Si seulement tu savais...

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Je suis assise entre Ambre et Chase, ce dernier qui s'est volontairement assis à côté de moi. Sans doute pour me rendre folle. Je n'avais presque plus faim. Et rien que de regarder la nourriture, ça ne m'apportait rien de bon.

- "Vous vous rendez compte, s'est écrié Ambre, j'ai un de ces gars dans mon cours, c'est un putain de bg !"

- "Rêves pas poulette, moi y'en a un qui a un de ces bouls, je te décris pas la paire de fesses" (Sacha)

Mon téléphone a vibré. Un message du fameux "Loïc".

*On se retrouve devant à la sortie des cours?*

- "Tiens, c'est quoi ce sourire niais Kam, tu as du succès ?" M'a demandé Sily

J'ai cru entendre Chase grincer des dents.

- "Hmm... Je sais pas vraiment je..."

- "Racontes nous !" M'a supplié Sam

Chase s'est levé d'un bond et a lâché :

- "J'me casse, vos histoires de mecs à la con, c'est complètement débile"

- "Qu'est ce que tu peux en savoir ? T'as jamais été amoureux c'est ça ? Et la tu te casses et tu pètes un plomb pour ça ? T'es sérieux mec, qu'est-ce qui t'arrive tout à coup ?" (Sacha)

Chase a posé ses deux poings serrés sur la table :

- "Ouai, j'ai jamais été amoureux, et ça arrivera pas étant donnée qu'il n'y a que des salopes dans ce monde"

Mon sang bouillonnait dans mes veines. Je me suis levée en rage :

- "D'où tu te permets de traiter des filles de "salopes" ? Tu n'es pas un salaud toi peut être ? Mais t'es pas mieux, alors tu ferais bien de la fermer, et même si je ne te connais pas, je vois qu'une pourriture qui insulte les gens sans raison !"

Il m'a regardé avec ses yeux, comme s'il me lançait des flèches. Mais rien ne pouvait m'atteindre après tout ce que j'avais vécu. La colère me montait au cerveau, il fallait que je sorte.

- "Je bouges, tu peux rester ici, je crois que j'ai d'autres choses à faire"

J'ai tourné les talons et je suis sortie en trombe du self en bousculant quelques personnes sur mon passage. J'étais en colère, parce que, désormais, je détestais les critiques et les insultes. Après tout ce que j'avais vécu, je refuses que quelqu'un le vive aussi. Je refuses que quelqu'un souffre autant que moi. J'ai passé tellement de soirées à pleurer, toute seule, sans personne pour me consoler. Je n'avais personne, et tout le monde se permettait de m'insulter. Les gens se permettent de critiquer sur le physique pour blesser, et bien, oui, ça blesse. Ça blesse au plus profond de l'être. Les souvenirs me reviennent tous en mémoire :

"Je traverse les couloirs, la tête basse, les gens rigolent sur mon passage, je les entends pouffer, rire, se moquer. Certains lancent des "et, la baleine, tu me passes ton numéro ?" Suivis des ricanements. Je me regarde. Je ne vois pas mes pieds, parce que mon ventre m'empêche de les voir. Je déteste mon corps. Je me déteste moi."

J'ai vécu cet enfer trop longtemps, maintenant j'ai réussi a faire de moi la personne que je rêvais d'être. Le vent soulevait mes cheveux et me faisait frissonner. Je ne faisais plus attention au monde autour de moi. Chase est dans ma tête et me fait paniquer dans ses moindres faits et gestes. Il me fait paniquer parce que j'ai peur qu'il me voit tel que j'étais, une pauvre fille perdue, qui n'avait plus goût en la vie et qui se détestait elle-même. Personne, au grand jamais personne, ne découvrira cette partie de mon passé.

J'ai senti une main sur mon épaule, et je me suis retourné rapidement. Loïc. D'un côté, j'ai soupiré de soulagement parce que ça n'était pas Chase, mais d'un côté, ce Loïc était tellement insistant.

- "Salut, toi" a t'il dit

J'ai montré mon plus beau sourire.

- "Salut! Désolé pour tout à l'heure, je me sentais pas très bien, je suis désolée"

Il a croisé les bras, puis m'a regardé avec insistance. Les secondes me parurent devenir des heures. Il a fini par dire :

- "C'est pas grave, t'inquiètes pas"

Puis il a sourit. Il a secoué son bras et a effleuré ma main. Sûrement pas accidentellement. Il m'a regardé dans les yeux et s'est approché un peu plus de moi, et je ressentais presque son souffle dans mon cou. Pourquoi est-ce que je ne ressens rien ? Pourquoi est-ce que je... Il a passé sa main derrière mon dos. Je sentais la nausée qui commençait à arriver. Pourquoi est-ce que je ne ressens rien du tout ? Un garçon comme ça, un Bad boy de lycée. Pourquoi ? Il a approché son visage du mien et j'ai vraiment cru qu'il allait m'embrasser jusqu'à ce que quelqu'un débarque.

- "Dégages de la Loïc, lâches là"

Chase s'est interposé.

- "De quoi tu te mêles espèce de connard ? Tu vois pas qu'elle a envie de moi et que moi aussi ?" A déclaré Loïc

S'il savait qu'il me donne la gerbe.

-"J'en ai rien a foutre, dégages"

Loïc a détourné Chase, puis m'a chuchoté à l'oreille "a ce soir ma belle"

Si je pouvais vomir sur ses chaussures je le ferais sans hésiter.

- "Qu'est ce que tu fous avec ce mec ? Je t'ai dit qu'il était pas..."

- "Mais de quoi tu te mêles merde! T'es pas mon père!"

Je me suis retournée mais... Il m'a attrapé la main. Un courant électrique m'a traversé tout le corps jusqu'au bout des orteils. J'étais chamboulée, parce que ce changement de sentiments en quelques secondes était trop brusque. J'ai dégagé ma main.

- "Écoutes moi, m'a t'il dit, j'ai vu ton regard quand il a essayé de..."

- "Et alors ? Qu'est-ce que ça peux faire ? Je m'en fiche !"

- "T'as jamais embrassé de gars c'est ça ?"

S'il savait. Mon ancienne moi ne plaisait à personne, et surtout pas à des garçons comme Loïc ou Chase.

- "Lâches moi, j'me casse"

J'ai tourné les talons pour rentrer chez moi, furieuse, mais en même temps, plusieurs sentiments déferlaient en moi : l'attirance pour Chase, le dégoût de Loïc, et un manque d'affection que je refuses de combler... Il a commencé à pleuvoir quand je suis arrivé a mi-chemin. Je me suis arrêtée, j'ai regardé au dessus de ma tête, et j'ai dit au ciel : "t'en as pas marre de me faire chier ? Sérieusement ? J'ai pas assez souffert c'est ça ? Qu'est-ce que tu veux d'autre putain ?"

Personne n'a répondu hormis la pluie qui s'abattait sur mon visage et trempait mes cheveux. Je ne mérite pas cette vie. J'ai changé, pourquoi je n'arrive pas à m'y faire...