Si seulement tu savais...

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Je suis assis dans un des fauteuils du salon de coiffure. Ambre m'a emmené dans un magasin de vêtements et m'a acheté un costard bleu foncé.

- "Ça va avec la couleur de tes yeux... Genre... Bleu foncé, bleu profond, bleu intense, bleu..."

- "Tu vas m'énumérer tous les adjectifs décrivant la couleur de mes yeux pendant longtemps ?"

Elle a posé les deux mains sur son cœur.

- "Promis, juré, j'arrête. C'est juste que ce costard te va super bien"

J'ai levé les yeux au ciel.

Le mec s'activait sur mes cheveux.

- "Ne les rasez pas complétement s'il vous plaît, je n'aimerais pas me retrouver chauve..."

Le coiffeur a ricané.

- "Ne t'inquiètes pas, je ne coupes rien, je te fais juste une petite coiffure pour ton retour"

J'ai regardé Ambre.

À mon avis, en prenant rendez vous, Ambre a du trop parler, étant donné que c'est une pipelette. Et donc, elle a raconté toute ma vie. Je devais m'y attendre. 

Ambre faisait comme si de rien n'était, et elle continuait de feuilleter le magazine qui contenait des photos de mec mannequins. Je l'ai jamais vu autant baver depuis que je la connais. Elle a toujours été clair avec les gens, mais elle avait quand même cette part de sensibilité, que je connaissais. Elle était sensible, mais à la fois forte, elle était le chaton et à la fois la lionne.

J'ai souri malgré moi.

Le mec continuait toujours de brosser mes cheveux, mais ils étaient toujours aussi indisciplinés.

- "Je pense que ça ira comme ça"

Je me suis regardé dans le miroir.

Je n'ai pas vécu la plus belle transformation de ma vie, puisqu'il n'y avait pas eu de transformation du tout, seulement quelques mèches qui restaient un peu mieux en place et des vêtements bleus foncés. Rien de vraiment extraordinaire.

- "Qu'est-ce qu'il est beau Chase ! Un vrai modèle !"

J'ai grincé des dents. Je déteste les mannequins hommes. Ce sont des cons. Comme mon père, qui en était un. Toujours à se croire plus beau que tout le monde, toujours à rabaisser les autres. 

Le coiffeur m'a retiré la serviette qu'il avait placé autour de mon cou et m'a laissé me relever.
Ambre l'a remercié, remerciements auxquels il a répondu par un :

- "Oh ce n'est rien, profitez de votre petite fête de retrouvailles"

Retrouvailles. Rien du tout. J'ai seulement fait une overdose, je suis vivant, tout va bien.

- "Tout beau Chase ! Lali et Kev vont être fières de moi, je me suis bien occupé de toi, je t'ai surveillé, je..."

- "Tu devais me surveiller ?"

Ambre a commencé à entortiller nerveusement une mèche de cheveux autour de son index.

- "Oui... Je devais, te surveiller en quelques sortes, et te changer les idées. J'espère que ça a marché pas vrai ?"

Elle mordait sa lèvre inférieure.

- "Oui..." ai-je dit lentement. 

Mon oncle et ma tante, mais, je pense que c'est plutôt ma tante, sont des êtres qui vont maintenant s'inquiéter pour moi tous les jours de ma vie.   

J'ai soupiré. Elle a soupiré aussi.

- "15h37, on est dans les temps ! Maintenant direction cette petite fête !"

Rien que d'y penser, ça me donnait la nausée.

Une fête.

Mais pour quoi faire ?

J'm'en foutais de retrouver des anciens amis ou de réunir toute ma famille autour d'un apéro dinatoire.

J'm'en foutais de leurs banderoles et de leurs petits fours.

La seule chose que je voulais c'est Kam.  La revoir, lui caresser les cheveux. 

Ambre a sautillé comme une crevette à ressort, elle m'a attrapé par le bras et nous nous sommes dirigés vers la sortie du salon. Maudite fête, maudite vie.