Chapitre 3 : La chute

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Je ne sais pas vraiment ce que je suis. Je ne saurais pas vous l'expliquer en quelques phrases. Je ne comprend pas la moitié de ce qui m'arrive. Peut-être si je vous racontais comment j'ai découvert ma malédiction ?

C'était l'été de mes 10 ans. J'allais avoir 11 ans, entrer au collège, j'avais une famille, des amies, et Cody. J'étais on ne peut plus insouciante.

~~~

"Cody ! Cody ! Dépêche toi !"

Je courais dans la clairière qui menait au sous-bois. Je riais. J'entrais sous les frondaisons comme une flèche, ne laissant à mon acolyte que mon ombre multicolore pour se diriger.

"Princesse, attend ! J'arrive plus à te suivre !"

À 17 ans, Cody était grand, fort et beau. Malheureusement, il ne courait pas aussi vite que moi. Je fis une halte, me retournant pour estimer la distance qui nous séparait de notre arbre. Une centaine de mètre. Le jeune homme apparu enfin entre les arbres. Il me lança un sourire et me pris la main, pour être sur de ne plus me perdre. Je m'entraînais alors jusqu'à l'arbre pour l'escalader.

Nous venions ici tout les après-midi depuis notre rendre enfance, l'arbre que nous avions l'habitude de grimper comportait donc de nombreuses prises. Je lâchais sa main avant de sauter de branche en branche jusqu'au sommet, à plusieurs mètres de haut. Ce chêne était vraiment imposant. J'attendis Cody, me calant sur une grosse branche, les jambes pendues dans le vide. Le vent chaud de juillet vint souffler dans ma tignasse bouclée, me tirant un sourire.

"Pourquoi tu étais si pressée de venir aujourd'hui ?"

Je le regardais surprise. Il avait oublié ?

"C'est le premier jour des vacances ! On va passer l'été ensemble ! Ça va être super ! Et - .. Qu'est ce qu'il y a ?"

Pendant que je déblatérais mes plans, Cody avait posé sa tête dans ses mains. Il avait l'air triste.

"Cody ? Tu vas pas bien ?"

J'avais quitté ma branche pour la sienne, posant mes mains sur les siennes, en essayant de les pousser pour voir ses yeux. Quand je réussis enfin, il me serra contre lui pour me parler d'une voix tendue.

"Pardon, Alexis. Je ne reste pas cet été."

Comment ça il ne restait pas ? Il m'avait promis. Il avait toujours tenu ses promesses. Il n'allait pas m'abandonner. Pas lui. Jamais. Les larmes menacèrent de couler, mais je les refoulais.

"Tu reviens quand ?
- Je pars dans deux jours et je reviendrais pour chercher mes affaires."

Quelles affaires ? Pourquoi aurait il besoin d'affaires ?

"De quoi ?"

Il déglutît et embrassa ma joue.

"Je ne reviens pas. Je pars d'ici pour mes études avec ma.. Ma petite amie."

Mon cœur se brisa. Cette fois je pleurais pour de bon. J'avais besoin d'espace. Ses bras doux et rassurants m'étouffaient. Je le repoussais violemment, le visage ruisselant de larmes. Avant que je m'en rende compte, mes pieds avaient quittés la branche et je chutais. La dernière chose dont je me souvienne fut Cody penché au dessus de moi qui hurlais mon nom, avant que ma tête heurte violemment le sol couvert de feuilles.

~~~

Je me réveillais dans un lit d'hôpital cinq jours après ma chute. Ma mère m'explique que Cody avait appelé les secours et était resté à mon chevet deux jours. Ensuite sa petite amie l'avait appelé et il l'avait rejoint. Je n'avais eu qu'un léger trauma et une perte de sang qui m'avait affaiblie. C'était un "miracle" de cette hauteur.

Il était partit. Sans même voir si je m'étais rétablie. La douleur se répandit. Je demandais à être seule. Une fois la petite pièce blanche silencieuse, je me levais douloureusement et extrêmement lentement pour marcher vers la fenêtre. Comment pouvait il partir ? Comment ? La tristesse qui m'avait envahit disparu pour laisser place a une douleur insoutenable.

Je m'appuyais à la vitre en gémissant, quand un oiseau vint se poser sur le rebord de la fenêtre de l'autre côté de la vitre. Un moineau. Mon attention était à présent concentré sur le petit être. La fureur était toujours là. Sans comprendre ce qui m'arrivait, mon énergie s'échappa lentement par mes mains. Lorsqu'elle fut hors de moi, cette "énergie" pris la forme d'une sorte de poussière d'un violet très sombre qui alla droit vers l'oiseau. Quand cette poussière l'enveloppa, le petit être ailé s'effondra et devint noir comme du charbon. D'un coup, toute la colère me quitta. J'étais soulagée. Je me sentais légère. Mais en même temps, j'étais remplie d'effroi. Comment avais je pu faire ça ? Comment était ce possible ? J'avais tué cet animal inoffensif. Qu'étais je devenue ?

Ma mère me retrouva recroquevillée dans un coin de la pièce, en pleurs.

~~~

Cet été là, j'appris par moi même qu'il fallait que je tue quotidiennement, sous peine d'être écrasée d'un poids immense. C'était comme si ma poitrine était comprimée par un poids.. J'allais donc dans la forêt et je posais mon "énergie" sur un arbre. J'essayais de m'enfoncer au plus dans la forêt, pour que les habitants de ma ville ne se doutent de rien. Mais à présent, si on s'enfonçait assez profondément, on trouvait une forêt d'arbres morts, noirs. J'avais essayé de tuer des choses plus petites, comme de l'herbe. Mais il me fallait quasiment tout une pelouse chaque fois. En cinq ans, j'avais décimé le cœur de la forêt, un oiseau, deux papillons et une pelouse. Et quelques moustiques qui s'aventuraient dans ma chambre l'été. La sixième année, j'emménageais à l'internat, où se trouvait une forêt plus grande encore que celle de ma ville natale.

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Je ne sais toujours pas ce que je suis. Tout ce que je sais, c'est que c'est la septième année que je vis cette malédiction et que chaque jour me rend plus monstrueuse.

TinkerbellOù les histoires vivent. Découvrez maintenant