Kei.

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Une nuit. Une nuit de plus à fixer le plafond. Une nuit de plus à le maudire. J'avais beau essayer toutes les positions pour dormir, quand je fermais les yeux, je le voyais. Dans chaque coin de ma chambre, je le voyais m'embrasser pour m'empêcher de finir mon devoir ou jouer avec mes boucles.

Il me hante.

"Mais, Tsuki, on ne faisait que s'amuser. Non?"

Mon coeur se serre. J'ai l'impression qu'elle tourne en boucle dans ma tête, et même le volume de mon casque ne peut étouffer cette question. Il me manque quelque chose. Depuis deux semaines maintenant, quelque chose manque à ma vie.

Kuroo.

Les choses n'étaient pas aussi déprimantes et terrifiantes au début. C'était même plutôt gai. La première fois, c'était après un match amical avec Nekoma. Le coach avait laissé les troisièmes années boire un coup au bar à côté du lycée et Kuroo, qui adorait déjà m'embêter, avait insisté pour que je les accompagne. Et je m'étais bien amusé.

Manque de chance, il n'y avait plus de train pour Nekoma à cette heure-ci, j'avais accepté de la laisser dormir sur un futon chez moi. J'aurais sûrement dû partir en lui disant d'aller se faire voir. Mais c'était trop tard, j'étais déjà faible, en quelque sorte.

On a couché ensemble. Sur mon lit, puis sur son futon.

C'était le premier, et c'était parfait comme ça. Un peu maladroit et hâtif. C'était aussi sa première fois, avec un homme.

Les choses entre nous sont restés les mêmes après ça. Lorsqu'on se croisait, il m'embêtait et je feignais le fait qu'il m'insupportait. Et tout le monde le croyait.

Pourtant, il y a eu une seconde fois. Dans les vestiaires de mon gymnase, pareil après un autre match amical contre le lycée Nekoma.

Mais cette fois, il m'avait demandé mon contact. Pour discuter, pour se revoir. Pourtant, il n'avait cessé de me dire qu'on faisait ça juste pour s'amuser, sans sérieux ni exclusivité. Et j'avais bêtement accepté.

Parce que c'était Kuroo.

Et puis, je ne saurais dire quand ou comment mais les choses ont changé. On a commencé à s'envoyer des messages, juste pour se raconter des trucs. On se voyait juste pour se voir, pas forcément pour du charnel, juste pour être ensemble. Manger, courir, rire, même dormir.

Je n'avais jamais connu une telle chose, c'est la première fois que je partage autant de choses avec un être humain. C'est sûrement ça qui a dû toucher mon coeur, la nouveauté.

Mais il y a un mais. Il devenait de plus en plus fuyant, plus de propositions pour se voir et presque plus de messages. J'avais essayé, un soir, de lui proposer moi pour le voir. C'était toujours lui qui décidait. Une invitation pour passer le week-end chez moi, sans mes parents.

"Dsl jpp"

Il n'avait même pas fait l'effort de faire une phrase, ou même d'écrire de vrais mots.

Ça faisait peur, parce que jamais j'avais proposé à quelqu'un pour le voir. Jamais je n'avais éprouvé l'envie de voir quelqu'un. Et parce que je n'avais jamais eu cette boule dans mon ventre en partant me coucher.

Et la curiosité est un vilain défaut, que je n'avais pas... avant lui.

Il m'a ouvert sa porte et je me rappellerai toujours de la manière dont son visage s'est décomposé en me voyant.

-Tsuki, je... Qu'est-ce que tu fais là?

-Pourquoi tu m'ignores?

Je parle comme un con, la chute sera moins douloureuse que si je lui avoue qu'il me manque et que je voulais entendre sa voix.

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𝐓𝐡𝐞 𝐥𝐚𝐬𝐭 𝐰𝐨𝐫𝐝𝐬 [ 𝐾𝑢𝑟𝑜𝑜𝑡𝑠𝑢𝑘𝑖 ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant