One Last Mission T05 ~The Wars We Fight For| ✅

chapitre 20 : nos cœurs en miettes

Nala reprit donc un nouveau fil de suture pour attaquer la dernière plaie. Si elle était stabilisée au niveau de ses mains pour ne surtout pas faire plus de mal à Nash que nécessaire, elle avait encore l'impression d'être absente. Elle n'arrêtait pas de vouloir retourner dans la chambre de Bonnie pour voir si tout allait bien. Chaque minute, chaque seconde, elle ne pensait qu'à ça. De millions de petites voix différentes se bousculaient dans sa tête à force de se retourner des "et si". 

Des "et si" dangereux. 

Nala piqua à nouveau la peau de Nash avec l'aiguille et elle le sentit raidir sous la douleur. Face à cette blessure, elle ne se sentit que d'autant plus coupable. Alors qu'elle avait littéralement traversée l'enfer sous des nuages de Napalm et des bruits de canons et de missiles sans même vaciller des paupières, là... Un crissement de pneus avait suffi à la faire figer sur place, comme si soudain, elle s'était changée en statue de pierre. Elle n'osait même même pas penser à ce qui se serait passé si...

Non. 

Encore un "et si" qui allait la faire péter un câble. 

Elle se reconcentra sur ce qu'elle faisait et c'était là qu'elle vit du coin de l'œil la zone que la blessure avait atteinte. Au milieu de la chair éraflé du flanc du jeune homme, se distinguait les vieilles cicatrices au niveau de son rein. C'était là qu'une mèche de ses cheveux tomba dans sa vision alors qu'elle en était aux derniers points de sutures. Elle s'apprêta à souffler dessus quand Nash la lui remit délicatement derrière l'oreille. Son geste était si rempli de douceur, si attentionné qu'elle manqua de peu de trop serrer le fil. La jeune femme finit donc, coupa le dernier fil et se redressa pour lui assurer, du mieux qu'elle pouvait.

- Voilà, ça devrait aller mais j'ai bien peur que Milo ai raison... Il faudrait que tu ailles à l'hôpital, histoire que...

- ça va aller pour moi, Nala, ne t'inquiète pas.

Les hommes sont chiants. Nala soupira, agacée et replongea sa main dans sa sacoche pour en sortir un grand pansement. Elle ouvrit le paquet et alors qu'elle calcula comment elle allait bien pouvoir le mettre sans qu'il ai plus tard à devoir arracher la moitié de sa peau à vif, ses yeux se reposèrent sur ces fameuses cicatrices. C'était dingue, elle avait vu son lot de peau reconstruite dans sa vie, après tout elle avait vu les innombrables de Jay mais là... Elle ne pouvait juste pas l'expliquer. Peut être juste la curiosité non assouvie...

- Je... Je suis tombé malade, il y a quelques années. 

Elle n'avait vraiment pas été discrète. Elle posa le pansement un instant et s'assit sur le tabouret en face de lui pour continuer d'abord à lui essuyer tout le reste du sang séché et du nouveau qui avait coulé avec ses points de sutures. Nash grimaça un petit moment sous l'atroce sensation que ça provoquait mais finit par continuer.

- Je suis allé à l'hôpital et... Ils m'ont dit que mon rein gauche avait thrombosé. Bref, ils l'ont retiré et je suis rentré. Des semaines sont passé sans que je n'ai quoi que ce soit d'autre et... ça a recommencé. De l'autre côté. La même merde. Ils m'ont mit sur la liste de transplantation mais... J'allais d'abord rester un bon moment dessus et sous dialyse. Et... Il aurait fallu que j'ai une rupture pour que... Pour que je remonte tout en haut. Sauf que... Le même jour, le même moment... Il y avait cette petite fille de... Peut être 13 ans ? Le rein lui était destiné et vu que moi j'étais déjà au bloc ils ont préféré le donner à moi. Alors j'aime pas en parler parce qu'une petite gamine est morte pour que moi... Pour qu'un riche homme blanc, puisse survivre. 

Nala le regarda sans rien dire. Après tout, comment est ce qu'elle pouvait ? Qu'est ce qu'elle pouvait bien dire ? Ce n'était pas vraiment ce qu'elle s'était imaginée. Mais pourtant, elle réussit quand même à lui demander.

- Tu sais que ce n'est pas de ta faute, hein ?

- Et pourquoi est ce que ça ne serait pas le cas ?

- Et bien parce que tu n'as pas choisi de tomber malade.

- Elle non plus.

- C'est vrai. Et les enfants ne devraient jamais mourir... Mais ça ne changera pas au fait que t'es un gars bien, Nash. Loin de ces connards de riches blancs qu'on déteste tous.

Il réprima un rire offusqué et passa une main dans ses cheveux fins qui tombaient sur son front en petites loques ébouriffées.

- Tu serais étonnée du contraire.

- Ah bon ? Tu viens de sauver la vie de ma fille en mettant la tienne en péril et je devrai croire que tu es un atroce salopard ?

Il continua à passer ses doigts dans ses cheveux jusqu'à arriver à son cou et Nala essaya de lui assurer.

- J'ai connu beaucoup de personnes qui feraient rougir le Diable en personne, Nash. Vraiment. T'es loin de cette liste là.

Voyant qu'il n'était toujours pas convaincu, elle lui demanda, tout en mettant enfin le pansement sur ses plaies recousus. 

- Pourquoi tu me dis ça maintenant ?

- Parce que je crois que je peux arrêter de me défendre vis à vis de toi, non ?

Nala lui adressa un sourire empli de tendresse en guise de remerciements avant de saisir le t-shirt posé sur le comptoir pour le lui tendre.

- Tiens, quelque chose sans sang.

Il regarda le vêtement avec hésitation et Nala soupira en continuant.

- Vous étiez en famille d'accueil ensemble, non ? Ce n'est pas la première fois que tu lui prends ses vêtements.

- Merci...

Fit il avec une pointe d'hésitation. Il l'enfila cependant avec difficultés et se leva du tabouret en tirant une moue endolori.

- Je devrai y aller.

- Où ça ?

- Et ben...

- Nash, tu viens de te faire renverser et j'ai dû te recoudre ! A moins dans une ambulance, je ne te laisserai aller absolument nul part !

- Mais...

- Nash. Juste... Reste. S'il te plaît.

Implora la jeune femme en changeant l'ordre en supplique sincère. Honnêtement, elle était encore vraiment sous le choc et savoir que l'homme qui lui avait évité un désastre la laissait... Elle voulait sincèrement qu'il reste. Sans plus d'explications. Les yeux de Nash se mire à luire sous le doute qui planait et il lança quelques coups d'yeux à la porte, même. Mais il finit par lâcher un petit soupir et enleva de nouveau sa veste, défait.

- D'accord. Je resterai.