I - La menace
Il y avait, habitant le palais grandiose d'un royaume lointain
Un jeune aristocrate bien fait, plein d'esprit et au charme certain
Mais surtout, c'était un adolescent d'une beauté incomparable
Et mille femmes blanches jalousaient sa fraîcheur inégalable.
Ses boucles blondes le font plus splendide que le plus beau des palefrois
Ses parfums enivrants le rendent douceur, le plus mignon favori du roi
Ses grands yeux bleu turquoise le font plus adorable qu'une fleur de femme
Ses jabots de dentelle sont d'une pureté immaculée, aussi pure que son âme.
Il y avait, veillant au creux du tronc d'ébène d'un cyprès mort
Un horloger avide, perfide, dont les aiguilles n'ont jamais tort
Mais surtout, c'était un homme d'âge mûr aux traits très fatigués
Et mille lutins charbons se moquaient de son grand front ridé.
L'horloger était si jaloux du bel aristocrate, ce coquet et joli Narcisse
À la jeunesse vertueuse, qu'il ne souhaitait rien de plus qu'il périsse
Ses pouvoirs d'enchanteur pas assez grands pour lui ravir son âme
Il menace de maudire son corps et de le faire d'une laideur infâme.
Il y avait, se cachant du courroux divin dans les profondeurs de la terre
Une Araignée tisserande dont la passion les plus humbles prêtres atterre
Son occupation était en effet d'attirer les infortunés en filant un voile
D'or, dont elle se servait pour dérober leurs âmes et en tisser sa toile.
Elle cousait leur existence en écoutant les cris des corps cadenassés
Et avec ses ciseaux d'escarboucle coupait le fil quand elle en avait assez
L'Araignée ayant entendu parler de l'horloger, du mignon et de leur conflit
Elle songea assez tôt que de l'un ou de l'autre elle saurait bien tirer profit.
II - Le marché
L'Araignée, songeant tout d'abord à manipuler l'avidité extrême de l'horloger
Trimballa ses huit pattes jusque chez lui, où ses aiguilles lui défendirent d'entrer
Trottinant pour tenter de les éviter, elle y échoue et se résigne enfin à toquer
Titubant pour tenter de se faire remarquer, elle attend qu'il vienne se présenter
Et il se présenta, ce magicien maléfique et ronchon, toujours acerbe et suspicieux.
« Qui ose me déranger ? » gronda-t-il, le songe d'un intrus lui étant fort odieux.
« Voici l'Araignée qui vous propose un marché », répondit-elle d'un ton mielleux.
« Marché ? Tiens donc, que me vends-tu ? » reprit l'horloger d'un air malicieux.
« Sachez, mon cher, s'écria l'arachnide, que je connais tous de vos sentiments
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Cher Temps
PoetryTic, tac. Tic, tac... Nous connaissons tous ce son entêtant, entraînant, agaçant, angoissant. Cette durée limitée, ce rythme effréné, ce sablier retourné. Mais savons-nous seulement d'où il vient ? Poètes, philosophes et autres physiciens s'acharnen...