Chapitre 18

190 9 1
                                    

La porte s'ouvrit et se referma, laissant un homme entrer dans le Square Grimmauld. L'arrivant vêtu de noir se plaça sur le pas de la porte du salon, balayant la pièce des yeux et arrêta son regard sur le canapé.

Remus Lupin était recrocvillé sur lui-même.  Ses cheveux lui tombaient sur son visage, cachant ses yeux fermés et ses cicatrices. Ses bras tombaient dans le vide, sa main droite effleurait le sol : le lycanthrope était au bord du canapé, sur le point de tomber.

L'homme en noir s'approcha du canapé, tout en jetant un coup d'œil dégoûté au cadavre de la bouteille de whisky pur-feu.

-Lupin ! Appela t-il de sa voix rauque.

Le loup-garou bougea un peu, marmonnant quelque chose d'inaudible. Il fit un geste un peu brusque et tomba lourdement sur le sol, en faisant tomber la bouteille qui se brisa au passage. Remus se réveilla d'un seul coup avant de porter sa main à son front en jurant. Il tourna lentement la tête vers Snape qui le regardait en pinçant les lèvres.

-Votre potion. Dit le potioniste en posant un gobelet fumant sur la table.
-Oh... merci, Severus... Dit Remus d'une voix cassée.
-Vous ne devriez pas boire deux jours avant la pleine lune. Fit remarquer Snape en désignant les deux verres d'alcool sur la table.

Lupin ne répondit pas. Il se contenta de hocher lentement la tête en regardant les verres d'un regard vitreux. Le lycanthrope resta ainsi quelques instants, le yeux plongés dans le vide.

Soudain Remus tourna la tête vers la porte et son cou craqua. Il fit une grimace à l'entente du bruit. Un grand chien noir aux pelage emmêlé entra dans la pièce, le pas traînant et l'air fatigué. Padfoot jeta un coup d'œil à Snape et émit un grognement. Le potioniste lui jeta un regard noir en retour.

-Sirius...prend ta forme humaine, tu vas mettre des poils partout sinon. Dit Remus d'une voix fatiguée en regardant le canidé.

Le chien grogna et se transforma en homme. Sirius avait les cheveux emmêlés, des cernes s'étalaient sous ses yeux, il portait juste un caleçon et un t-shirt gris à manches courtes dans lequel il flottait. L'animagus bailla et fit craquer ses doigts en ne jetant pas un regard au lycanthrope.

Snape regarda Sirius d'un air dégoûté avant de sortir de la demeure, sa cape noire volant derrière lui. Les deux maraudeurs se retrouvèrent de nouveau seuls dans la maison des Blacks.

Remus fit craquer ses omoplates et attrapa le gobelet de potion que lui avait apporté Snape. Le lycanthrope fit une grimace en sentant l'odeur du breuvage, mais il le but tout de même d'une traite.

-Immonde. Dit-il en reposant le gobelet sur la table.
-Tu veux du thé ? Demanda la voix rauque de Sirius depuis la cuisine.
-Ouais. S'il te plaît.

Le loup-garou prit sa baguette qui était à terre et formula un sort qui répara la bouteille de whisky brisée. Il nettoya également la table basse et rangea les verres. Remus referma les premiers boutons de sa chemise et descendit les manches jusqu'à ses poignets. Il passa une main dans ses cheveux dorés avant de rejoindre Sirius dans la cuisine.

-Tu t'en sors ? Demanda Remus en entrant dans la pièce.
-Oui, je sais encore faire du thé. Répondit Sirius avec un petit rire.

Remus s'assit sur la table, Sirius lui tournait le dos. Une légère odeur de thé noir flottait dans l'air. Ils restèrent ainsi silencieux pendant un moment, le silence était apaisant et les deux hommes ne voulaient pas le briser. Sirius versa le thé dans deux tasses et en tendit une à Remus. Ce dernier prit la tasse sans regarder Sirius dans les yeux. L'animagus regarda la main zébrée de cicatrices prendre la tasse et il s'adossa contre l'évier. Sirius pencha la tête en arrière et regarda le plafond.

-Tu chante bien. Dit-il avec un petit sourire, fixant toujours le plafond.

Remus but quelques gorgées de thé, ne laissant ainsi rien paraître de son trouble. Décidément, si il y avait bien un inconvénient avec les animagi c'était que leur ouïe était surdévelopée. Il avait à peine murmurer une chanson ! Mais Remus n'était pas mécontent que Sirius l'ait entendu chanter.

-Merci... Murmura t-il entre deux gorgées. 
-Ça te dit qu'on mette de la musique ? Demanda Sirius en regardant Remus.
-Heu...ouais, si tu veux...
-Super ! Je dois avoir des vinyles dans ma chambre !

Sirius partit chercher les disques en quatrième vitesse. Remus retourna dans le salon et au milieu de la grande pièce, esquissa un petit sourire. Il marcha un peu en rond tout en buvant sa tasse de thé. Sirius revint vite, les bras chargés de vinyles.

-Alors...tu veux qu'on mette quoi ? Demanda l'animagus en étalant les vinyles sur la table.

Sirius affichait un réel sourire, ce qui réchauffa un peu le cœur de Remus. Ce dernier laissa apparaître un petit sourire et se rapprocha de Sirius qui était penché sur la table en regardant les différents vinyles.

-Mmmmh... ça ? Dit Remus en pointant un disque du doigt.

Sirius acquiesça et plaça le disque dans un gramophone. Un petit air de jazz s'éleva dans l'air.

L'animagus se mordilla un peu la lèvre inférieure avant de se placer face à Remus et de lui tendre sa main.

-Monsieur Moony, m'accorderez vous cette danse ? Demanda Sirius, souriant, essayant de ne pas trop rougir.

Remus fixa pendant un moment la main ouverte de Sirius. Il la prit finalement un peu timidement, la main du prisonnier était chaude et ce dernier affichait un grand sourire.

Sur les notes de jazz qui dansaient dans l'air, les deux maraudeurs commencèrent une espèce de danse. Seules leurs mains se tenaient, leurs doigts légèrement entremêlés. Sirius fixait l'épaule du lycanthrope, évitant ainsi de croiser son regard et Remus faisait de même.

Leurs pieds se déplaçaient tout seuls, leurs esprits étaient ailleurs. Les yeux dans le vide, les deux hommes repensaient à l'événement de la veille. Leur relation était floue et incompréhensible pour l'un autant que pour l'autre. Ce baiser n'avait pas été contrôlé et ils auraient très bien pu déraper si Remus ne l'avait pas arrêté. Aucun des deux maraudeurs ne savait s'il regrettait ou pas leur geste, mais ce n'était pas important. Ce qu'il l'était était de rester ensemble pour survivre à la guerre. Ils avaient déjà fait l'erreur de s'éloigner pendant la première guerre et ils ne voulaient pas répéter le passé. Surtout pas.

Alors, il fallait mieux rester ainsi, non ?

Rester dans le flou, pour éviter de se blesser. Ne pas s'avouer leurs sentiments. Rester proches mais pas trop, ne pas aller trop loin. Pour ne pas se perdre.

Ce baiser n'avait été qu'un acte désespéré. Un simple acte dirigé par le désir charnel, le simple souhait de désirer un corps. Ce fut l'excuse qui se forma dans les esprits des anciens amants.

Ils avaient frôlé la limite, sans la traverser.

Mais la porte avait été ouverte.

Et quand votre plus grand désir se trouve à portée de main en face de vous, quand vous pouvez l'avoir sans le moindre effort, c'est à ce moment-là qu'il est le plus difficile d'y résister.

Time will never separate us {Abandonnée}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant