Martin est déjà dehors quand Tristan arrive devant chez lui. Accoudé à la barrière, il le regarde avancer avec un sourire. Tristan s'arrête une seconde, soudain un peu hésitant, mais comme Martin ne fait pas mine de s'approcher, il franchit les derniers mètres qui les séparent et dépose un léger baiser sur ses lèvres.
Martin se recule et lui sourit presque timidement.
- Ça fait bizarre, un peu » avoue-t-il en montant sur son vélo.
Tristan fronce ses sourcils. Ça ne fait pas bizarre, pour lui. À vrai dire, il en avait tellement rêvé que la situation lui paraît presque familière. Même si, pour être complètement honnête, dans ses rêves Martin se montrait bien plus entreprenant. Car Tristan remarque que le blond n'agit pas tellement différemment de d'habitude, et alors qu'ils sont tous les deux allongés sous les arbres de la forêt, il se met à l'observer attentivement. Martin se tient à une distance raisonnable de lui, et ne fait pas de geste pour se rapprocher. Il ne le touche pas, et le regarde à peine. Mais Tristan sait que tout ça est nouveau pour lui, et que ce n'est que le premier jour, alors il se retient de se jeter sur lui comme il en crève d'envie.
Mais au bout de quelques heures, il n'y tient plus : il finit par se relever sur ses coudes et approche son visage de celui de Martin. Celui-ci ne se recule pas, et lui adresse un petit sourire que Tristan prend pour un encouragement. Tristan ferme alors ses yeux et s'empare de ses lèvres avec ardeur. Martin semble plus timide que les fois précédentes, et quand Tristan pose sa main sur son torse pour le plaquer au sol, il s'écarte doucement. Il lui lance un regard indéchiffrable avant de se rasseoir correctement.
Il lève cependant sa main, après quelques secondes, pour venir caresser la joue de Tristan avec délicatesse. Ce dernier tourne le regard, ravalant sa déception alors qu'il a l'impression d'avoir été repoussé. Martin semble le remarquer, et il se penche pour déposer un léger baiser sur son front.
Moins d'une demi-heure plus tard, ils se relèvent pour rentrer chez eux. Ils pédalent dans la nuit noire, et Tristan se tourne vers Martin quand ils arrivent devant la maison de ses grands-parents. Il le scrute un instant dans la pénombre, et, se sentant courageux et voulant retenter sa chance, il lui propose avec cran :
- Tu veux dormir chez moi ? »
Martin semble hésiter un instant, mais il finit par céder. Il hausse les épaules et suit Tristan dans le jardin, en attrapant la main qu'il lui tend.
Tristan le mène jusqu'à la maison, ils escaladent la fenêtre de la cuisine et montent les escaliers sur la pointe des pieds. Ils passent devant la chambre d'Anastasia et Gabrielle, sûrement profondément endormies en cette heure tardive, et pénètrent dans celle de Tristan qui ferme soigneusement la porte derrière eux.
Ils n'allument pas la lumière, et Tristan sent Martin se déshabiller à côté de lui. Le bruit de ses vêtements tombant au sol l'excite plus que de raison et il se glisse sous les draps, attendant que Martin vienne le rejoindre. Son ventre se noue d'anticipation alors qu'il sent le matelas s'affaisser à côté de lui.
Pourtant Martin ne s'approche pas. Tristan peut sentir sa présence à côté de lui, mais le blond ne bouge pas, sauf pour rabattre la couverture sur son corps avant de lui murmurer un faible « bonne nuit ».
Tristan hausse ses sourcils. Ce n'était pas tout à fait l'idée qu'il avait en tête quand il lui a proposé de rester. Il attend quelques secondes, priant pour que Martin s'approche et le serre dans ses bras, au moins. Il a envie de sentir son corps contre le sien, son souffle dans son cou, ses lèvres sur les siennes. Mais rien ne se passe, et quand il se relève pour prendre les devants il constate avec déception que Martin s'est déjà endormi. Il lève les yeux au ciel et se laisse retomber lourdement sur son lit.
VOUS LISEZ
Au beau milieu de nulle part [bxb]
RomanceTristan passe tous ses étés chez ses grands-parents, dans un petit village de la campagne normande. Là-bas, rien d'exceptionnel. Il fait du vélo, joue à des jeux de société, et s'ennuie un peu. Maintenant qu'il a dix-huit ans, il pourrait échapper à...