Elle s'avança doucement vers le fond de sa chambre, et se regarda dans le miroir.
Brisée. C'est le premier mot qui lui vînt à l'esprit.
Ses cheveux en bataille étaient attachés en chignon bas, elle avait les yeux rouges, gonflés par les pleurs, et la lèvre fendue à force d'être mordillée à longueur de journée.
Il n'y avait aucun effort dans sa tenue, un jogging, un vieux tee-shirt de son père beaucoup trop large pour elle. Même si la journée était déjà bien entamée, et que venait l'heure de manger, elle ne s'habilla pas mieux.
Elle ne se trouvait pas forcément belle, de toutes les façons, elle s'en fichait.
A quoi bon ressembler à quelque chose, si on n'a personne à qui plaire.
Pas un sourire, pas un geste, rien.
Elle se retourna, et partit se recoucher. Elle ne voulait pas bouger, voir personne, juste rester allonger dans son lit à regarder le plafond.
Blanc, sans couleur, neutre.
Demain c'était le grand jour, elle le savait. Elle allait enfin partir de chez elle, loin de tout ce qu'elle connaissait pour tout recommencer à zéro. Rien que cette idée-là fit naître sur son visage un léger sourire, qu'elle n'affichait que rarement.
Sa valise était juste à côté de son lit, et même si elle avait envie de partir, elle ne trouvait pas le courage de la terminer.
Quelqu'un toqua à sa porte, et sans attendre sa réponse, rentra dans sa chambre.
- Emy, est-ce que ça va ?
C'était sa mère qui venait sûrement prendre de ses nouvelles. Elle n'était pas sortie de sa chambre depuis la veille au soir, et sa mère s'inquiétait souvent pour un rien.
Apparemment, elle ne s'est jamais inquiétée au bon moment.
Emy ne tourna pas la tête vers la nouvelle arrivante et se contenta d'un simple « mmh », tout en continuant de fixer le plafond. Elle aurait préféré rester seule avec elle-même et ses pensées plutôt que de devoir parler avec sa mère et lui expliquer pourquoi sa valise n'était toujours pas terminée.
- Tout va bien maman, je dois juste terminer mes affaires.
Pitié que ça lui suffise...
Sa mère lui répondit un petit « dépêches-toi » et sortit de sa chambre sans poser plus de questions, au plus grand soulagement de la jeune fille.
Même si l'envie n'était pas présente, elle se força à trouver quelques objets significatifs pour elle dans cette pièce à emporter. Il n'y avait vraiment pas grand-chose, à part peut-être son collier en perles qu'elle portait déjà autour du cou, son carnet à croquis et quelques livres qu'elle avait adorés. A part cela, elle n'appréciait rien d'autre. Enfin si, son lit et son chat, mais elle ne pouvait malheureusement pas les faire rentrer dans sa valise.
Elle attrapa les quelques objets auxquels elle avait pensé et les fourra dans sa valise, sur les vêtements qu'elle avait choisis. Quelques joggings, des tee-shirts et sweats bien trop grand pour sa taille, et peut-être deux jeans, si elle y avait pensé. C'étaient ses tenues habituelles, et elle ne comptait pas les changer.
Elle ferma avec facilité sa valise, qui étonnamment n'était pas pleine à craquer. Mais après tout, c'était le but de tout recommencer non ? Repartir complètement à zéro et voir ce que ça pourrait donner.
Emy déposa sa valise à l'entrée de sa chambre, et daigna descendre manger avec sa famille. C'était le dernier jour, elle pouvait faire cet effort. Peut-même qu'elle parlerait si l'envie la prenait, ou bien si elle était bien décidée à faire de son mieux avant de partir, mais elle ne promettait rien. Leur accorder sa présence, même sans un sourire, était déjà si exceptionnel.
Son père, sa mère, son grand frère et sa petite sœur n'y étaient pour rien, ils n'avaient juste pas été là au bon moment. Ils n'avaient pas su comprendre ce qui s'était passé, ils n'avaient pas été assez présents. Tans pis, de toutes manières elle s'en allait.
La jeune fille n'avait plus qu'une hâte : partir et leur dire au revoir.
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Brisée
Teen FictionCela fait six mois que la jeune Emy entend une voix dans sa tête, une voix qui la démoralise, qui l'attriste, et qui ne semble pas vouloir s'en aller. C'est arrivé comme ça, et elle n'arrive pas à comprendre pourquoi. Mais elle va partir loin de ch...