Seul le silence régnait sur Ravenhill. Le corps de Thorin était étendu aux côtés de ceux de ses neveux. Les survivants pleuraient, la tête baissée.
Isil s'avança lentement. Elle avait du mal à voir parmi la rivière qui s'écoulait de ses yeux. Sans un mot, les Nains s'écartèrent sur son passage. Elle s'assit lentement sur la droite de Balin. Ses prunelles étaient fixées sur le corps sans vie de leur chef. Une puissante vague de culpabilité s'empara de la Semi-Elfe, tandis qu'elle se rappelait son dernier échange avec le chef de la compagnie. Ils s'étaient disputés. Il l'avait chassé de leur groupe, la poussant à revenir à Lacville, auprès de ses amis restés sur place. À ce moment, elle ne pensait guère que ce serait la dernière fois qu'ils se parleraient.
Isil prit tendrement la main du Nain dans la sienne. La portant jusqu'à son front, elle la serra le plus fort possible. Alors, l'assassin hurla sa douleur d'avoir perdu un ami. Les Nains en firent de même. Leurs hurlements déchirés résonnèrent sur les champs de bataille. La peine de la compagnie fut entendue, même dans la plaine.
Au milieu de ces cadavres, certains levèrent la tête, compatissant envers ceux qui avaient perdu. Dain, posa un genou en terre, tandis qu'il laissait filer quelques larmes de cristal. Legolas, baissa la tête, et murmura une douce prière elfique. Bard, sourit tristement, pris de nostalgie. Hamal, caché avec les enfants du batelier, sanglota quelques instants, réconforté par les bras de Sigrid. Les Elfes mirent leurs poings sur leurs cœurs, d'un seul et unique mouvement. Les Nains, tels des poupées cassées, semblèrent s'affecer sur eux-mêmes, se tassant dans la terre boueuse. Les Hommes, s'assirent, et baissèrent la tête.
Les Roayumes du Nord étaient en deuil. Ils pleuraient leurs morts. La forêt pleura ses enfants. La montagne les siens. Et le lac sanglota de voir ses pupilles accablées par le chagrin.
Le soleil se coucha doucement sur la Montagne Solitaire. Dwalin, s'accroupit auprès de son frère et de la Semi-Elfe. Il ne dit rien, mais un regard suffit à faire comprendre sa pensée. Balin, s'écarta de la dépouille de son ami. Il attrapa tendrement Isil par les épaules, et la fit se reculer. Dwalin prit lentement le corps de son chef, et se leva.
La compagnie le suivit. Balin et Isil trainaient, derrière le reste du groupe, ne réalisant pas très bien la dure réalité des choses.
Certes, la Semi-Elfe ne connaissait le Nain brun que depuis peu, mais son amitié pour cet homme était elle, aussi dure et solide qu'une alliance forgée il y a des siècles. Les épaules de la jeune femme se baissèrent, son regard tomba, ses pensées devinrent noires. Le chagrin et la peine furent rapidement remplacés par la colère et la rage noire de ceux qui perdent un être cher à leur cœur.
Isil se détourna de Balin. Elle partit brusquement vers les ruines de Ravenhill, sous les yeux inquisiteurs de la compagnie. Selon Bofur et Bifur, la dépouille d'Azog avait été repoussée loin de celle de Thorin et ses neveux. La Semi-Elfe la trouva rapidement. Possédée par sa colère, elle dégaina l'une de ses épées. La lame se planta dans le corps de l'Orc. Une fois. Une seconde. Une troisième. Puis encore d'autres. Les secondes et les coups s'enchaînèrent tandis que l'assassin se perdait dans son chagrin et sa rage.
Une main attrapa brusquement les siennes, lui arrachant l'arme des mains. Aveuglée par sa colère, Isil tenta d'attaquer la personne qui osait interrompre sa vengeance. Elle attrapa sa seconde épée, et l'enfonça rageusement dans l'épaule de son agresseur. Celui-ci poussa un petit gémissement, se mordant la langue pour ne pas hurler de douleur. Ce détail, sembla faire revenir la Semi-Elfe.
Elle lâcha sa lame, retirant celle de l'épaule de sa proie. Sa bouche s'ouvrir lentement dans un « oh » silencieux.
- Je... je...
La panique gagna l'assassin lorsqu'elle découvrit les torrents de sang qui s'échappaient de la blessure. L'arme avait entaillé la chair, craquelant l'os, perforant l'omoplate.
- Oh non, non, non !
- Du calme, je vais bien.
- Legolas, je...
- Tout va bien, je te dis.
Isil déchira à la hâte sa manche. Elle arracha le vêtement jusqu'à la base de son cou. Avec précipitation, elle prit le bandage de fortune, et s'approcha du prince Elfe. Ses mains, tremblantes, ne parvinrent guère à enrouler le bout de tissu autour de la blessure sanguinolente de l'Elfe. Ce dernier, d'une main, attrapa celles de l'assassin, et plongea ses prunelles fiévreuses dans le feuillage affolé de la Semi-Elfe.
- Isil. Calme toi. Tout va bien. Prends ton temps et fais ce que tu as à faire, calmement et sans affolement.
- Mais, ton bras. Tu sais aussi bien que moi que j'ai touché un point sensible. Si on ne se dépêche pas, tu risques de le perdre.
- Ne confonds pas la vitesse à la précipitation. Je ne perdrais pas mon bras. J'ai confiance en toi.
Isil, écoutait attentivement le prince. Quand il eut fini, elle souffla un bon coup. Tendrement, elle prit le bras de l'Elfe. Ses gestes étaient devenus sûrs et assurés. Elle parvint rapidement à stopper l'hémorragie et à panser le blond. Celui-ci avait fermé les yeux, la tête appuyée contre son autre épaule. Il ouvrit des yeux fatigués, et jaugea le corps d'Azog, réduit en charpie par la brune.
Dans un geste affectif qu'il n'aurait jamais pensé avoir, le prince attira la Semi-Elfe contre son torse. Cette dernière, apprécia le soutien silencieux que lui prodiguait son rival. Legolas déposa une main doucereuse sur la tête tremblante d'Isil. Ses doigts se mirent à caresser lentement la tête de l'assassin.
- Vas-y. Dit-il. Raconte-moi tout.
Alors Isil déballa tout son malheur. Elle lui raconta comment elle avait trouvé la compagnie, en deuil, autour de la dépouille de leur chef. Comment sa rancœur envers Azog s'était manifestée.
Legolas l'écouta sans broncher, sachant pertinemment qu'il faudrait du temps à la brune pour accepter la perte d'un ami. Il ne l'interrompit pas non plus lorsqu'elle se mit également à sangloter contre sa fine musculature.
Après plusieurs minutes de calme, le prince put apercevoir les paupières closes de la Semi-Elfe. La fatigue l'avait gagnée, dès l'instant où ses larmes s'étaient manifestées. Il attrapa un pan de la cape de la brune, et l'enveloppa soigneusement autour de leurs corps. Tendrement, Legolas prit la tête de l'assassin, et cala la sienne dessus. Il veillerait sur son sommeil, empêchant les cauchemars qu'il connaissait par cœur, de prendre le dessus sur elle. Il chasserait la peine qu'il lui resterait en rejetant toute personne souhaitant lui parler. Il la protégerait de son chagrin. La douleur dans l'épaule blessée du prince, le tiendrait éveillé.
Oui, je sais, j'étais sensée publier ce chapitre hier mais comme c'était mon anniversaire, j'y ai pas trop pensé. Mais le voilà !
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L'Enfant de la Lune
FanfictionElle est l'assassin la plus recherchée de la Terre du Milieu. Son nom fait trembler les mains des soldats les plus courageux. Le chant de ses sabres hérisse le poil des plus grands rois. Priez pour qu'elle ne vienne pas pour vous. Priez pour ne jama...