SIGMA ENERGY - T2 - Le Brasier de la Rébellion

CHAPITRE 7 - Loan [4|4]

L'agent Steewell lâcha un rire avant d'abattre la crosse de son arme sur ma tête. Il me frappa ensuite dans le ventre avant de me pousser violemment sur le sol. Il dégaina ensuite un tout petit pistolet et tira.

— Tu aurais mieux fait de garder ça secret ! railla-t-il, en me jetant un regard haineux.

Je sentis une souffrance vive éclater à mesure que les grésillements électriques se répandaient sur mes membres pour les paralyser. J'étais incapable d'esquisser un seul mouvement tant que le taser faisait encore effet. Je fixai avec colère l'homme qui, par ma faute, avait recouvré sa vue. La douleur qui se propageait dans mon corps s'accentua et je peinai à retrouver ma concentration. Je jetai un coup d'œil à mes amis, immobiles devant notre seule issue.

— Écartez-vous tout de suite de cette porte ! Je ne plaisante pas !

Il rangea son taser et sortit une petite bille nacrée de sa poche, un sourire barbare s'esquissant sur son visage. Je vis mes semblables s'écarter lentement, impuissants. Le pistolet qu'il tenait entre ses mains n'était pas similaire à tous ceux que j'avais vu jusque-là : l'embout était différent, de même que le chargeur. Il glissa dans ce dernier la petite sphère qui récolait notre énergie. Puis, sans crier gare, il attrapa Lise et planta son arme sur son poignet.

— Sache que cette bille contient toute la puissance de tes aptitudes, précisa-t-il avec un sourire moqueur en s'adressant à Zoé. Ce n'est pas moi qui vais lui faire du mal, c'est toi. Toi et ton pouvoir.

À ces mots il appuya sur la détente. Le cri de souffrance de Lise me vrilla les tympans. Entre deux sanglots, elle essaya vainement d'intimer au soldat d'arrêter, mais il resta sourd à ses supplications. Il continua, invariablement, gravant sur sa peau une marque qui resterait sans doute à jamais incrustée dans sa chair. L'appareil émettait une lueur rouge comme le feu et, à en croire les hurlements déchirants de Lise, la douleur devait être insupportable.

Zoé ne bougeait plus, sous le choc. Même Néo ne parvenait pas à esquisser le moindre mouvement, paralysé par la terreur que lui inspirait l'agent Steewell.

Je repensai tristement aux paroles de notre ancien leader, quand il nous avait conté son histoire. Rex avait vécu et éprouvé ce supplice.

Quelque chose sur ma droite bougea. J'aperçus Aldo, vert de rage. Il serrait ses poings avec une rage démesurée et je savais qu'il laisserait bientôt sa fureur éclater dans la salle. Un petit détail attira mon attention. La petite bille qu'Aldo portait au poignet était déjà complètement blanche et avait l'air d'être sur le point de se briser. Les soldats avaient vraisemblablement oublié de la changer. Les cris de Lise s'intensifièrent soudainement et tout sembla dégénérer avec une rapidité effrayante.

Des soldats étaient entrés dans la pièce, alertés par les hurlements, et maintenaient à présent Aldo. Ce dernier tremblait sous la colère et se débattait avec force quand tout explosa. Le bracelet qu'il détenait se détacha, la bille contenant son énergie tomba au sol.

Je vis ses yeux devenir d'une blancheur terrifiante avant qu'il ne se déchaîne. Il ne semblait pas contrôler quoi que ce soit de son pouvoir, car des rafales de vent s'abattaient avec violence sur chacun d'entre nous. Elles avaient cloué au sol la plupart des soldats et leur ampleur ne faiblissait pas. Même l'agent Steewell gisait par terre, son arme maudite bien loin de lui à présent.

La paroi par laquelle on était passé un peu plus tôt était totalement éventrée et une des plaques s'était écroulée à quelques mètres de moi. La porte avait claqué et s'était à présent refermée. Lise était au sol, inconsciente, tout comme Néo et Zoé, étendus un peu plus loin. Aldo ne décolérait pas et continuait à abattre son pouvoir avec une brutalité stupéfiante.

J'entendis, malgré le mugissement du vent que créait mon ami, d'autres soldats qui s'affairaient en dehors de la pièce. L'agitation vive témoignait une préparation dans l'urgence et le désordre : un véritable branle-bas de combat. La porte s'ouvrit à nouveau dans un fracas et une dizaine de balles fusèrent sur Aldo qui s'écroula à son tour. Les armes des Officiers blancs à n'en pas douter. Je sentis mon esprit se mettre en vrac devant une telle situation. Les éclairs du taser s'étaient stoppés mais j'avais l'impression que cela m'avait ôté toutes mes forces.

Je reportai mon attention devant moi, là où un soldat s'était piteusement écroulé face aux capacités d'Aldo. J'aperçus une carte, pas plus grosse que mon poing qui s'était échoué sur le sol. Avec un ultime effort, je tendis le bras, l'attrapai et la glissai dans ma poche. Quoiqu'il nous advienne, je pressentais qu'elle nous serait utile.

Mon regard glissa sur la silhouette de Lise. Sur la marque que cet homme lui avait infligé.

Un S creusait son poignet, identique à celui que Rex nous avait montré.

Était-ce un S pour Steewell, pour Segger ou pour Sigma ?