CHAPITRE 12

37 9 11
                                    

KENZO

Mon père a quitté Bakersfield il y a quelques jours déjà, pourtant, il ne manque pas de me rappeler sa présence en m'envoyant un message, ce matin :

N'oublie pas : pas de bonnes notes en anglais, pas de Chester Avenue.

Je n'en reviens toujours pas. Il oserait me priver de la seule chose qui me fait du bien ! Il est quand même sacrément culotté... Et sacrément con, surtout ! Mais je suppose que tant qu'il passe du bon temps avec sa Krista, plus rien ne compte pour lui, pas même sa famille. Du moins, sa vraie famille. En l'imaginant aux bras de cette femme, mon sang se met à bouillir. Je ne suis pas le genre de gamin qui espère que ses parents se remettent ensemble après un divorce, mais savoir ma mère malheureuse alors que mon géniteur est en train de vivre une vie de luxe qu'il ne mérite pas, ça me fout en rogne.

Je croque avec rage dans une pomme en contemplant son message, auquel je ne répondrai pas. Je suis tellement concentré sur la haine que j'éprouve envers mon père que je n'entends pas ma mère entrer dans la pièce.

— Tu as ta tête des mauvais jours, mon fils.

Je jette le trognon à la poubelle, et avance vers elle pour embrasser son front. Accoudé contre la table, le menton sur mes poings serrés, je l'observe préparer son petit-déjeuner.

— Tu me dis ça tous les matins...

Elle remplit sa tasse de café et me considère avec un air railleur sur le visage.

— Alors fait en sorte que ne soit plus le cas.

C'est une manière perspicace de voir les choses. Mais c'est plus fort que moi. Dès que le nom ou la gueule d'Adrian Rivera traverse mon esprit, je me renfrogne. Je n'y peux rien.

— Allez ! Tu vas finir par être en retard au lycée, si tu continues à discuter avec ta vieille mère !

J'ai à peine le temps d'attraper ma veste qu'elle me jette dehors, et claque la porte d'entrée derrière moi. Quelle manière douce et délicate de souhaiter à son fils de passer une bonne journée !

La fraîcheur matinale est agréable, elle me donne de légers frissons sur les bras. J'enfile mon cuir et chope mes clés dans la poche. Je déverrouille ma voiture, entre dans l'habitacle, et mets le contact. Le moteur qui vrombit me fait sourire. J'enclenche la première et appuie sur l'accélérateur pour voir la voiture quitter l'allée. Une fois sur la route, j'accélère pour tenter d'arriver à l'heure à Lawton High.

* * *

Je suis donc en retard, comme l'a prédit ma mère. De quelques secondes, certes, mais tout de même. Je crois que mes professeurs ont l'habitude, désormais. Je trottine jusqu'à la porte et me plante devant celle-ci, alors qu'elle se ferme juste devant mon nez. Je grogne en levant les yeux au ciel avant de l'ouvrir, sans prendre la peine de frapper. Ma professeure d'anglais se tourne vers moi et me fait les gros yeux, avant de m'indiquer ma place d'un signe de tête. Je traverse les rangs et trouve ma place dans le fond, non loin de Harley et Evie. Je tourne la tête vers la brunette, qui discute avec Blondie. Elles ont vraiment l'air de bien s'entendre, toutes les deux. Je suis certain qu'elles ne possèdent pas le même caractère, pourtant, c'est fascinant de voir comme elles ont l'air compatible, amicalement parlant. Evie est une fille pleine d'entrain, de joie de vivre, mais elle a tout de même un fort caractère, tandis que la mini-slovaque reste assez discrète, calme. Presque secrète.

Quelqu'un Pour ToiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant