35/ Montagne

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     — Tu as entendu quelque chose Ashitaka ?

     Kaya vint se poster aux côtés du jeune homme qui surveillait l'entrée de la grotte depuis toute une demi-journée déjà. Elle venait de finir le bandage d'un jeune garçon qui se blottissait à présent dans les bras de sa mère. Aucune autre attaque n'était survenue depuis qu'ils étaient arrivés, mais Ashitaka restait sur ses gardes.

     — Non rien.

    — C'est une bonne chose.

    — Non, c'est beaucoup trop calme.

     Il était si tendu. La jeune fille posa une main sur son bras qui était crispé sur son sabre, prêt à s'en servir à tout moment. Ashitaka conserva son regard concentré sur le chemin qui menait à leur abri et Kaya murmura :

     — Je suis sûre qu'ils s'en sortent très bien en bas. Nous avons déjà repoussé l'empereur de nombreuses fois.

     Ashitaka explosa alors :

     — Imagine que ce ne soit pas le cas. Hii-Sama prévoyait depuis longtemps cette attaque, et elle la redoutait particulièrement. De plus, elle avait prévu qu'un malheur s'abattrait sur nous, sur moi...

     Kaya n'ajouta rien. Elle y avait pensé elle aussi, il n'était pas le seul à être effrayé. Elle soupira et jeta un regard aux femmes et aux enfants blottis entre eux au fond de la cavité.

     — Vas-y Ashitaka.

     Il lui jeta un regard interrogateur.

     — Retourne au village, va les aider. On n'a pas besoin de toi ici.

     Il prit une grande inspiration et croisa le regard de sa mère qui lui sourit tristement. Il avait son autorisation. Il la contempla une dernière fois, au cas où il ne reviendrait pas et s'élança sur le chemin tortueux à flan de montagne. Il courrait en ne s'arrêtant sous aucun prétexte, son sabre à ca ceinture et son arc attaché en bandoulière dans son dos, ainsi que son carquois et ses flèches.

     Au pied de la montagne, il tomba nez à nez avec cinq soldats qui étaient certainement en train de rechercher les refugiés sans relâche. Ashitaka ne pouvait pas les laisser faire. Il dégaina son sabre et fendit l'air avec, tranchant la gorge du premier homme, prit de court. Il s'effondra, et les autres bondirent en même temps sur le jeune homme.

     Il esquiva les coups grâce à son adresse, et encaissa les profondes entailles qu'arrivaient à lui administrer les soldats avec leurs épées. Il s'écarta pour reprendre son souffle et appuyer un instant sur son épaule ensanglantée. Il jeta un regard aux deux cadavres qui jonchaient déjà le sol, tués de sa main.

     Aucune pitié ne prenait possession de lui. Seulement la haine l'animait, et tuer ne l'importait plus en cet instant. Il repartit à la charge, bondissant, déjouant les attaques de ses trois adversaires. Il était essoufflé, mais il ne pouvait pas les laisser en vie, de peur qu'ils aillent s'en prendre aux réfugiés bien cachés dans la montagne. Son arc et ses flèches positionnés dans son dos le gênait considérablement.

     Cependant, au lieu de s'en débarrasser, il préféra les utiliser. Après avoir administré un violent coup à la mâchoire à son premier adversaire, et un coup au ventre au deuxième, il s'écarta et grimpa sur un énorme rocher à sa droite. En quelques secondes, il fut en haut, et tandis que les deux autres le cherchaient, il banda son arc et transperça l'œil de l'un d'eux. L'autre l'avait aperçu depuis longtemps et contournait l'immense rocher. Ashitaka en descendit, devenant une cible trop facile. Lorsque ses pieds touchèrent violemment le sol, il balaya du regard le terrain plat de terre battue qui ressemblait à un champ de bataille. Le soldat ne se trouvait nulle part.

     Soudain, il sentit une violente pression dans son dos, et en fut déstabilisé. Il s'écroula, face contre terre, tout en sentant le poids du guerrier le maintenir au sol.

     — Où sont les villageois ?

     Ashitaka grogna et tenta de se libérer de l'emprise du soldat bien plus grand et lourd que lui. Il sentit son pied se loger entre ses omoplates et ainsi broyer ses côtes écrasées contre le sol ferme.

     — Réponds-moi, et je t'épargnerai.

     Ashitaka savait qu'il mentait. Il devait à tout prix reprendre le dessus et achever ce garde au service de l'empereur.

     — Tu l'auras voulu.

     L'agresseur leva son arme pour l'abattre sur la nuque du jeune homme qui s'écarta à temps, à la grande surprise du soldat, qui finit ensuite avec un sabre dans le ventre.

     Ashitaka tomba à genoux et reprit sa respiration. Il était éreinté, et ce n'était que le début.  

Origines (Princesse Mononoké)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant