Une seconde de trop

2 - ma petite nébuleuse

- Aller, debout bande de fainéants ! 

Cloë grogna et rabattit la couverture sur sa tête. Comment sa sœur pouvait-elle être si énergique dès le matin ?

- Aaron ! Je t'ai vu me faire un doigt d'honneur ! J'ai vraiment besoin de te rappeler l'âge d'Olie ? 

- Pardon, pardon...

Cloë bailla et finit par se lever. Les cheveux en bataille, elle regarda sa grande sœur, Jeanne. Celle ci, encore en pyjama, attendait patiemment que ses frères se lèvent. Elle lança un regard pétillant à sa sœur et sourit. 

- Contente de voir que tu es plus sympa qu'eux, fit elle en désignant les trois garçons encore endormis d'un mouvement du menton.

Cloë rit doucement avant de se diriger vers le lit de son frère jumeau.

- Aaron... et aussi Olie et Timothy, je vais compter jusqu'à trois... si à trois vous n'êtes pas debout et réveillés, Jeanne prend la voiture, on s'en va et on vous laisse tous seuls.

Mais seul un des trois petits rebelles réagit : Olie, le plus jeune - à peine six ans.

- C'est pas vrai hein ? Vous allez pas nous laisser ?!

- Bien sur que non. Viens te préparer, maintenant. 

Le petit acquiesça avant de se lever et partit avec son autre sœur dans le couloir. 

Cloë jeta un regard à son jumeau et à leur dernier frère encore endormi, Timothy. Elle sourit en se disant que ses parents devaient beaucoup aimer les enfants. Ils étaient cinq, roux comme leur père. Jeanne était venue en premier et avait aujourd'hui dix-sept ans. Cloë et Aaron, les jumeaux de l'enfer selon leur soeur, avaient quatorze ans. Juste après venait Timothy, douze ans, qui n'aimait rien d'autre dans la vie que sa famille et le chocolat ; et en dernier, Olie, six ans, que Cloë et Jeanne voyaient tantôt comme un démon, tantôt comme le plus mignon des anges. 

*** plus tard...

Une fois que chacun fut levé et habillé, la fratrie se rendit dans la cuisine pour manger, tout en écoutant l'aînée survoltée leur déballer le programme du jour.

- D'abord, disait-elle, on doit finir les cartons, ensuite on doit appeler papa vers midi, puis nettoyer la maison, rendre les clefs et on pourra partir. Des questions ?

Son regard balaya la salle.

- Timothy ?

- Je suis obligé de participer ?

- Oui.

À la fin de leur séance de rangement, les enfants trouvaient la maison familiale bien vide. Seuls certains meubles étaient encore là. Ils appellèrent leur père, qui se trouvait loin d'ici, aux États Unis. À cause de son travail, il ne pouvait pas rester avec ses enfants autant qu'il ne le voudrait. Il avait demandé à son patron un congé pour venir les aider à déménager, mais il n'avait finalement pas pu. Jeanne était donc devenue celle qui superviserait ses cadets pour faire les cartons et quitter le lieu où ils avaient grandi. 

**** encore plus tard...

- Jeanne ? Ça y est, on a fini.

- Ah ? Oh, c'est cool. Olie et Tim aussi. On va pouvoir y aller...

Les deux jeunes filles levèrent un regard mélancolique vers la fenêtre ouverte, pour perdre leurs pensées dans le ciel où des étoiles commençaient déjà à apparaître. 

- Cette maison va me manquer...

Jeanne acquiesça. Non seulement ils déménageaient, mais en plus ils quittaient leur pays natal, l'Angleterre, pour partir à la découverte de la France. Le trajet promettait d'être très long. 

***** une fois dans la voiture...

Jeanne s'installa derrière le volant et attacha sa ceinture. 

- Vous êtes prêts ?

- Oui, répondirent-ils en chœur. 

- Parfait... dans ce cas, allons-y.

Le moteur ronfla et gronda avant de se mettre en route. La voiture commença à rouler, défilant sous le ciel étoilé. 

Olie, assis à côté de Cloë, leva les yeux vers la voûte céleste et demanda tout bas :

- On s'en va pour toujours alors ? On reviendra plus jamais à la maison ?

Cloë passa un bras autour de ses épaules et le serra contre elle.

- Non, on ne reviendra pas. Mais ne t'inquiète pas, je suis sûre que la nouvelle maison te plaira. Il y a un grand jardin derrière, avec une balançoire.

- C'est vrai ?

- Oui, c'est vrai. Maintenant, fit-elle en regardant son frère, il est temps de dormir. Il est tard.

Le petit garçon hocha la tête et ferma les yeux. Calé contre sa grande sœur, il s'endormi rapidement, bercé par le grondement de la voiture.

Cloë le serra plus fort contre elle, attendrie.

- Dors bien, ma petite nébuleuse.