le souffle, encore plus lorsque le soleil ne luit, seul moment où nous pouvons les admirer, cette infime partie de la Voie Lactée qui rend, de la surface de la Terre, notre univers encore plus magnifique qu'il ne l'est déjà.
Une légère brise soufflait dehors, douce et froide. Elle semblait rendre ces instants d'autant plus sublimes, en y ajoutant un léger voile de charme mystique.
La nuit était et restera pour l'Éternité, les instants préférés d'une journée. Elle est si calme et reposante, avec cette sensation de nouveauté qui refait surface à chaque fois. Un peu de musique dans les oreilles, et on a tous les éléments pour que notre esprit divague dans l'univers imaginairement réel qu'on crée de toute pièce. L'Imagination ne semble réelle que dans un rêve, mais pour moi, la nuit est un rêve éveillé, continu, et dont on peut déterminer la fin, grâce au temps qui, d'abord, est lointain, mais qu'au fil des instants, se rapproche dangereusement.
Je venais de quitter mon travail, je travaille de nuit dans un bar à bière, non loin de la gare. Je me dois d'y travailler les vendredis et samedis, où je n'arriverais pas à subvenir à mes besoins et à boucler mes fins de mois. J'étais photographe le jour, et serveuse la nuit. Les métiers de l'art sont sous-estimés, considérés comme non-essentiel à la vie de tous les jours. De mon point de vue, cette vision est si erronée. L'Art libère la parole, et aide des humains.
Je vis en dehors de la capitale Bruxelloise, à Waterloo. Faute de moyens pour me payer un appartement dans la ville. J'effectue ce trajet tous les jours, excepté les dimanches, où je reste chez moi, bien au chaud sous une couverture, à faire la grasse matinée et à glander dans mon lit toute la journée, puis à glander sur mon canapé jusque l'heure du coucher.
Le tableau d'affichage indiquait que mon train serait bientôt sur le quai, alors je me dépêcha de descendre. L'un des avantages de travailler de nuit, c'était l'absence de présence humaine dans le train. J'étais bien souvent seule, et cela m'arrangeait fortement, enfin, surtout ma légère anxiété.
Mais, cette nuit-là, en montant dans ce train direction Waterloo, je sentais que quelque chose n'allait pas. Un pressentiment ? Un avertissement de mon subconscient ? Je n'en ai aucune idée. Mais je ne le sentais pas. Alors, suivant mon intuition, je ne m'installais pas convenablement sur ces sièges très peu confortables à la longue, et je me mis aux aguets, mon Bic en main, sac sur le dos, en position défensive.
Je me sentais réellement ridicule, mais un vieux proverbe disait "il vaut mieux tourner au ridicule que de rester de marbre face à son corps qui sentait un danger". Ou alors ce proverbe venait de moi ?
Plus les instants défilaient, moins je me sentais à l'aise. Je sentais mon côté gauche picoter, sans aucune raison apparente. Comme si quelqu'un était en train de m'épier.
Me rendant compte de cette constatation, je sentais la panique envahir mon corps à chaque seconde qui s'écoulait. De là, je pris une sage décision : garder mon sang froid et ne pas tourner la tête. Si je me retourne et que je tombe nez-à-nez avec une personne, le pire pourrait arriver, car cette personne ne serait plus cachée.
Ne restait à moi que deux solutions : ignorer ou essayer de savoir ce qui se trouvait à ma gauche.
La deuxième solution me semblait bien trop complexe, la première bien plus simple et sécuritaire.
Je décidai tout de même à envoyer un message à mon père, lui demandant de venir me chercher en voiture dans 20 minutes à la gare, car je pensais être suivie. Il me répondit 5 minutes plus tard qu'il y serait à temps. Un peu plus rassurée, je ne vis pas le temps passer, mais vint le moment de descendre.
La sortie se trouvant au bout du wagon me semblait bien plus raisonnable, alors je me dirigeais, pratiquement en courant, vers celle-ci, sans jamais me retourner. C'est avec hâte que je descendis de ce train, et je me mis à courir vers la sortie.
Arrivée sur le parking, je m'arrêtais enfin, et pris le temps de souffler. Je regardai mon téléphone, pour appeler mon paternel."Je viendrais dans 5 minutes, j'avais oublié mon téléphone dans la maison."
Merde.
Soudain, cette nuit si apaisante me semblait remplie de vices et de craintes, d'inquiétudes et de manigances. Ces instants qui passaient durant cette nuit se furent longs et interminables, comme si ils refusaient de quitter le Présent désormais.
Le silence complet régnait, quand quelque chose vint le briser. Quand des bruits de pas vinrent le briser. Ils provenaient de derrière moi. Et, à quelques mètres de moi, ils cessèrent.
Mon sang se figea. Mon souffle se coupa. Mon cœur battait à tout rompre.
Me sentant dos au danger, je me retournai pour y faire face.
Un homme se tenait là, au corps droit mais aux épaules repliées sur elles-mêmes, aux jambes longues mais musclées, à ces bras costauds, et au visage muni d'une barbe et d'un sourire grandissant au fil des instants qui se prolongeaient sans fin, au fil de ces instants où mon angoisse grandissait.
Je croisai son regard, j'en restait médusée, pétrifiée.
Il s'avança vers moi, lentement, mais à grands pas.
Et il me viola.
Mon père arriva quelques secondes après qu'il se soit échappé, me laissant dévêtue sous cette lune magnifiquement cruelle qui représentait la nuit. Il me rhabilla, et me souleva jusqu'à sa banquette arrière, où il me posa délicatement, et je fondis en larmes.
Je remarquai que mon oreille saignait. Il me manquait une boucle d'oreille.
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ᏞᎪ ᏴϴႮᏟᏞᎬ Ꭰ'ϴᎡᎬᏆᏞᏞᎬ
Historia CortaSeule, dans la rue, je marchais. L'Aube régnait sur la terre à cet instant. Quand soudain je senti une présence. J'espère qu'elle vous plaira. N'hésitez pas à laisser un vote ou un commentaire, ça me fait plaisir.