LE COMMENCEMENT

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"Le commencement est la moitié d'un tout."
Pythagore.

J'ai eu du mal à trouver le sommeil hier soir. J'ai cette boule au ventre qui ne cesse de grossir à mesure que les heures passent.

J'avais mis des années à me faire deux ou trois copines dans mon ancienne école, et voilà que je vais arriver dans un nouveau lycée au beau milieu de l'année.

En me réveillant ce matin, j'avais une furieuse envie de prétexter une maladie imaginaire. Mais avec une mère médecin, impossible de feinter.

- Eh bien ! T'en fais une tête ! Me dit ma mère lorsque je descends à la cuisine.

Je ne réponds rien et je m'assois face à mon assiette.

- C'est dans ses habitudes ! Se moque ma soeur. Le jour où B sourira, le monde s'arrêtera de tourner !
- La ferme ! Lui dis-je en la regardant d'un oeil mauvais.

Elle me tire la langue de manière puérile et je remarque sa tenue. Elle a un jean troué, un t-shirt noir avec une tête de mort et une multitude de bracelets et autres bijoux gothiques.

- Tu comptes vraiment aller au lycée comme ça ? M'étonnais-je.
- L'avantage à ce qu'il n'y ai pas de stupide uniforme dans ce lycée, c'est qu'on peut s'habiller comme on veut !
- On dirait que t'es déguisée pour Halloween. Riais-je.
- Et toi on dirait que t'as déjà 40 ans !

Je me suis habillée simplement ce matin: un jean droit, un chemisier et un pull.
- C'est une tenue appropriée pour le lycée ! Me défendis-je.
- Ouais. Ou pour aller à l'église.

Je la fusille du regard. Je la supporte de moins en moins.

Je prends ma voiture pour me rendre au lycée, mais ma charmante petite soeur préfère y aller à pied plutôt que de se faire voir en ma compagnie. Jamais je ne le dirais à voix haute, mais ça me fait mal qu'elle me rejette à ce point.

On était proche quand on était petites, mais nos relations se sont détériorées lorsqu'elle est rentrée au collège. Elle s'est mise à avoir honte de moi et à m'en vouloir d'être "coincée".

J'ai les larmes aux yeux en me garant sur le parking du lycée. Nina a peut-être raison, je suis trop coincée. C'est pour ça que je n'arrive pas à me faire des amis.

Je suis scrupuleusement les indications sur mon emploi du temps et je trouve rapidement ma salle de classe. Il y a déjà beaucoup d'élèves qui font la queue et je découvre les visages de mes nouveaux camarades. Eux ne semblent même pas remarquer ma présence, je suis totalement insignifiante...

Au moment où je rentre dans la classe, je me fais bousculer par une jolie blonde. Pas un regard, pas une excuse. Elle rit et va s'asseoir. Je me mords la langue pour ne pas pleurer. Je suis totalement transparente...

Je prends place à une table et je prie pour que le prof ne me demande pas de me présenter devant la classe.

- Bonjour. Dit-il dans le brouhaha. S'il vous plaît, un peu de calme... Nous accueillons une nouvelle élève, euh... Mademoiselle Betty-Lynn Porter.

Tous les regards se posent sur moi. Je ne suis plus invisible. Du moins pendant un quart de seconde, car ils se désintéressent immédiatement de moi pour reprendre leurs conversations. Le prof d'histoire, Monsieur Faraize, peine à se faire écouter et respecter et je le sens soulagé à la fin du cours.

La matinée se déroule lentement et je me rends à la cafétéria pour déjeuner. En arrivant sur le seuil de la porte, mon coeur se serre en voyant Nina rire avec une autre élève de sa classe. Elle s'est déjà fait une amie et je la jalouse du plus profond de mon être. Je fais demi-tour et je vais me réfugier dans les toilettes. J'y reste tout le long de la pause déjeuner en pleurant toutes les larmes de mon corps.

[Amour Sucré] À toute vitesse Où les histoires vivent. Découvrez maintenant