Valse à Löwenstadt (T.3) [TERMINÉ]

14.

Le chauffeur claqua la porte du coffre de la voiture et alla s'installer au volant sans un regard pour Wilhelm et Melek qui n'étaient pas encore rentrés pour s'installer malgré la portière ouverte par un majordome. Otto s'entretenait avec son neveu, un main fermement accrochée à sa canne, la deuxième tendre sur la joue de Wilhelm. Il semblait sincèrement inquiet.

Melek s'en détourna et croisa le regard d'Annabell qui se tenait aux côtés de Judith. Si sa femme de chambre et amie allait lui manquer les deux prochaines semaines, elle ne regretterait pas de sa soi-disante assistante et sa fameuse maussaderie.

Du coin de l'œil, elle vit Otto prendre Wilhelm dans ses bras et l'accolade dura suffisamment longtemps pour mettre Melek mal à l'aise. Elle restait là, godiche, enracinée comme une plante d'intérieur. Mais elle aurait préféré qu'il n'en soit qu'ainsi, car le roi s'écarta de son neveu pour se tenir devant elle et lui poser un main familière sur l'épaule.

« Mes salutations à votre famille, commença-t-il dans un sourire. »

Melek lui sourit à son tour et lança un regard à Wilhelm. Quand elle voulut répondre à Otto, il se penchait dangereusement vers elle et lui embrassa la joue. Melek resta pétrifiée par le geste d'affection. L'endroit où sa joue avait touché la sienne irradia. Sous sa main sur son épaule, sa peau se mit à chauffer tout autant et bientôt Melek ne semblait sentir plus que cela.

Après un silence, Otto sortit une petite boite de sa poche et la tendit à Melek. Elle la prit en hésitant. Lui faisait-il un cadeau ?

« Un petit quelque chose pour votre mère et votre frère, dit-il juste. »

Melek mourrait d'envie de l'ouvrir pour voir ce qu'il contenait. L'oncle de Wilhelm mit fin à sa curiosité.

« Ce sont deux chevalières. »

Melek haussa les sourcils. Curieux comme cadeau pour deux personnes qu'il n'avait jamais rencontré.

Il reprit rapidement la boîte pour l'ouvrir et la reposa, ouverte, dans la paume de Melek. Sur le chaton des bagues, le lion du Löwenstein gravé en creux. Melek ne comprit pas tout de suite. Wilhelm vint derrière elle pour regarder le présent par dessus son épaule. Et elle saisit. Le roi offrait les armoiries royales à la famille de Melek. Elle en perdit les mots.

« Elles n'ont pas valeur de sceau officiel..., s'excusa presque Otto, mais Melek l'écoutait à peine. »

Wilhelm répondit à sa place.

« Merci. »

Melek n'avait d'yeux que pour les deux bagues sur leur coussinet bleu.

« Bon. Il est temps que vous partiez. »

Melek se détourna du cadeau et releva des yeux hagards vers lui.

« Oui. »

Puis la main de Wilhelm sur son épaule la ramena à la réalité.