Photo [Réécriture en cours]

Un • « Je déteste te voir pleurer »

Maison des Hennessy, Sandymount, quartier de Dublin, 23 heures

Zach. Je n'arrive pas à dormir, je me demande où tu es passé. Aujourd'hui j'ai encore appelé chez toi et ta mère m'a demandé d'arrêter d'appeler, parce que tu étais parti de la maison et que tu étais vivant. Mais où es-tu ? Et pourquoi tu es parti ? J'ai harcelé mes parents avec un tas de questions auxquelles ils n'ont pas répondu. Ils m'ont dit qu'ils ne savaient pas. Mais ils savent. Je le sens. Tu me manques Zach, je fais quoi sans toi, moi ? Je déteste aller au lycée sans toi, je déteste me faire réconforter par nos amis. Parce qu'ils savent où tu es, je le sens aussi ! Ils le savent et ils ne veulent pas me le dire ? Mais où es-tu ? Zach, reviens. 

Julia jeta son petit carnet au sol et s'enroula dans sa couette, tentant une nouvelle fois de trouver le sommeil. Elle était en colère, inquiète mais aussi triste. Tous ces sentiments négatifs étaient emmêlés dans son cœur qui ne demandait qu'à aimer. Il y avait maintenant un peu plus d'une semaine qu'il avait quitté Dublin et son absence commençait à se faire sentir, rien n'était plus pareil sans lui, il n'y avait plus ses yeux, son rire ou même ses blagues.

 Il y avait seulement un grand vide, un immense vide dans lequel Julia se perdait un peu plus de jour en jour. Elle n'aimait pas le soir, le moment où elle se retrouvait seule face à ses questions et ses angoisses. Elle émettait des tas d'hypothèses, elle pensait qu'il la trompait, qu'il avait changé de lycée, ou bien qu'il était parti chez son père, mais rien ne la consolait. Julia reprit son carnet et regarda la photo d'elle et de Zach une dernière fois avant de finalement s'endormir, assommée par la fatigue suite à la journée difficile qu'elle venait de passer.

Lorsque Julia s'éveilla, le soleil commençait à percer à travers les volets de sa chambre et un léger sourire se forma sur ses lèvres. Il allait faire beau aujourd'hui et les jours de beau temps étaient sacrés en Irlande car la pluie était trop souvent présente au goût de Julia. Cette dernière se leva lentement puis alla ouvrir sa fenêtre ainsi que ses volets, découvrant le magnifique paysage qui s'offrait à elle. La mer était calme et quelques personnes étaient présentes sur la plage, certaines promenaient leur chien et d'autres faisaient leur jogging matinal. 

La jeune femme regarda pendant quelques instants ce beau spectacle qui s'offrait à elle, puis soudain, elle réalisa que Zach n'était plus là. Alors, sa joie et son sourire s'envolèrent et laissèrent place à de la tristesse. Quelques larmes ne tardèrent pas à couler, laissant bientôt place à des sanglots. Elle pleurait pour la toute première fois depuis qu'il était parti, elle savait que le chagrin remplacerait très vite tout autre sentiment. Elle laissa ce flot de larmes s'évacuer puis reprit son calme ainsi que sa respiration, prit une grande bouffée d'air frais et referma la fenêtre.

Dans la cuisine, il y avait bonne odeur de café qu'Amanda préparait chaque matin pour son mari ainsi que sa fille. Levée avant tout le monde, elle se préparait silencieusement puis préparait un bon petit-déjeuner. Elle aimait que ce premier repas soit convivial pour tout le monde et il n'y avait rien de traditionnel dans ce breakfast et c'était bien une des habitudes françaises qu'elle avait gardé. Julia salua ses parents qui s'échangèrent un regard gêné avant qu'elle ne s'assoie à leurs côtés.

« - Alors, bien dormi ? », demanda son père

« - Non. », répondit-elle froidement

La discussion prit fin à cet instant. Tous trois savaient pourquoi cette nuit avait été difficile et c'en était ainsi depuis une semaine. Julia mangea une cuillère de son précieux muesli et but une gorgée de café avant de quitter la table, la gorgée nouée. Il en était ainsi tous les matins depuis une semaine, elle se prépara rapidement et redescendit avant son sac de cours à la main. Elle prit sa salade pour le lunch, salua son père puis rejoignit sa mère dans la voiture afin qu'elles puissent partir. Le trajet était animé par la radio car ni l'une ni l'autre n'osait parler, Julia était triste aujourd'hui et elle sentait qu'au moindre mot qu'elle allait prononcer, elle risquait de pleurer.