Mieux vaut tard que jamais ver.2

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- Lorsque j'étais petit, il était inconcevable pour moi que deux hommes ou deux femmes puissent s'aimer. Mes parents ne me l'avaient pas vraiment expliqué, ils avaient préféré l'insouciance enfantine à la connaissance de tous les sujets sensibles du monde pour leur enfant de dix ans.

L'homophobie ne régnait pas non plus dans notre famille mais à quoi bon lui apprendre ce genre de chose maintenant ? Ce n'était pas pressé, ça ne le concernait pas et cela risquerait de briser cette idéologie qu'on seulement les enfants. Tu sais, pas celle où ils pensent que la seule chose qui est important pour eux est d'avoir leur peluche dans les bras, non pas celle-là, plutôt celle où chaque enfant a une foi absolue en l'espèce humaine, en croyant que la paix règne partout dans le monde, où ils ne connaissent même pas le sens des mots " pauvreté ", " guerre " et " terrorisme ".
Celle où, tout le monde est heureux et reçoit l'amour qu'il mérite.

Cette idéologie qui brise finalement tous les enfants à un moment donné, lorsqu'ils comprennent enfin le charabia qui est dit à la radio tous les matins et soirs dans la rubrique info.

Le jeune homme fit une pose, réfléchi quelques instant et reprit.

- Pourtant cette prise de conscience ne m'a pas énormément affecté. Bien sûr, elle a noircit l'image que j'avais du monde mais je suis vite retourner à mes petites voitures. Il faut dire que ça ne me concernait pas vraiment... même si, à bien y réfléchir, mes petits jouets finissaient depuis ce moment là, au bout de seulement quelques minutes, à se déclarer la guerre, en faisant de grand dérapages sur le parquet de ma chambre pour blesser leurs opposants. Ils se battaient pour tout et pour rien, tout était sujet à la guerre : les voitures filles, la couleur de la carrosserie ou juste la marque de la voiture. C'était des combats violents, et j'étais obligé de les soigner après, avec de la colle forte pour recoller les rétroviseurs cassés.

Alors oui, l'homosexualité ne m'avait pas vraiment effleurer pendant tout ce temps, contrairement aux conflits qui opposaient les différents pays du globe. Et puis les filles me plaisaient bien. D'ailleurs, je ne sais pas si tu vois, mais tu te souviens cette filles qui était très populaire lorsque tu es arrivé en sixième ?

- Ah oui ! Petite, les cheveux foncés et un visage assez rond ?

- C'est ça !

- Mince ! Comment s'appelait-elle déjà ? Mila ? Lisa ?... Ah non ! Mina !

- Exactement. Eh bien j'ai été avec elle pendant plusieurs mois... enfin bref, c'était une fille parmi tant d'autres, et elle n'est pas celle avec qui j'ai eu l'histoire la plus sérieuse...

Le plus jeune des deux esquissa un sourire narquois à cette remarque en essayant vainement de s'imaginer son aîné en couple, âgé à ce moment là de quatorze-quinze ans.

- Et puis le temps n'a pas vraiment changer les choses, un mec populaire est beau, intelligent, sportif, viril et fou amoureux de la plus belle fille du bahut. Avec un regard extérieur, je me rends bien compte aujourd'hui, qu'à cet âge là, j'étais noyé dans les stéréotypes, tant par les autres que par moi même. Et finalement, peut être que cette idéologie enfantine n'avait pas été tout à fait brisée. Qu'il en restait encore quelques fragments qui s'attachaient aussi fort qu'ils le pouvaient à moi, criant désespérément « Non, on ne part pas ! Il veut encore de nous ! ». Mais comme tu l'as deviné, tout à une fin et je n'ai pas tardé à sombrer dans l'immense réflexion que nous offre si aimablement l'homosexualité lorsqu'elle nous frappe en plein fouet.

Il fit de nouveau une pose pour prendre une gorgée de son café encore chaud. En face de lui, son ami avait la tête baissée sur son chocolat chaud, le touillant rapidement à l'aide de la cuillère donnée par la serveuse, dans l'unique but de créer un immense tourbillon dans sa tasse.

Mieux vaut tard que jamais ver.2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant