Il Pleut Sur Nos Joints

'Fais froid !

Il est 18 heure, le ciel est sombre, et seulement aveuglé par les lampadaires. Il reste un peu de neige sur les trottoirs par-ci par-là, le goudron est humide et glissant et de grosses flaques le parsèment. Je rentre du taff, un boulot pas fou mais faut bien gagner sa vie, au moins il est pas physique, même s'il ne repose pas l'esprit. Ma BO du jour , comme dirait Grand Corps Malade, c'est pas de la musique qui met en joie. Ça devrait, vu qu'à peine arrivé, je vais changer de godasses, prendre une bouteille, un sachet d'herbe et ressortir faire une soirée dans le centre ville. Alors pourquoi je me sens si monotone ? Le temps de merde qui pleure autant que ma voisine dépressive ? La solitude aussi lourde que mon autre voisin raciste ? Peut être tout ça à la fois. C'est pas que j'ai pas d'amis, c'est que j'arrive pas a me confier a ceux que j'ai ici. Enfin qu'est ce que j'ai a confier de toute manière ? Le temps de réfléchir à tout ça je suis déjà rentré, j'ai déjà mis des chaussures imperméables, j'ai déjà pris cette bouteille de rhum, et me suis un peu essuyé les cheveux. J'ai également récupérer le pochon que j'ai mis dans une poche de ma veste et j'ai même eu le temps d'écouter le message de Caleb. C'est confirmé y'a bien notre petite soirée. C'est confirmé on a prévu de ne pas dormir. Quitte à ce que je vous raconte ce qui se passe ce soir, autant que vous me connaissiez. Je m'appelle Mel, j'ai 23 ans, je travaille comme vendeur par téléphone, et j'aime les mots. C'est rapide comme description et ça ne veut pas dire grand chose mais vous verrez une autre chose sur j'aime bientôt : l'euphorie. Pour ceux que ça intéresse j'ai les cheveux châtains longs bouclés, des yeux verts, je suis pas très grand, et assez svelte. Actuellement j'ai juste une veste verte avec une capuche pour me protéger du mélange de neige dégueulasse et de pluie glacée qui tombe. Un jean gris et des bottines noires. Pas vraiment une tenue de soirée mais bon... Le genre de soirée où je vais, c'est pas le genre où la tenue fait tout.
J'arrive dans le centre ville. C'est agité pour un soir d'hiver, j'entends la musique sortir des bars, les cris, les rires, la fumée des clopeurs sur les trottoirs, les groupes de potes qui se bousculent dans le vent glacé et l'enthousiasme des corps qui se réchauffent en entrant dans un bistrot bondé. Ce n'est qu'à présent qu'un sourire se dessine sur mon visage. La glace de l'hiver fond quand j'entre dans cette atmosphère. Mon cœur s'éprend enfin de la joie ambiante. Enfin mon coeur est à la fête ; et pour le reste de la nuit soyez-en sûrs, parce que j'arrive enfin chez Caleb. Un appartement au-dessus du Puits Sait-Tout, un bar toujours bondé.

Je monte donc les marches trempées et salies par les autres invités. J'entre, retire mes chaussures, et m'assois sur le canapé ou Caleb, Alex, Cassandre sont déjà installé. La musique n'est pas très forte, la lumière est tamisée, on s'entend parler. Erwan et Nora sont à la fenêtre en train de fumer. Jerem' et Clélie s'amusent déjà a inventer des recettes de cocktails pendant que les trois qui m'accompagnent sur le canapé discutent de leur journée. Enfin discutaient parce que j'ai droit a une bise de la part de chacun. Enfin le genre d'atmosphère qui me détend.