Retourner à Zéro

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Les Hommes naissent, vivent, meurent et disparaissent. Ainsi va le cycle de ce monde.

C'est irrémédiable.

Pourtant, certains individus, plus que d'autres, restent à jamais ancrés dans les esprits, tels des fantômes qui hanteront à jamais nos rêves et nos cauchemars trop intenses pour être occultés.

On ne les oublie pas. On n'oublie pas leurs actes et on n'oublie pas les représentations que l'on fait d'eux.

Héros, Assassins, Tyrans, Empereurs... Dieux.

Ils sont immémoriaux.

Pour Suzaku, Lelouch Vi Britannia en resterait à jamais un exemple concret. Tantôt Héro, tantôt Assassin, Empereur puis Tyran, il avait détruit de nombreuses convictions de par sa seule existence dans ce monde. Mais ces convictions s'étaient muées en de nouvelles, et d'aucun n'iraient été affirmés que seul un Dieu aurait pu atteindre de tels sommets aussi vite que l'Empereur décédé.

Les civils ignoraient tout du Geass. Suzaku, lui, comme tout ceux qui avaient assistés de prêt à la guerre de pouvoir qui avait eu lieu dans tout Britannia, n'oublierait jamais que ce simple petit élément avait tout fait basculer dans un bordel sans nom.

Un effet papillon qui lui avait coûté beaucoup.

Jusqu'à sa propre existence. Obligé de porter le masque de Zéro. Le "Héro" de cette guerre.

"VIS! VIS SUZAKU!"

Suzaku se réveilla en sursaut et en nage de son sommeil aux cauchemars si réels. Chaque nuit il refaisait le même. Constamment. Et comme toujours, depuis que ceux-ci avaient commencés à le tourmenter, il allait vomir, régurgitant toute sa peine et tout ses regrets dans la cuvette de ses toilettes.

Une habitude qui lui irritait la gorge et entâmait toujours un peu plus son esprit.

Pour être honnête, ces rêves étaient comme un rappel de ce qu'il était et de ce qu'il avait fait. Il l'oubliait souvent pendant la journée, ne se préoccupant que de la tâche que Lelouch lui avait confié avant de mourrir sous sa lame. Mais la nuit, tout lui revenait toujours en pleine face, et les somnifères ne l'aidaient en rien à trouver un sommeil paisible. Il s'étiolait petit à petit. Malheureusement, la solitude que lui imposait le masque de Zéro ne lui donnait pas la possibilité d'arranger son état lamentable si instable.

Il passa son visage sous l'eau, rinça sa bouche, et prit un antalgique pour faire passer son mal de crâne avant d'oser enfin jeter un regard dans le miroir qui lui faisait face, sachant déjà plus ou moins à quoi s'attendre.

Il ne fut pas déçu. Ni vraiment étonné.

Son visage était aussi blanc que la craie, des cernes épaisses maquillaient ses paumettes, et ses cheveux bouclés et d'ordinaire coupés et coiffés, lui tombaient sur les joues, trempés de sueur. Une barbe de trois jours recouvrait son visage.

Sublime.

Il avait l'air d'un clochard mais il n'en avait cure. Puisque de toute manière, personne ne voyait jamais son visage ou ne le reconnaissait pas.

Il se détourna de son reflet et jeta un coup d'oeil à sa montre avant de soupirer avec lassitude. Trois heures du matin... il était certain de ne pas retrouver le sommeil. Néanmoins, il se recoucha en se laissant tomber sur son lit puis se mit à compter les moutons en espérant que, cette fois, cette méthode aussi stupide qu'inutile fonctionnerait à lui rendre son repos manquant.

Au bout d'une bonne heure, il finit par s'avouer qu'il ne parviendrait pas à sombrer dans l'inconscience, et une douche plus tard, sortait de la cabane aménagée que l'impératrice avait accepté de lui offrir. Installée non loin du palais impérial, personne ne connaissait son emplacement et ce n'était pas plus mal, excepté l'Impératrice qui venait parfois lui rendre visite. Il cultivait sa solitude et n'avait plus aucun ami. Et cela faisait une dizaine d'années, maintenant, qu'il n'avait plus eu un simple contact physique avec qui que ce soit.

Retourner à Zéro - Code GeassOù les histoires vivent. Découvrez maintenant