11.

2K 188 32
                                    

« Il pleut. »

Il est presque vingt-deux heures, ce mardi, lorsque Tristan envoie ce message à Martin. Allongé confortablement sur son lit, il observe la pluie tomber drument à travers la fenêtre. Il n'a pas à attendre très longtemps avant de recevoir la réponse de Martin. Son téléphone vibre une fois, deux fois, trois fois, et il lit :

« Ouais c'est chiant. »

« On se voit quand même, hein ? »

« Tu peux venir chez moi si tu veux. »

Tristan répond aussitôt par l'affirmative et se retourne sur son lit, enfouissant sa tête dans l'oreiller. Encore une ou deux heures à tuer avant de le rejoindre. Il s'est ennuyé ferme, aujourd'hui, et après le diner il n'a pas eu le courage de rester avec ses grands-parents pour regarder un de ces téléfilms ennuyeux. Ses sœurs non plus, d'ailleurs. Il les entend dans la pièce d'à côté, riant à gorge déployée, apparemment au téléphone avec une de leurs amies. Il tend l'oreille pour essayer d'écouter leur conversation mais abandonne rapidement. Il attrape son ordinateur et commence à écumer les réseaux sociaux désespérément.


Aux alentours de vingt-trois heures, il entend du bruit au rez-de-chaussée et se lève de son lit précipitamment. En passant la tête entre les barreaux de la cage d'escalier, il voit que ses grands-parents ont éteint la télévision et qu'ils s'apprêtent à aller se coucher. Tristan fait demi-tour sur le champ et enfile hâtivement une veste et une paire de baskets. Il attend tout de même une dizaine de minutes avant de sortir à nouveau de la chambre, au cas où. Sur la pointe des pieds, il descend les escaliers et se dirige vers la cuisine. Il ouvre la fenêtre et se faufile à l'extérieur.

La pluie tombe toujours à flots. Tristan ne peut pas utiliser son vélo, alors il prend son courage à deux mains et se lance sur le chemin de terre.


Lorsqu'il arrive enfin devant chez Martin, il est complètement trempé et son pantalon est recouvert de boue.

- Ah ouais, quand même ! » s'exclame Martin en lui ouvrant la porte à l'arrière de sa maison.

Tristan hoche la tête et écarte de son front ses cheveux ruisselant d'eau.

- Je ne pensais pas qu'il pleuvait autant. J'aurais dû mettre des bottes en plastique. »

- Attends je vais te prêter des vêtements, t'inquiète. »

Il lui fait signe de le suivre à l'étage et le fait rentrer dans sa chambre. Elle est située un peu à l'écart des autres pièces et ils sont normalement tranquilles ici, ni ses parents ni son frère ne devraient les entendre. Une fois la porte fermée Martin s'avance vers sa commode de laquelle il sort un short de sport et un épais pull gris.

- Tiens, mets ça » dit-il à Tristan en lui tendant les affaires.

Tristan le remercie mais hésite une seconde. Est-il censé se changer là, devant lui ? Il n'est pourtant pas de nature pudique, et est loin d'être complexé par son corps. Mais c'est Martin, chuchote une petite voix dans sa tête. Il lève les yeux au ciel. Ce n'est pas comme s'il ne l'avait jamais vu en maillot de bain. Il y quelques jours ils étaient ensemble à la plage de Dieppe. Tristan se sent stupide de réagir ainsi et commence à se déshabiller pour enfiler les vêtements qui viennent de lui être prêtés. Il n'est cependant pas aussi grand ni aussi musclé que Martin et le pull se révèle beaucoup trop large pour lui, le col mal ajusté dévoile sa clavicule. Il est obligé de faire un triple nœud à la lanière du short pour qu'il ne tombe pas trop bas sur ses hanches.

Lorsqu'il se retourne, Martin est allongé sur son lit et est absorbé par quelque chose sur son téléphone. Tristan se sent alors encore plus stupide. Martin n'en a rien à faire de le voir en sous-vêtements, il est peut-être même en train d'écrire à Valentine. Il a l'air extrêmement concentré et Tristan n'ose pas le déranger. Il reste donc planté au milieu de la pièce, laissant promener son regard autour de lui.

Au beau milieu de nulle part [bxb]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant