Sang d'espoir

49 14 3
                                    

              Dédié à Miss Gwenaelle

Je lui avais dit qu'aimer c'était prendre des risques. Elle m'avait aussitôt répondu qu'elle était prête à tout endurer. Je l'avais suppliée de ne pas s'attacher à moi, mais elle m'avait assuré qu'elle ne désirait personne d'autre que moi. J'avais insisté car j'étais un homme torturé et que ma vie n'était pas si simple... Elle m'avait certifié qu'elle était résolue à tout supporter pour m'avoir. Si seulement elle avait su qui j'étais, elle aurait pu lâcher l'affaire dès le début. C'était horrible de ne pas avoir pu tout lui avouer... J'en avais eu tellement envie mais je ne pouvais rien lui dire. Je n'y étais pas autorisé. Peut-être qu'elle aurait compris, ou peut-être pas, mais je n'avais même pas essayé. Chacune de mes protestations n'était que de l'engrais qui enrichissait et faisait grandir toujours un peu plus ses sentiments envers moi.

La jeune Mélanie avait un fils. C'est ce qui avait été le plus dur à encaisser après avoir libéré son âme de ce fléau.  Ma maitresse m'avait prévenu que si une femme avait le malheur de s'approcher un peu trop près de moi, il fallait la repousser au plus vite ; et si cette dernière avait l'audace de me toucher, son âme lui appartiendrait sur le champ. Elle la mettrait alors à son service, la privant, tout comme moi de ses libertés, usant et abusant de son travail à sa guise. Le plus insupportable dans l'histoire, c'est que cette âme n'aurait le droit à aucun jugement divin puisqu'elle resterait ad vitam æternam la propriété du diable. Alors laisser une femme me côtoyer, c'était lui offrir un aller simple pour l'Enfer. J'étais la chose d'un ange déchu et on ne touche pas à ce qui appartient à un ange déchu.

A force de persuasion, la pauvre Mélanie avait réussi à gagner mon cœur et un jour, elle avait fini par débarquer chez moi, sans prévenir. En la voyant sur le perron, n'importe qui aurait pu entendre les battements affolés de mon cœur, s'il avait été à mes côtés. Je lâchais de gros soupir en inspirant de grandes bouffées d'air. Lentement, elle s'était avancée vers moi pour me saluer, tout en se mordant lascivement la lèvre inférieure. Elle était clairement habitée par un désir sexuelle débordant qu'elle me communiquait rien qu'en posant ses yeux sur moi. Je n'eus pas le temps de réagir qu'elle laissait déjà ses mains parcourir mon corps. Jusque-là, ma maitresse n'avait pas dénié intervenir. Je fus alors tenté de répondre aux avances de la pauvre femme. Excité, j'étais tellement bandé que j'en aurais déchiré mon caleçon. Mélanie s'en aperçut et profita de la situation pour me pousser à l'intérieur. Avec du recul, je ne sais pas comment elle trouva ma chambre dans cette si grande maison dans laquelle je vivais mais elle me emmena directement dans la bonne. C'était celle que je partageais avec ma diablesse. En pénétrant à l'intérieur avec Mélanie, je pris malheureusement conscience que je ne pourrai plus faire machine arrière. Je devais rapidement trouver un plan... Une idée me vient enfin. Ce n'était pas la meilleure, mais je n'avais pas d'autre solution. Résigné, je me déshabillais fébrilement et me jetais sur elle, dévoré par un appétit féroce. Je pris bien le temps pour l'enivrer de plaisir au point qu'elle crie sa jouissance et salisse les draps blancs de notre lit. Finalement elle était satisfaite et fière d'avoir réussi son combat. Elle pensait sincèrement avoir gagné mais elle se trompait lourdement. Le moment tant redouté vint. Je sentis la maison trembler sur ses fondations, signe de l'arrivée imminente de ma démone. Sans réfléchir davantage, j'exécutai sur le champ mon plan macabre. A coups de couteaux, j'assassinai froidement celle qui venait de partager mon lit... Connaissant les sombres desseins de ma diablesse, je ne pouvais me résoudre à la laisser faire. Il en était hors de question. Mélanie ne pouvait être à elle... Parce que j'étais tombé follement amoureux d'elle et le risque en valait la peine. J'avais fait le choix de la libérer moi-même en espérant que son âme soit elle aussi délivrée du fléau de ma démone.

NUANCES DE CRIMESOù les histoires vivent. Découvrez maintenant