Partie VII

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Emmitouflé dans son duvet, Winston écoutait attentivement les derniers mots de Lucie en jetant quelques regards à l'affût vers l'obscurité des bois. Lucie était redevenue calme et commençait à se réchauffer, elle aussi confortablement installée dans son duvet. Après avoir mangé sa part de pizza, elle s'assit en tailleur face à Winston et commença calmement :

- Il y a plus de quinze ans, j'habitais pas loin d'ici, dit-elle. Mon grand frère m'accompagnait régulièrement dans la forêt. Le jour de mes dix ans, il m'a offert un cadeau particulier.

Winston resta silencieux. Il l'écoutait et elle continua :

- Il m'offrit cette cabane. Il avait construit un plancher et ensemble on a construit les murs, un toit et rendu le lieu magique. Tu n'imagines pas les innombrables aventures vécues ici ! Bref, mon frère et moi y allions régulièrement l'été pour améliorer la cabane à l'aide de bric et de broc qu'on trouvait.

Elle s'interrompit brusquement. Le son retentit de nouveau pendant quelques secondes qui paraissaient infinies. Il s'élevait dans la pénombre. Celui-ci était différent de celui des premiers bruits.

Ce son a l'air de se déplacer à chaque fois qu'il se manifeste. Ni Lucie, ni Winston n'osaient bouger d'un millimètre.

Déterminée, Lucie reprit ses mots après cet instant de frayeur générale et faisant comme si de rien n'était, elle saisit la main de Winston :

- J'ai rencontré une petite fille de mon âge durant un des étés, dit-elle d'une voix tremblante. Je l'ai vue pour la première fois un jour ensoleillé, elle n'osait pas s'approcher mais m'observait derrière un arbre. Puis je ne l'ai vue qu'une seconde fois le jour de sa disparition.

Lucie reprit son souffle, laissant échapper un filet de buée de sa bouche, elle poursuivit :

- J'ai été la voir et me suis présentée. En retour, elle m'a dit qu'elle était la fille du garde forestier. Puis, on est montée dans la cabane et on a parlé toute la journée. Un détail m'avait marqué tu sais, elle avait une écharpe parce qu'elle disait avoir froid, pourtant on était en plein été tu comprends. Tu me connais Winston, je ne souhaitais pas la mettre dans une situation d'inconfort, alors je n'ai rien dit. Mais écoute moi, il faisait plus de trente degrés et sa peau était glaciale, tu le crois ? Quelques jours plus tard, j'appris qu'une fillette avait été retrouvée morte dans cette forêt l'hiver précédent cet été-là. C'était la fille du garde forestier.

Toujours attentif, le jeune homme prenait de plus en plus peur :

- Pourquoi est-ce qu'elle me raconte ça ? pensa-t-il. Pourquoi maintenant !

Il sentait sa main droite chauffer peu à peu, un peu trop même. Une sensation de brûlure commençait à apparaître mais il ne voulait pas lâcher la main de Lucie. Il avait peur.

Une fois de plus, le son retentit. Il couvrait tous les autres bruits de la faune forestière. Cette fois-ci, il provenait d'un autre endroit encore. Toutefois, un peu plus proche encore que le précédent.

Winston devait faire sortir sa peur :

- Mais qu'est-ce que c'est que ça ? Ça venait de l'endroit où on a laissé la voiture, t'entends ? C'est dans cette zone d'où venait le bruit. Qu'est-ce que ça peut bien être ? craqua Winston.

- Je ne sais pas du tout, dit Lucie tremblante mais froidement. Je crois que tu devrais entendre la fin de mon histoire...

Pendant les minutes qui suivirent, je n'entendis plus aucun son provenant de la cabane. La lune était haute dans le ciel et sa pâle lumière inondait la forêt.

En bas dans la forêtOù les histoires vivent. Découvrez maintenant