Chapitre 2 : Inconscience

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J'avais sport avec Paris cet après-midi là, grâce à un découpage des classes. Pour mélanger les filières, qu'ils disent. Fin moi je restais avec ma blonde. On faisait saut en longueur. J'aime bien, mais le sable, je supporte pas trop. C'est vrai, quoi, y en a partout ! Dans les chaussures, dans le jogging.. Ça gratte.

J'étais en train de me tortiller pour me débarrasser des grains qui s'étaient glissés dans mon t-shirt quand je remarquais un oiseau sur le haut du grillage qui entourait la piste. J'adore les oiseaux. J'ai l'habitude de les prendre en photo quand je le peux, ou de les observer aux jumelles, ou encore de les dessiner. Mais celui-là, il n'avait rien de gracieux ou de délicat. Celui-là, il était dérangeant. Ses yeux étaient rouges, son plumage sombre semblait englué de pétrole. Son bec difforme était entrouvert pour laisser s'échapper un cri rauque, glauque. Je m'immobilisais. Je sentais quelque chose. Un danger. Je ne le quittais pas des yeux.

"Tu t'entraines à 'un-deux-trois-soleil' ?"

Je sursautais violemment au commentaire de Paris. Je la fixais un instant puis redirigeais mon regard vers le monstre. Il avait disparu. Avais-je rêvé ?

"Hum."

C'est tout ce que j'avais trouvé à répondre. Mon poul était un peu trop rapide. Il allait falloir que j'y retourne. Quand je panique comme ça je suis obligée d'y retourner plus souvent. La poisse. Tenir jusqu'après les cours au moins.

"T'en a pas marre du sable toi ?
- Moi je le récupère pour pierrot !"

Je ris à l'évocation de la tortue de mon amie.

"Je lui prépare un nouvel aquarium avec un petite plage"

Elle paraissait fière d'elle. Faudra qu'elle me montre ça ! Fin bon une plage en sable du lycée, j'sais pas si c'est super. Le truc super avec Paris c'est la façon qu'elle a de tourner tout les choses nulles en choses drôles.

~~~

Notre prof de sport nous libéra enfin, et je me dépêchais de me changer.

"Paris, bouge ton arrière boutique !"

Elle me regarda blasée, sans aucun signe qu'elle allait le faire.

"Une, deux ! Une, deux !"

J'éclatais de rire devant sa tête désespérée. Lorsque l'on fut dehors, je pressais le pas vers le bâtiments de l'internat. Vite, se dépêcher.

"Attend moi Alex !"

Je m'étais mise à courir. Je m'arrêtais pour l'attendre.

"Qu'est-ce que t'as ? T'as un train à prendre ou quoi ?"

Je lui pris la main et on se mis à marcher. Calme, Alexis. On posa nos affaires dans les chambres, où l'on retrouva Victoria et Lilah. Paris demanda où était passée Amel, mais aucunes d'elles ne savait. J'écoutais avec peine. J'étouffais. Je sortis en courant, sans prendre garde à mes amies et couru aussi vite que je le pouvais avec un affreux bourdonnement dans les oreilles, les poumons bloqués et le cœur en fibrillation.

Une fois dans les bois, je m'écroulais violemment à même le sol en me cognant la tête sur une pierre. Je perdis aussitôt conscience.

~~~

"Calme toi, regarde moi dans les yeux.. Prends de grandes respirations.."

De grand yeux chocolats. Je m'y accrochais de toutes mes forces. Je suivais ses conseils, et je me calmais progressivement, retrouvant l'usage de mon corps et de mon esprit. J'observais alors le visage de la personne qui avait une voix si calme et douce. Sa peau était claire, de porcelaine, avec les joues rosées et le visage constellé de grains de beauté. Au coin de chaque œil, une tâche de naissance. De longs cheveux noirs épais et lisses l'entouraient. Elle était magnifique. J'essayais alors de parler.

".. Qu- qui.. ?"

Elle sourit soudainement, et je vis dans ses yeux du soulagement.

"Je suis désolée, Alexis. Je n'aurais pas du intervenir, mais j'ai cru te perdre à nouveau.."

Qui était-elle, bon sang ?!

"Je vais bientôt te laisser, avant qu'on me voit et que je me fasse réprimander.
- Attend ! Dit moi au moins qui tu es ! Et si tu vas revenir.."

Elle fronça les sourcils, puis soupira.

"Eleane. Et je ne pense pas. C'est interdit de venir. J'ai enfreint la règle parce que tu étais en train de perdre pieds. Ne recommence pas, la prochaine fois je ne pourrais pas intervenir !
- Facile à dire, c'est pas toi qui doit.. Fin tu sais.. Je peux plus faire ça. Et si je le fais pas, je meurs.. Qui es-tu ?"

Elle semblait troublée.

"Je.. Je suis ta gardienne. Je te protège à distance de tes semblables, et je fais des rapports sur tes journées. Et je suis sensée te guider lors de ton ascension."

Mais de quoi elle cause, la miss météo ? Elle débarque dans sa robe blanche, elle me sauve in extremis de la mort et ensuite elle me baratine. Oh. Ce serait pas un ange ? Non, t'es tarée ou quoi ? Déjà que t'es assez bizarre de base alors si en plus t'as le tout puissant qui m'envoie ses piaffes immaculés..

"J'ai pas de semblables. J'en ai jamais vu.. "

J'avais dit ça avec tristesse. C'est vrai, je suis seule.

"Bien sur que tu as des semblables. Les malédictions divines, ça court pas les rues, mais ça arrive plus souvent qu'on ne le pense"

Elle avait croisé les bras en disant ça d'un ton blasé. Je me relevais, intriguée.

"D'autres ? Combien ? Je pourrais les rencontrer ? S'il te plait Eli !
- Doucement, mon job c'est de t'éviter de les rencontrer. Les interférences célestes, c'est pas super pour la santé.
- Tu crois pas que je vais pas déjà mal ? Un peu plus de magie ne me tuera pas !
- Justement, si. T'en a pas déjà eu assez cet après-midi ?
- Ce.. C'était un de mes semblables cet oiseau ?"

Elle me fixa soucieusement.

"Je.. Je ne peux pas t'expliquer maintenant.. Mais dans cette forêt, tu as évacué tellement d'énergie que la mienne est camouflée.. Je reviendrais à ta prochaine visite ici. Ne force pas, d'accord ?"

J'hésitais. Je ne voulais pas céder à mes pulsions, mais je voulais des réponses. J'en avais besoin. Je hochais la tête, et tout devint noir, engloutissant ma gardienne et la forêt ravagée par mon "énergie".

TinkerbellOù les histoires vivent. Découvrez maintenant