Chapitre 7

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Marie avançait pas à pas dans la pénombre. Les chuchotements s'étaient amplifiés. Ils inintelligibles, envahissant sa tête par vague. C'était comme un étau de mots qui l'emprisonnaient avec des variations sonores qui alternaient des chuchotements, des murmures et des éclats de voix. Des voix d'hommes, de femmes, d'enfants avec différentes émotions. Des rires, de la colère, des pleurs, de la joie ... Elle crut même entendre des cris de bébés. C'était comme des fréquences d'une radio qui défilaient à toute vitesse dans sa tête. Un bruit infernal qui s'arrêta d'un coup dans un silence qui la soulagea.

Elle continua alors d'avancer plus sûrement vers cette lumière orangée qui brillait intensément au loin. Une lumière familière qui l'appelait. Elle était attendue là-bas, elle en était persuadée. Il fallait juste qu'elle domine cette peur qui commençait à grandir au fur et à mesure qu'elle se rapprochait.

Petite, elle avait peur de l'obscurité. Cela avait commencé tôt, vers ses deux ans et ça avait fini tard vers quinze ans. Elle dormait avec une petite veilleuse au pied du lit. Elle avait peur des monstres. Elle avait peur qu'ils surgissent de portes invisibles qui se dessineraient sur les murs. Elle avait peur qu'ils l'attendent tapis en dessous de son lit. Le moindre bruit dans sa chambre la faisait sursauter. Son cœur battait alors à la chamade. Son angoisse dépassait la raison. Et la seule solution qui restait pour s'en échapper, était de s'endormir. Elle s'endormait toujours vite pour ne pas les entendre car elle pensait être protégée pendant son sommeil. Elle se souvient de nuits où elle se réveillait en hurlant de terreur.

Elle faisait beaucoup de cauchemars comme si finalement ses rêves lui ouvraient des portes sur un imaginaire abominable. Une imaginaire qu'une petite fille ne pouvait supporter de voir. Elle se souvient de sa mère qui accourait rapidement pour allumer toutes les lumières et pour la prendre dans ses bras. Elle la tranquillisait en la berçant et en lui chuchotant à l'oreille que ce cauchemar n'était pas vrai. Elle se rendormait tranquille car Maman allait veiller sur elle le reste de la nuit. Plus tard, sa mère agitait les bras en rond au-dessus de son lit pour évacuer les mauvaises ondes qui empêchait sa fille de dormir. Et voilà que dans cet endroit, elle ressentait la même angoisse nocturne. Une voix aiguë lui parla :

- Lumière, pensée, lampe !

Evidemment ! Pourquoi n'y avait-elle pas pensé plus tôt ? Marie se croyait toujours dans un réel où la magie n'existait pas ou seulement  par intermittence quand on voulait bien la voir. Il fallait absolument qu'elle s'entraine à penser spontanément pour se faciliter la tâche. Elle avait donc besoin d'une lampe torche pour y voir un peu plus clair. Aussitôt pensé, aussitôt fait, celle-ci se matérialisa immédiatement dans sa main. Elle l'alluma et poussa un cri de surprise à la vue de tout ce qu'elle voyait. C'était gigantesque. Elle avait l'impression d'être une petite fourmi. Elle remercia la voix qui était sortie de nulle part. Mais il n'y eut pas de réponse.

Elle s'était arrêtée pour regarder autour d'elle tout balayant le faisceau de lumière partout. La pièce où elle se situait, était immense parsemée de grandes colonnes aux diamètres impressionnants. C'était une pièce rectangulaire avec un sol composé de carreaux incrusté de figures géométriques. Au milieu de la pièce figurait un bassin dans lequel coulait de l'eau verte lumineuse. Elle projeta la lumière vers le haut mais le point lumineux fut absorbé par l'obscurité comme s'il n'y avait pas de fond. Le temple était encore plus grand à l'intérieur qu'à l'extérieur. Sur les murs se dessinaient de grandes fresques en couleur. Une sorte de 4x3. Marie s'approcha pour les voir en détail. Elle avait dû mal à jauger la distance. Elle parcourut 50 mètres. La première fresque visible était une représentation en couleur d'un homme vêtu d'une peau de bête qui semblait tout droit sorti de la Préhistoire. Il avait le torse peint et portait autour du cou un coquillage sculpté en forme de mammouth. Son crâne était plat et allongé, son nez large et sa mâchoire un peu avancée. Il avait des cheveux roux. On dirait l'homme de Néanderthal, songea Marie, cette race d'homme éteinte avant l'arrivée d'homo sapiens il y a 40 000 ans.

Une nuit à rêverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant