Sa douce noirceur engloutit l'or des lumières
Son croissant est ravagé de larmes incendiaires
L'astre revêche s'étend et devant le soleil prospère
Siennes sont les nues, nues de la Lune Solitaire
L'Aiguille darde, pique ; tranche, transperce et lacère
Jamais elle ne s'arrête ; dans l'air, dans la mer et sur la terre
Nul n'y échappe ; elle prend, viole, déchiquette et empale
Fauche, fauche ; tourne, nul ne la contourne, tourne et râle
« Je suis aujourd'hui quand j'étais hier, je suis aujourd'hui quand je serai demain
Je suis midi quand je serai ce soir, je suis midi quand j'étais ce matin »
Son pouvoir s'étend au-delà de Jour et de Nuit, sans jamais connaître la peur
Surpasse la peur car partout on la voit, elle nargue et darde à toutes les heures
L'astre revêche domine les mortels et sur les tombes prospère
Sienne est l'Aiguille, Aiguille de la Lune Solitaire
L'Aiguille rend coup sur coup dans le cou ; joue, coud et découd
Ne s'arrête pas pour un sou, ni pour les saouls ni pour les fous
N'a ni maternité ni magnanimité ni miséricorde ni merci
Nie la lumière et sème la misère, manie toute toile et jamais ne t'oublie
« Je n'étais pas mortelle, je serai toujours immatérielle, et je suis éternelle
Je suis ta séquelle, j'étais déjà solennelle, et je serai toujours cruelle »
Elle t'enserre, te perd ; te roule, te coule ; te bat, t'abat et t'avale
Elle te souffle, t'essouffle ; tu souffres dans le gouffre infâme du Mal
Elle te noie, c'est la loi ; elle te fauche et te débauche ; te désarme dans le vacarme
Blêmis, vieillis, pourris dans ton agonie, corps sans âme aux putrides larmes
Noires les siennes coulent, les larmes gélifiées
Pourpres sont ceux qu'elles touchent, les âmes putréfiées
L'Aiguille tourne, le cycle s'écoule ; demi-lune, pleine lune et croissant
La Lune Solitaire est immortelle, elle est la maîtresse du Temps.
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Cher Temps
PoesieTic, tac. Tic, tac... Nous connaissons tous ce son entêtant, entraînant, agaçant, angoissant. Cette durée limitée, ce rythme effréné, ce sablier retourné. Mais savons-nous seulement d'où il vient ? Poètes, philosophes et autres physiciens s'acharnen...