Chapitre 23.2 - Attrayante est la fuite, admirable est la lutte

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Nous sortons de la petite ville fantôme. Si elle était habitée alors ses résidents se sont bien cachés.

— Je vous trouve songeur, Billy, vous êtes préoccupé ?

— Non, plutôt étonné. Je n'étais pas au courant des nouvelles attaques du Gang.

Il ne répond pas et se contente d'une longue expiration.

— Puisqu'on en est là, autant vous faire un point complet sur la situation.

Condescendance à peine dissimulée, le sourire en prime. C'est toujours agréable.

— Les choses ont beaucoup évolué depuis une dizaine de jours. Le Gang qui a repris du poil de la bête et s'est remis à attaquer nos patrouilles et avant-postes. Il y a également d'autres soucis tout aussi urgents, comme celui des demandeurs d'asile. Si vous êtes passé à côté, vous avez dû vous rendre compte que le centre de rétention récemment installé est déjà saturé.

— Le centre de rétention ? Il y a ça à New Town ?

— Oui, dans l'ancienne école proche du bunker, celle avec les panneaux solaires.

— Je comprends mieux pourquoi il y avait autant de monde.

— Le système est en place depuis que nous avons réouvert la ville, après votre reconquête du Point d'eau. Les demandeurs qui se présentent aux portes subissent un premier tri avant d'être envoyés quelques jours au centre de rétention, le temps d'être certains de leurs intentions, de leur état de santé et d'éviter des intrusions malveillantes comme nous avons déjà eu par le passé.

— Des intrusions ? Du Gang ?

— Tout à fait, des espions. Mais le flux de nouveaux arrivants a presque doublé depuis l'ouverture de ce centre. Cela crée des tensions qui risquent de dégénérer. Que voulez-vous, les rumeurs sur l'existence du Talium circulent toujours plus vite, toujours plus loin, nous n'avons aucune emprise sur leur diffusion.

Pourquoi me parle-t-il de la politique d'immigration de New Town ? Je ne vois pas le rapport avec ma question initiale.

— Et ce n'est pas tout. Il y a du nouveau à l'ouest, à une quarantaine de kilomètres d'ici. J'étais là-bas avec le major Klein la semaine dernière pour rencontrer plusieurs représentants des communautés les plus importantes de cette région. Pour faire court, eux aussi veulent leur part du Talium, une grosse même, et ils viendront bientôt la prendre par la force si aucun accord n'est trouvé.

— Ils ne doutent de rien. Et ils songent réellement nous faire la guerre ? Ils en ont les moyens ?

— Nous sommes déjà en guerre.

Le silence s'installe, lourd de sens. Depuis que l'Homme parle, ce mot a toujours été aussi fascinant que redouté. Sa simple évocation transcende les esprits, bouleverse les cœurs et réveille en nous nos instincts les plus primaires.

— Vous comprendrez donc pourquoi il y a urgence, nous ne pourrons pas combattre sur tous les fronts en même temps.

— La priorité est donc de faire la paix avec les plus dangereux.

— Les gens de Peterstal ? Non, croyez-moi, le major redoute plus ce qui se profile à l'ouest. L'idée est plus de sécuriser notre flanc est que de nous en faire des alliés.

Devant nous, Joost ronchonne tout seul dans sa langue maternelle en tapotant sur l'écran de son bracelet-GPS. Il y a fort à parier qu'il n'ait rien écouté de notre conversion, préoccupé comme il l'est.

— Pourquoi vous énervez-vous là-dessus ? On sait où on va, n'est-ce pas ?

Pas de réponse. Hinrich n'insiste pas.

Chroniques des Terres enclavées - Émergence partie 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant