chapitre 10. suadere

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Pour le coincer je n'avais trouvé qu'une solution : l'attendre avant qu'il ne finisse son repas. Ça faisait un peu psychopathe mais je restais fidèle à mon poste devant la porte de la Grande Salle en scrutant chaque personne qui sortait de celle-ci. Il y avait de quoi s'endormir, immobile, droite comme un piquet. C'est à cet instant qu'un des fantômes de Poudlard m'est rentrée dedans, m'est passée au travers plus exactement ; comme si on voulait me réveiller. En me retournant je reconnu le Moine Gras, fantôme de Poufsouffle qui discutait joyeusement comme à son habitude avec des jeunes élèves ; il n'avait pas du me voir. Mon regard se reposa sur l'entrée de la Grande Salle. Les élèves sortaient de plus en plus nombreux et il me fallu plus de concentration pour reconnaître le Serpentard que je cherchais. Mes yeux s'arrondirent lorsque j'arrivais à discerner ses cheveux bruns qui survolaient presque la foule. Je le suivis rapidement en bousculant au passage quelques élèves.

- Tom ? l'interpellais-je une fois à sa hauteur.

Il était accompagné de deux serpentards que je reconnaissais comme étant ceux de la soirée de Slughorn : Avery et Lestrange. Je me suis forcée à ne pas déglutir mais à m'avançer l'air sûre de moi. Ils se sont tous les trois tournés le regard interrogateur. Quand Jesusor m'eut reconnu, un sourire à modifier son visage surpris. Il jeta un regard à ses camarades et leur fit un coup de tête pour les inciter à partir sans lui. Une fois qu'ils ont continué chemin seuls, Tom s'est avancé vers moi les yeux brillants.

- Hermione, susurra-t-il.

Je lui souris alors que tout mon corps me disait de grimacer. Mais il fallait que je poursuive le plan.

- Tu es libre ce soir ? lui demandais-je sans détour, déterminée à finir rapidement cette conversation.

Il explosa de rire en haussant haut ses sourcils.

- Et ben je dois dire que je te pensais plus subtile, laissa-t-il sous entendre en mimant son sourire charmeur.

Je n'ai pas pu retenir mon roulement d'yeux.

- Non pas pour ça, grognais-je en croisant les bras.

Il continuait néanmoins de rire sans que je ne puisse l'arrêter.

- C'est dommage, dit-il en plantant son regard dans le mien.

Un rictus s'est échappé de mes lèvres pendant que mes yeux essayaient de se détourner des siens. Le plan Hermione.

- Bon alors, tu es libre ? lui redemandais-je prête à ne rien lâcher.

Il se mordit la lèvre inférieur en regardant autour de lui. Le couloir était maintenant libre ; les élèves étant tous rentrés dans leur salle Commune, il n'y avait plus que lui, moi et le concierge qui lavait le sol.
J'attendais sa réponse en misant tout sur sa sois-disant attirance pour moi. En espérant qu'il est plus envie de passer du temps en ma compagnie que d'éliminer les élèves de Poudlard.

- C'est tentant... mais désolé pas ce soir.

Il s'était retourné en suivant les traces de ses deux amis. Déterminée à ne pas mourir ce soir, je le poursuivais pour l'arrêter.

- Je ne t'ai même pas dit pourquoi ! répliquai-je en le forçant à s'arrêter.
- Oui mais tu m'as dit ce qu'il n'y aurait pas, répondit-il en ricanant.

J'exaspèrerais silencieusement.

- Pourquoi tu ne veux pas ? m'impatientai-je.

Je savais que ça ne serait pas facile de le convaincre mais je n'imaginais pas que ça serait aussi épuisant.

- Pourquoi c'est si important tout d'un coup ? répliqua-t-il en se rapprochant sans prévenir.

Je manquais de trébucher mais soutins son regard en gardant la tête froide.

- Tu n'as pas répondu à ma question.
- Toi non plus, releva-t-il en souriant.
- J'ai demandé d'abord, grommelais-je en reculant d'un pas.

Il haussa un sourcil en posant son épaule contre le mur du couloir, faisant basculer son poids sur le côté.

- Je... je voulais apprendre à te connaître, mentis-je difficilement.
- Apprendre à me connaître ? répéta-t-il sourdement.

Je secouais la tête pendant qu'il m'examinait d'un coup d'oeil. "Apprendre à te connaître." : mais qui fait ça encore ? Malheureusement je n'avais pas trouvé mieux...

- Pourquoi ce soir ? me demanda-t-il curieux.
- Heu...j'étais...trop...impatiente.

Ma réponse nous étonna tout autant l'un que l'autre. Pendant que mes joues devaient sûrement cramoisir, je faisais mon possible pour soutenir son regard qui hésitait à rire. Je sentais bien que j'avais l'air d'une folle à ne rien vouloir lâcher mais je devais absolument le convaincre.

- Je change la règle, finit-il par annoncer.
- Quoi ?

Il ne répondit pas tout de suite afin d'admirer mon visage qui s'étonnait. De quels règles il parlait ?

- J'accepte pour ce soir...

Je respirais d'un coup, soulagée d'avoir réussi ma mission.

- ... mais c'est moi qui apprends à te connaître.

Je le regardais éberluée.

- Mais... non !
- Bon d'accord, à demain.

Il se redressa et tourna les talons, direction les cachots. Je râlais alors en maudissant ce plan qui n'augurait rien de bon dès le départ et me mis à courir après Jedusor pour la deuxième fois de la soirée. En espérant que ça serait la dernière.

- C'est bon j'accepte, tu sauras tout ce que tu veux savoir, lui affirmais-je en lui montrant ma main tendue.

Il sourit une dernière fois avant de s'emparer de celle-ci et de la serrer doucement. Le contact de sa peau me rappella ce soir là, où l'on était si proche l'un de l'autre que je sentais ses respirations. La poignée dura légèrement plus longtemps qu'une poignée de main officielle ; je fus celle qui rompît le contact.

- Si tu m'y autorises, je vais me rafraîchir un peu avant de te rejoindre. Ça ne sera pas long promis, me rassura-t-il d'une voix grave.

Je lui lançais une grimace moqueuse pendant qu'il pouffait de rire. Seulement je ne m'inquiétais pas du fait qu'il prenne un peu de temps pour se préparer. J'espérais surtout qu'il n'aurait pas le temps d'aller faire un petit tour aux toilettes des filles du deuxième étage. Je me rassurais comme je pouvais en me disant qu'il n'oserait sûrement pas le lâcher si il se trouve lui même dans les couloirs du Château.

- Alors rendez-vous..., commençais-je hésitante.
- 5e étage.

J'acquiescai sans poser de question même si je me demandais curieusement ce qu'il y avait au 5e étage. Je n'ai pas eu besoin de réfléchir longtemps.

- Et... prépare ton maillot de bain. Enfin tu n'es pas obligée, ajouta-t-il dans un clin d'oeil.

Je n'ai pas eu le temps de répliquer qu'il partit en me contournant pendant que je maugréais.

1943 {tomione}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant