Valse à Löwenstadt (T.3) [TERMINÉ]

22.

Pas de réveil. Seulement la lumière froide du premier matin de l'année. Quand Melek émergea, elle chercha automatiquement la chaleur réconfortante des bras de Wilhelm et s'y enfouit sans lui demander son avis. Elle grogna contre son torse et il l'enveloppa de ses bras.

« J'ai une surprise pour toi, murmura-t-il dans ses cheveux. »

Melek se tordit le cou pour relever son regard encore ensommeillé vers lui.

« On rentre plus tôt à Löwenstadt ? espéra-t-elle. »

Wilhelm sourit avant de lui embrasser le front.

« Pas tout à fait. »

Son ton était espiègle, taquin. Il adorait se jouer de l'impatience de Melek. Agacée par cette devinette qui durait, Melek quitta les bras de Wilhelm pour se dresser sur son coude et lui faire face. Les sourcils froncés, elle tenta un air sévère pour qu'il crache le morceau.

Wilhelm ricana. Melek lui donna un coup sur l'épaule.

« Dis-moi, exigea-t-elle. »

Wilhelm céda, mais avant ça, il attrapa Melek d'un bras pour la serrer contre lui. Il avait eu soudainement froid, loin d'elle.

« Nous rentrons bien demain à la maison, mais cette nuit, nous ferons étape ailleurs. »

Melek voulut lui demander où, mais Wilhelm devança sa question.

« C'est une surprise. »

Melek se contenta de cette réponse, heureuse de passer la soirée loin de tout, juste avec Wilhelm. Peu importait où il l'emmenait.

Elle remua pour mieux s'installer dans le creux de ses bras. Elle ferma les yeux pour retourner dans cet état exquis de demi-sommeil.

« Les fêtes ont été chargées, je me suis dit que ce serait bien de nous retrouver vraiment seuls. »

Melek acquiesça en silence.

« On a besoin de se ressourcer... »

Melek aurait aimé lui dire de se taire, de laisser le silence les envelopper.

« Surtout avec l'anniversaire de mon oncle qui arrive. »

Melek écarquilla les yeux et déglutit. Depuis le début de ses vacances, elle avait complètement oublié l'anniversaire du roi et le bal que le palais organisait en son honneur. Ce serait sa vraie première sortie officielle, même si Otto et Wilhelm lui avaient assuré que l'événement resterait privé.

Melek soupira. Il lui faudrait d'ici-là maîtriser la valse et l'art de la discussion. Ses professeurs allaient lui faire vivre l'enfer. Elle avait tout de suite moins hâte de rentrer à Löwenstadt.

Wilhelm enfouit son visage dans sa chevelure et ses pensées divaguèrent.

Pour le moment, elle était dans ses bras, au chaud, le soleil perçait délicieusement à travers les rideaux et personne ne viendrait les déranger. L'odeur chaude de la peau de Wilhelm la déconcentra d'autant plus.