Chapitre 16 : Au cœur du conflit

544 53 49
                                    

Quand la porte fut enfin ouverte en entier, l'armée des Hommes, bien moins importante, frissonna de terreur. Des milliers. Non. Sûrement des centaines de milliers d'ennemis se tenaient devant eux. Des orques, des trolls. Des géants immenses et vêtus de guenilles sous leurs armures à pointes. 

Elladan vit alors apparaître une dizaine de créatures qui lui étaient totalement inconnues. L'on aurait dit des spectres. De grandes silhouettes ailées, à l'apparence humaine. Leur peau était si pâle qu'elle en était presque translucide et ils portaient à la ceinture qui enserraient les pans de leurs haillons sombres une multitude d'armes. Leurs ailes étaient dotées de griffes acérées et il poussaient, en volant, des cris stridents.

-Mithrandir! Appela t-il. Quelles sont ces créatures?

Le Maia regarda vers la porte. Il blêmit et répondit:

-Ce sont des vampires, Elladan. Il y avait bien longtemps qu'ils avaient disparu mais il semble que Sauron ait en secret séquestré certains d'entre eux..

-Comment les vaincre? Intervint Gimli.

-En théorie, il suffit de leur ôter leurs capes qui leur donne consistance.

Le vieux magicien soupira et dégaina Glamdring, son épée et regarda avec attention les visages un peu anxieux de tous. Eomer trépignait. Gimli passait mécaniquement son pouce sur la lame de sa hache pour vérifier que cette dernière soit bien affutée. Legolas avait encoché une de ses flèches sur la corde de son arc et attendait, le regard tourné vers leurs adversaires. Elladan et Elrohir se tenaient non loin, sombres et silencieux. Merry et Pippin se jetaient des regards peu assurés. Aragorn serrait les dents, les jointures de ses mains étaient blanches tant il serrait fort la garde d'Andúril .

Elenwë ferma doucement les yeux, inspirant profondément. Elle positionna ses doigts sur Ant Estel et posa ses yeux sur ses compagnons. 

-Amis! Déclara t-elle. Voici venir l'heure ultime. Ne faiblissons pas.

Tous se sourirent, conscients que c'était peut-être la dernière fois qu'ils se tenaient tous ensemble. 

L'armée du Mordor fit résonner ses tambours et lentement, elle avança vers eux. Aragorn se tourna alors vers eux, leur sourit tristement et murmura :

-Pour Frodon. 

Il s'élança en courant, bien vite suivi par les hobbits et les autres compagnons de la Communauté. Même si les Semi Hommes furent vite dépassés, ils n'en restaient pas moins juste derrière la première ligne. 

Elenwë courut avec célérité et atteignit bientôt la première ligne. Lançant énergiquement son bras de part et d'autres, elle élimina bien vite un nombre non négligeable d'ennemis. 

Les autres se débrouillaient peu à peu jusqu'à ce que.. Aragorn qui avait jusqu'à présent maintenu un espace libre autour de lui se trouva encerclé et assailli de tous côtés. Voyant cela, Elenwë voulut rejoindre son ami mais un cri aigu et strident la fit se clouer sur place. Les Nazgûls. 

Ils n'étaient plus que quatre mais quatre d'entre eux pouvant faire un dégât atroce dans une armée aussi réduite. Alors qu'Elenwë hésitait entre porter secours à son ami et remplir sa mission, un évènement décida pour elle. L'un des Nazgûls, Khamûl, second chef des serviteurs de Sauron vint atterrir juste devant elle. Et de même avec les trois autres. 

Elenwë, encerclée, serra ses doigts autour le la garde de son arme. Elle devait les vaincre. Espérant qu'Aragorn s'en sortirait, elle se précipita vers le premier Nazgûl.

Elle était forte mais eux l'étaient également et, à quatre simultanément contre elle, elle avait bien du mal à riposter.

Aragorn se retrouva soudain à lutter contre un troll immense et Elenwë aperçut l'arme massive de la créature s'élever avant de s'abattre violemment. Aragorn esquiva du mieux qu'il put mais la massue lui avait heurté le dos.

L'héritier d'Isildur s'effondra au sol, le souffle coupé, le dos brûlant sous une douleur lancinante.

-NON!! Hurla Gimli. Il décapitait sans pitié les orques mais ne parvenait pas à s'approcher de son ami à terre.

Legolas, de même, avait vu la situation difficile dans laquelle il se trouvait mais entre eux, les ennemis étaient trop nombreux.

Le troll s'approcha d'Aragorn et l'elleth sentit son cœur battre plus vite, de peur.

Legolas se débattait et Gimli se démenait mais rien n'y faisait.

Elenwë vit Aragorn lever ses yeux clairs vers le troll qui avait à nouveau élevé la lourde masse.

Elle ne put retenir un cri de désarroi. Erreur fatale. Elle avait, l'espace d'un instant tourné le dos à ses ennemis.

Quand elle s'en rendit compte, il était trop tard. Khâmul venait de lui agripper le bras et le lui tordre dans le dos, lui faisant lâcher son épée.

Elle se tortilla pour se défaire de cette emprise mais lui la serra plus fort, lui faisant échapper un gémissement de douleur.

Ce qu'elle vit ensuite la tétanisa. L'un des Nazgûls avait sorti de sa cape une lame noire très sombre, à la garde grossièrement décorée d'argent.

Une lame de Morghûl. Voilà quels étaient les plans de Sauron pour elle. L'asservir.

Elle se débattit de plus belle mais le serviteur de l'Anneau enfonça la lame dans la cuisse droite d'Elenwë. Elle hurla et donna des coups à celui qui la retenait, sans succès.

Sans broncher le même Nazgûl enfonça d'autres lames similaires d'abord dans son autre cuisse puis une dans chacune de ses épaules.

Elenwë ne pouvait plus bouger. Immobilisée par la douleur et par l'étreinte de Khâmul.

Lorsque l'autre sortit des pans de ses habits une dernière lame, Elenwë sut immédiatement quelle était sa place. Dans son cœur. Elle se retint de pleurer de désespoir. Sitôt que cette dernière lame serait sur elle, elle deviendrait une ennemie pour ses amis. Elle voulait s'enfuir mais ne le pouvait.

Dans un cri, elle appela à l'aide et croisa alors les regards paniqués de ses frères.

-NETHIG!!

Puis Legolas tourna la tête et fut saisi d'effroi en voyant l'état de sa fiancée.

-Elenwë!

Il était trop loin pour l'aider. Ils étaient tous trop loin. Elenwë songea qu'elle aurait dû se douter que cela se terminerait ainsi.

Deux larmes jaillirent de ses yeux et roulèrent silencieusement sur ces joues alors que la cinquième et dernière arme s'enfonçait profondément dans sa chair.

Elle ne dit rien alors. Muette et sombre, elle s'écroula au sol et regarda le ciel. Le ciel.. sombre et empli de nuages noirs et gris. Mais elle aperçut un bout de ciel bleu au loin et fixa son regard sur cette zone là.

Elle sentait son cœur battre dans sa tête. Ledit cœur faiblissait et elle ne parvenait plus bien à respirer.

Petit à petit, elle eut conscience que le cœur ralentissait puis un voile sombre tomba sur ses yeux.

Le vide l'emporta.

La fille de la Lune Tome IIIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant