5) I have a Dream...

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Caleb

J'y ai cru. Encore aujourd'hui.
Je ne sais pour quelles raisons, une lueur a réchauffé mes entrailles en observant Hunter à son poste à l'ouverture alors que je m'étais organisé sans lui. Sa fierté a rayonné en constatant que je ne m'opposais pas à sa présence et cédais une nouvelle fois devant le licenciement mérité.
Mais il est parti.
Il n'a suffi que d'un texto pour qu'il lève les voiles au bout de deux heures et me fasse retrouver ma déception. De rage, j'ai officiellement placardé une proposition d'emploi sur la vitrine du local et je me retrouve maintenant à gérer les entretiens, en plus de mon boulot qui ne m'accorde pas une seconde de répit. La colère envers Hunter n'en est que plus vive.
Ce manque de temps m'empêche de discuter avec Lili afin qu'elle concentre sa rancoeur sur les bonnes personnes. Ce n'est pas de ma faute si les parents de Jake n'ont eu d'yeux que pour moi. Et je ne trouve pas de soutien en son fiancé, trop occupé à lui donner un coup de main alors que c'est le calme plat dans sa zone. Décidément, quand ces deux-là ont décidé de ne pas réfléchir, ils excellent en la matière.
Nerveusement, je fixe ma montre pour m'assurer de ne pas être en retard au rendez-vous. La circulation n'est pas très fluide à la sortie des bureaux et je ne peux pas manquer une opportunité. Le travail restera toujours ma priorité.

J'abandonne mon poste à Kyle qui se chargera de la fermeture et file en actualisant la page d'accueil de l'application de véhicules de transport avec chauffeur. Aucun n'est disponible à proximité et le temps presse. Je vais donc devoir me tourner vers le bus, ce qui m'oblige à trottiner et traverser sans attendre la bonne signalisation. Un véhicule manque de me percuter et je blêmis en découvrant qu'il affiche les couleurs des forces de l'ordre. Le lancement de la sirène m'envoie le signal d'un arrêt de mes mouvements et mes bras se lèvent aussitôt pour éviter tout dérapage fâcheux.

— On est pressé, McLean ? m'interroge la silhouette qui quitte le siège conducteur.

Malgré mes tremblements et les regards curieux des passants qui ont arrêté leur vie pour suivre ce moment, je redresse la tête et fais face à l'officier de patrouille, Graham, rencontré au café à plusieurs reprises. Il indique à son collège de ne pas sortir du véhicule et s'approche de moi avec tant de légèreté que l'angoisse s'éloigne peu à peu.

— Excusez-moi, officier. J'étais dans mes pensées et je n'ai pas regardé autour de moi.
— C'est ce que j'ai pu constater. Vous vous rendez quelque part ?
— À l'hôtel Hilton. Pour un rendez-vous de travail, complété-je afin de ne pas donner une mauvaise image de moi.
— C'est sur notre route. Je vous embarque ?
— Tant que vous m'épargnez les menottes.

Mon gloussement se veut nerveux alors que mon interlocuteur l'interprète comme une tentative de séduction maladroite. Mes bras se relâchent le long de mon corps et je laisse l'officier gradé m'ouvrir la porte afin que j'accède à la banquette sécurisée.

— Les haters vont être déçus avec leur portable. Ils n'ont sûrement jamais vu une arrestation aussi facile.

Je souris moyennement à la blague policière, pensant aux nombreuses dérives impactant les personnes de ma couleur de peau, et jette quelques regards curieux au rookie sur le siège passager, critiqué lors de notre dernière rencontre. Sa jeunesse se repère aux traits de son visage. Cela est peut-être notre seul point commun puisque le traitement dont je bénéficie est à l'opposé du silence qu'on lui impose.

— J'allais m'arrêter devant votre café avant de rentrer.
— Rappelez-moi de vous offrir la prochaine tournée pour me rattraper.
— Je ne l'oublierai pas, m'indique-t-il en ajoutant un clin d'oeil à son sourire.

We're Not Friends ! [Sous Contrat d'Edition]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant