"Une rose incarnait son coeur.
Une fleur aux pétales rouges, que rendrait bientôt noire le malheur."
À quelques semaines de la rentrée, Vénus De Villiers, une jeune femme tout juste majeure, se retrouve embarquée dans une aventure sinistre. En effet...
"Tout est mystère, et la clé d'un mystère est un autre mystère."- Ralph Waldo Emerson
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Cabinet du Médecin Légiste, 17 heures
Christopher
Le carnet de Katy est un véritable torchon. À lire. À voir. À étudier. Les premières pages mentionnent des sévices que je pourrais qualifier de sobres, au vu de ce qu'elle décrit plus loin, mais elles n'en demeurent pas moins traumatisantes.
Katy raconte qu'à l'âge de quinze ans, elle s'est fait renvoyer de l'école pour avoir consommé de l'alcool. Elle dit ne pas avoir compris pourquoi, ce qui en dit long sur son éducation et sur sa notion de la normalité. Ses parents, pour ça, lui ont interdit de retourner à l'école et ne l'ont plus jamais autorisé à sortir. Du moins, en dehors du jardin. Elle précise aussi avoir toujours été battue, mais que la situation s'est gravement détériorée lorsqu'ils ont décidé de la séquestrer.
Les recherches de Dax confirment son témoignage. Après son renvoi, elle n'a plus donné signe de vie et si j'en crois les faits, personne ne s'en est soucié.
Dans les pages qui suivent, elle exprime sa colère, sa douleur et son impuissance. Elle décrit en détails ce qu'elle subit ; les coups, les changements d'humeur de sa mère, les insultes ainsi que les vices de son père, qui apparaissent un peu plus tard. Elle parle également des longues nuits passées à pleurer en silence, des fois où elle a tenté de se défendre mais où cela n'a fait qu'empirer les choses. Elle raconte comment sa mère l'accuse de tous les maux, la tenant responsable de ses propres frustrations et échecs. Elle décrit l'épuisement émotionnel et physique qui l'envahit, la sensation d'être prise au piège dans un cycle de maltraitance sans fin. Elle parle de son désir de liberté et explique que le dessin est une façon pour elle d'échapper à la réalité. Sa réalité. Elle parle de la haine qu'elle ressent pour ses parents, mais aussi de la culpabilité qui la ronge, car malgré tout, une partie d'elle continue de désirer leur amour, leur approbation, qu'elle sait pourtant impossible à obtenir. Son corps la trahit, ses forces l'abandonnent. Elle évoque les marques sur sa peau, souvenirs de chaque passage à tabac, et l'amertume de constater que son propre reflet lui est devenu insupportable.
À partir du paragraphe sept de la page cent-quatre, les sévices qu'elle dépeint sont plus récurrents, plus forts et plus douloureux. Elle dit perdre des dents, des cheveux, ne plus voir grand chose et sentir que sa mâchoire a un problème. Ce qui, par ailleurs, explique l'état dans lequel nous avons retrouvé son cadavre. Elle évoque ses tentatives de fuite, répétées mais toujours vaines, ses regrets ainsi que sa mort. Inévitable.
J'ai cru devenir fou. Chaque phrase, chaque rature. Sa manière de raconter, si singulière, ou même d'écrire, avec ses boucles exagérées et ses virgules trop longues. Putain, c'est de loin le truc le plus sombre et le plus navrant que j'ai eu à analyser depuis de nombreuses années. Pour dire, Mafalda est sortie de la pièce quand j'ai exposé certains passages et Ernest, Wyatt ainsi que Deva ont eu quelques difficultés à contrôler leurs émotions. Quant à moi, j'ai fait mon travail. J'ai gardé la face.