Retrouvailles

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Devant Sieg, qui se tenait à un arbre pour ne pas s'écrouler, Livai tenait une lame entre ses deux mains, les pieds bien ancrés dans le sol, le souffle coupé, les yeux rivés sur son objectif. Il avait livré un dur combat il y a quelques minutes, et la fumée qui se dégageait des blessures de l'autre en témoignait. Le blond avait été charcuté de tous les côtés, que ce soit sous sa forme titanesque ou humaine. L'équipe des vétérans du bataillon de tenait non loin, totalement épuisée par les combats contre les différents Titans que le Bestial avait transformés. Tous les membres regardaient le caporal, qui malgré les apparences était tout aussi fatigué qu'eux. Certains essayaient de le dissuader, de lâcher l'affaire, mais la détermination du Caporal balayait toutes ces éventualités. Le noiraud avait une rage dans les yeux que personne ne pouvait contenir ou calmer, enfin plus personne plus exactement, mais le seul être en cette Terre qui pouvait le réguler était mort depuis 4 ans déjà. Une promesse avait été prononcée à ce moment tragique, et Livai comptait bien la tenir. Son souffle était court, mais c'est sa haine qui le faisait tenir debout.

Dans un dernier élan, il se rua vers Sieg pour lui asséner un coup décisif, mais alors qu'il n'était plus qu'à quelques centimètres, le bras levé, un spasme traversa sa jambe puis tout son corps et il tomba lourdement sur le sol, haletant difficilement.

Son adversaire le dépassa alors que ses alliés le regardaient, totalement impuissants, avant de repartir au combat.

- Tu t'es bien battu Caporal...

Le noiraud réussit à se tourner sur le dos dans l'attente de se relever, sans succès. Il pouvait sentir la compassion qu'avait le blond à son égard, mais il n'en voulait pas.

- J'vais te buter salop

- Vu ton état j'en doute...

C'est à ce moment là que Livai se rendit compte de la gravité de la situation. Du sang recouvrait tout son corps, et il n'avait pas l'air de s'évaporer, c'était bel et bien le sien qui continuait de couler le long de ses multitudes blessures, dont une plaie à la tête. Sa jambe droite était démise, un de ses bras brûlé, mais il avait surtout une grande ouverture béante le long de sa taille. Sa chute avait tout empiré, et le sang s'écoulait dorénavant sur le sol, là où quelques brins d'herbe brûlés résidaient tant bien que mal, bientôt rougis par la vie qui s'échappait peu à peu du corps meurtri du Caporal.

Contrairement à ce que l'on dit, notre vie ne défile pas devant nos yeux à l'heure de notre mort. Pour le caporal-chef, ce fut un souvenir, un en particulier qui lui est revenu. Ce moment où une pluie de pierres s'était abattue sur eux, et que son Major s'était enfin pleinement confié à lui. Cet instant où, un genou à terre, il lui avait fait cette promesse pour laquelle il avait tant lutté pour l'accomplir, tuer le Bestial. Ce sourire, si rare, que lui avait adressé Erwin à cet instant, pourtant si propice à la tristesse et au désespoir, avait continué à le guider même après sa disparition, sur ce toit où ses yeux s'étaient fermés une dernière fois.

Comprenant qu'il ne pourrait pas accomplir sa promesse et venger celui à qui il avait donné sa vie, une larme glissa le long de sa joue, se confondant avec le sang déjà présent. Sa main se tendit vers le ciel, ce bleu qu'il lui avait fait découvrir, la couleur de ses yeux désormais éteints, mais tout n'était plus qu'à présent un vide amas de fumée grise et étouffante.

- Erwin...

Ce fut sa dernière source de pensées avant que ses pupilles ne se dilatèrent et que, dans un dernier souffle, la vie quitte son pauvre corps. Les héros ne meurent pas forcément comme la légende en attendrait d'eux.

Sieg soupira tristement devant tout ce massacre que les guerres provoquaient, et jetant un dernier regard au caporal, il partit vers la direction où les subordonnés de celui-ci étaient partis.

Recueil d'OS {EruRi}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant