Une touche de fiction

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Nos pas résonnent dans les rues silencieuses. Le centre ville n'est pas si loin mais vu l'heure, ne trouver personne n'est pas très étonnant. Elle me raconte la pièce en riant aux éclats en se rappelant certaines scènes. Elle est toujours aussi belle avec son sourire si pur. Le vent glacé emporte son rire au loin, comme si lui-même avait besoin de cette ambiance chaleureuse.

Enfin nous arrivons dans les rues piétonnes, aux pavés glissants. Quelques passants frigorifiés, les derniers bars encore ouverts qui fermeront d'ici une heure. Nous arrivons sur la place du Monstre. C'est un surnom que les Tourangeaux lui ont donné a cause de la grande statue de Monstre difforme qui s'y trouve. Une créature en pierre au ventre disproportionné, aux jambes courtes, la tête floue d'un rhinocéros et des gigantesques bras levé en l'air comme un fantôme de bande dessinée. Une allure si fictive dans une place quelconque de centre ville ordinaire. Une touche de folie dans une droiture et un cadre si classique.

Le rire de Wendy s'estompa lorsqu'elle vit la statue, elle avait un regard émerveillé et plein de curiosité.

-Tu ne l'as jamais vu ?

J'étais assez surpris qu'on puisse habiter a Tours et ne pas connaitre le Monstre. Cette place est pourtant située assez près de la vieille ville qu'elle connait bien.

-Je suis arrivée ici il n'y a que deux mois et je ne suis jamais passée par là.

Je souris en la voyant si émerveillée par une statue si étrange. Elle se tourna et chercha quelque chose autour d'elle. Après quelques secondes elle se dirigea vers un homme d'une cinquantaine d'années, les cheveux grisonnant, bouclés en train de fumer. Elle lui confia son téléphone et il se dirigea vers la statue avec elle. Elle vint me tirer par le bras me plaçant devant la statue. J'étais surpris mais acceptais de lui garder ce souvenir. Elle attrapa mon bras et ma main et se mit a sourire devant l'appareil, tandis que je détournais les yeux avec un sourire gêné après avoir retiré ma capuche. L'homme rendit le portable à Wendy en souriant, puis reprit son chemin.

-J'adore cette ville Mel, elle est pleine de surprise et pleines d'ambiances différentes.

-Tu trouve ?

-Oui on y rencontre des crétins avec une âme d'artiste, me dit-elle avec un sourire taquin. Des statues de monstres, un magnifique fleuve capricieux, des spectacles hilarants et une ambiance de fête si lumineuse.

Je souris un instant. C'est toujours ce qu'elle trouve beau qui dirige ses pensées. Je laissais ma vie d'ici dicter mes paroles.

« On y trouve le même ciel bleu qu'ailleurs,

On y entend des voix, des rires, des moteurs.

On savoure la foule, les dimanches, les parcs, les odeurs.

Que ce soit 5 minutes ou sans compter les heures

On y fait un Tours, bien éveillé, ébloui par le bonheur

On s'y amuse ensemble, par des joies nocturnes partageant une liqueur

On s'y endort sans soucis dans un parc en pleine chaleur.

On y pleure au-dessus de la Loire, à minuit sous une faible lueur... »

-Non, me coupas-t-elle.

Je la regardais surpris.

-Non Mel... On n'y pleure pas. On y espère et on l'admire, mais on n'y pleure pas.

Elle me prit la main et m'entraina rapidement a travers les rues de la vieille ville. Les lueurs passaient aux rythme rapide de nos pas et plus on avançait, moins les derniers commerces restaient ouverts.

-Wendy, où est ce que tu m'emmène là ?

-Régler tes comptes !

-Quoi ? Mais attends, j'comprends pas !

Elle accéléra le rythme et je trébuchais plusieurs fois sur les pavés. Enfin on traversa une énième route pour se retrouver sur les bords de Loire. L'eau était noire, calme. Le muret froid sur lequel je posai ma main, je le connais bien. Pas de reflet, mais seulement après une dizaine de secondes, enfin une touche blanche. Un flocon. Puis des dizaines, des centaines, des milliers. Sa main qui rejoignit la mienne sous ce magnifique spectacle d'une avalanche de flocons sur une eau sombre.

-Mel, dit-elle tremblante de froid. Tu as toujours envie d'y pleurer ?

J'eus un sourire émerveillé par sa façon de me faire voir par ses yeux. Sa façon qu'elle a de me contredire. Les lumières au loin, l'île aux arbres morts en face de nous se couvrent de pétales neigeux, qui portés par le vent recouvrent la Loire qui devient une mosaïque dessinée au fusain. Mon regard se pose sur Wendy aux cheveux blanchis par les cristaux. Elle me regarde de ses grands yeux bleus, comme si elle attendait que j'approuve sa vision des choses.

-Non Wendy, j'ai plus envie.

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⏰ Dernière mise à jour : Feb 11, 2021 ⏰

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